vendredi 25 mai 2018

Les Sœurs de Saint Augustin magnifient huit grandes qualités du Feu Cardinal Gantin


Dans le cadre de la tenue du Colloque commémoratif des 50 ans de leur Congrégation


La Congrégation des Sœurs de Saint Augustin du Bénin a commémoré les cinquante ans de sa fondation par le Feu Cardinal Bernardin Gantin. L’événement a amené à l’organisation d’un colloque qui s’est tenu à Cotonou les vendredi 11 et samedi 12 mai 2018 avec, à la clé, la détermination par les personnalités ayant assuré les communications de huit valeurs essentielles reconnues à l’illustre prélat.

Aperçu de l'auditoire du Colloque (Photo : Congrégation des Soeurs de Saint Augustin)
Caractère profondément humain, fidélité à l’alliance avec Dieu, ancrage dans les défis de son temps, obéissant dans l’enfance, courroie de transmission entre le Vatican et son pays, pragmatique dans l’exercice de la charité, bon gestionnaire du présent et bon serviteur de l’église. Les huit qualités capitales qu’il a été donné d’identifier au niveau du Feu Cardinal Bernardin Gantin, à l’occasion de la tenue, les vendredi 11 et samedi 12 mai 2018, du Colloque sur le thème : « L’aujourd’hui de Dieu : de Saint Augustin à Bernardin Gantin », à la Maison-Mère des Sœurs de Saint Augustin, à Cotonou, non loin de l’église Saint Michel, dans le cadre du cinquantième anniversaire de la mise en place de la Congrégation concernée.
Huit communications ont permis de faire ressortir les huit traits vertueux du caractère du créateur de cet ordre religieux appartenant à la catholicité au Bénin. « Bernardin Gantin : mémoire d’une vie ». Tel est le thème de la première communication, celle qui a été animée par Monseigneur Paul Vieira, Evêque de Djougou et fils spirituel de même légataire testamentaire du prélat de haut rang. Selon le communicateur, le Feu Cardinal Bernardin Gantin, qu’il a étudié sous ses angles humain et ecclésial, et par l’expérience personnelle qu’il faite de l’homme, est perceptible comme une personnalité d’une humanité remarquable : « L’humanité du Cardinal est légendaire pour ceux qui le connaissent », a-t-il évoqué, avant de renforcer son idée en faisant remarquer qu’il se rendait très proche des personnes avec qui il était en relation par un fait essentiel : s’intéresser à leurs préoccupations intrinsèques. Ensuite, sous le couvert de cette humanité, des qualités sous-jacentes du Cardinal fusent, sous le prisme de l’analyse de Monseigneur Vieira : la bonté, la simplicité, la modestie, entre autres. Explorant son profil ecclésial, le communicateur a montré qu’il s’est mis « au service de Dieu et des hommes », expliquant que le troisième homme du Vatican, Doyen du Collège des cardinaux, qu’il était, accumulait en lui d’autres points forts du serviteur d’excellence : l’humilité, la fidélité, la disponibilité, l’obéissance, notamment. Puis, l’orateur a partagé que Bernardin Gantin s’accrochait à ces différentes qualités en dépit des situations difficiles qui ont émaillé sa vie et son parcours, allant jusqu’à se battre pour des dissidents de l’église catholique, dont il a été amené à gérer le cas, reviennent à la discipline ecclésiale. « L’arbre de fer est resté apparemment imperturbable même si, à l’intérieur, il était rempli de tristesse », a conclu Monseigneur Vieira, abordant la gestion par le Cardinal de l’excommunication de Monseigneur Marcel Lefèbvre. « L’homme n’est grand qu’à genoux devant Dieu », une pensée chère que le Cardinal a exploitée dans ses relations complexes avec les autorités béninoises du régime révolutionnaire. Une révélation ayant clos la première communication.

Aperçu de l'un des présidiums du Colloque (Photo : Congrégation des Soeurs de Saint Augustin)
Quant à la deuxième, présentée par le Père Théophile Akoha, elle a exprimé la fidélité du Cardinal à l’alliance avec Dieu, elle qui avait pour thème : « L’aujourd’hui de Dieu dans l’Alliance ». Elle a permis à l’orateur de définir les différentes alliances régulant les relations de Dieu avec l’homme, et leurs caractéristiques spécifiques ; elles sont, respectivement, créaturale, pascale, pneumatologique et eschatologique. Ensuite, l’orateur a évoqué le fondement des actions de l’illustre prélat sur une idée chère à Saint Augustin : « Pour être ami de Dieu, il faut être ami de l’homme ». Ainsi, pour le conférencier, le Cardinal Gantin n’a eu de cesse, au cours de son ministère, que de marcher sur les traces d’Abraham, Moïse, de Saint Paul et des apôtres du Christ, en général, pour manifester envers l’être humain un amour multidimensionnel s’appuyant sur le désintéressement, ce qui a fait de lui une « figure emblématique » au Bénin, un « exemple de fidélité à l’Alliance », « un père au cœur de mère, servant dans l’humilité d’une vie », d’où la conclusion de l’orateur sur la haute personnalité du Vatican, la considérant comme « un jeteur de pont entre les hommes, entre les continents, entre les églises », sans oublier de rappeler d’elle quelques qualités additives : son caractère serviable, effacé, reconnaissant, silencieux.
Se rapportant à la valeur d’ancrage par le Cardinal dans les défis de son temps, elle a été évoquée par la troisième communication du Colloque assurée par la Sœur Perpétue Eulalie Tigry, sur le thème : « La grâce du moment présent ».
Ici, la personnalité de Bernardin Gantin a été étroitement associée à celle de Saint Augustin. Ainsi, à en croire les analyses de l’intervenante, le premier a puisé dans le second les fondements de fonctionnement qui l’ont fait : le service, la grâce dont l’amour est le commencement, la gestion du moment présent dans la volonté de Dieu, ce troisième point l’ayant conduite à conclure : « Désirer le présent est une merveilleuse manière de vivre la volonté de Dieu ». En outre, pour elle, l’espérance constitue l’élément de continuité entre Saint Augustin et Bernardin Gantin, celui-ci qui « demande la grâce d’un cœur nouveau pour notre génération », surtout que l’unique exigence de Dieu est l’amour et non le succès.


Consistance de cinq autres communications

La matinée du samedi 12 mai a donné lieu à la succession de cinq autres communications, aussi riches et puissantes les unes que les autres.
La première a été brillamment donnée par Ephrem Quenum, journaliste radiophonique à la retraite, sur le thème : « L’expérience du quotidien en famille ». Elle a consisté à retracer le parcours familial de Bernardin Gantin, né le 8 mai 1922, d’Henri Gantin et d’Anne Tonnoudji qui, le 20 juillet 1936, se retrouvera veuve, ce qui ne l’empêchera de mener son foyer de six enfants d’une main énergique, intègre et fidèle à son défunt mari, elle qui décèdera, à 92 ans, le 15 avril 1992, un mercredi saint, après avoir suivi toutes les étapes de l’élevation progressive de Bernardin Gantin vers les hautes sphères de la hiérarchie cléricale, épiscopale et cardinale. Pour le communicateur, cette brave et digne femme a profondément marqué l’Eminence qui a résumé le secret de son épanouissement familial en ces termes : « Depuis mon enfance, j’ai appris à obéir et j’ai obéi ».
Succédant à l’homme de média, le Père Brice Hounsinou est intervenu sur « L’aujourd’hui de l’Eglise au Bénin, après le Concile Vatican II ». Ces importantes assises se sont tenues du 11 octobre 1962 au 8 décembre 1965, elles dont l’impact direct sur le Bénin fut la mise en place des conditions favorables à la création par Bernardin Gantin de la Congrégation des Sœurs de Saint Augustin, trois ans après leur clôture.
Par ailleurs, avec Monseigneur Barthélémy Adoukonou, qui a communiqué sur le thème, « L’accueil de la grâce du Concile Vatican II, par Monseigneur Gantin », il a été question de montrer la concrétisation du rêve de la personnalité qui est devenue Cardinal : la fondation de la Congrégation des Sœurs de Saint Augustin du Bénin, le 22 août 1968, la matérialité de sa volonté de voir triompher sa vision de la manifestation de l’amour, du sens du service, une réussite, d’abord, à l’échelle du Bénin, ce qui conduira l’orateur à caractériser Bernardin Gantin de « théologien de l’inculturation ».
Avec la Sœur Fleur Nathalie Yassinguézo, Directrice de Cabinet de la Congrégation, « Vivre le moment présent », est le thème de la communication présentée, en trois principaux compartiments : le pouvoir du moment présent, vivre le moment présent à l’école du Cardinal et l’expérience du moment présent par les Sœurs de Saint Augustin du Bénin. En substance, l’intervenante a rappelé un propos clé de Saint Augustin, « Le moment présent est le seul temps qui existe vraiment », ce qui lui a donné l’occasion d’une véritable sensibilisation sur la nécessité de se focaliser sur cette phase du temps, pour des résultats meilleurs : « Le temps présent est le seul moment où nous pouvons exercer nos capacités », a-t-elle conclu, avant de rebondir : « Dans notre vie, il est plein de souffrances gratuites que nous entretenons, que nous chérissons », et de conseiller : « Il faut changer de fonctionnement mental ». Aboutissant à la deuxième partie de son propos, Sœur Yassinguézo a identifié le Cardinal comme ayant exercé la « spiritualité du moment présent » avec, comme conséquences, sur sa personne, la culture du détachement, le développement de l’humilité et la pratique du pardon. Enfin, quant aux Sœurs de Saint Augustin, les pionnières d’entre elles ont fait l’objet d’un hommage, et leurs membres vivent une existence présente où elles se contentent du strict nécessaire.
Enfin, la dernière communication du Colloque a été animée par l’Archevêque Emérite de Cotonou, Monseigneur Antoine Ganyé, sur le thème : « A ton saint service ». La maestria que tous reconnaissent à cette personnalité lui a permis de définir les conditions de la réalisation du service de la parole, telles que les ont exercées le Cardinal Gantin : entre autres, l’humilité de se laisser imprégner par la parole de Dieu, la manifestation de l’amour, la prière, la charité, celle qui unit l’engagement des Sœurs de Saint Augustin.



Ouverture et clôture


De gauche à droite, Mère Emma Gbaguidi, Mgr Paul Vieira, Mgr Antoine Ganyé (Photo : Congrégation des Soeurs de Saint Augustin)
Outre la commémoration, par le Colloque indiqué, qui s’est effectué les 11 et 12 mai 2018, du cinquantième anniversaire de la création de la Congrégation des Sœurs de Saint Augustin du Bénin, il avait aussi pour but de se souvenir de la dixième année du décès du fondateur de cette Congrégation, le Cardinal Bernardin Gantin. A l’ouverture des travaux, le public, constitué des sœurs appartenant à l’ordre et d’invités, laïcs, a vu défiler plusieurs personnalités, pour des allocutions. D’abord, Monseigneur Antoine Ganyé a émis une prière d’ouverture, rappelant le rôle du Cardinal dans la mise en place de la Congrégation au Bénin, demandant ses bénédictions pour la réussite des activités du Colloque, pour le jet de lumière sur les idées et les pensées des communicateurs, puis demandant aussi la bénédiction de Jésus-Christ sur les travaux.
En deuxième lieu est intervenu Monseigneur Théophile Akoha, Vicaire général de l’Archidiocèse de Cotonou, représentant de l’Archevêque, Monseigneur Roger Houngbédji. Cette personnalité a évoqué le Cardinal, et a béni les assises au nom de son mandataire. Troisièmement, le Père Augustin Placide Houessinon, Curé de la Paroisse Saint Michel de Cotonou, a souhaité la bienvenue aux participants, a félicité les Sœurs de Saint Augustin pour l’initiative et pour le succès des différents événements qu’elle a suscités. Enfin, il a souhaité une bonne exploitation de l’héritage laissé par Bernardin Gantin, avant de souhaiter un fructueux Colloque aux participants.

Mère Emma Gbaguidi (Photo : Congrégation des Soeurs de Saint Augustin)
Il est revenu à la Mère Emma Gbaguidi, Supérieure de la Congrégation, d’ouvrir officiellement les travaux, après avoir montré à l’assistance la nécessité que soit visité l’héritage spirituel du Cardinal, de même que les « sources augustiniennes de la spiritualité, en se référant au courrier laissé par Bernardin Gantin le 10 octobre 1968. Cette même personnalité a procédé à la clôture du Colloque, le samedi 12 mai, après les débats liés aux communications du même jour.

Marcel Kpogodo

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