dimanche 29 avril 2018

Dix productrices du gari de qualité supérieure reçoivent une attestation de fin de formation


Dans le cadre de la clôture d’une période de trente jours de transmission de connaissances

Le vendredi 20 avril 2018 a été marqué d’une pierre blanche à la Ferme ’’Yanzo’’ du village Aïfa, dans la Commune de Zê du Département de l’Atlantique. En effet, une dizaine de femmes de la localité sont arrivées au terme d’une formation d’un mois dans la production de la qualité supérieure de la semoule de manioc, encore appelée ’’gari’’, ce qui leur a permis de se voir décerner une Attestation de fin de formation, au cours d’une cérémonie des plus simples. L’Association ’’Assouka France-Bénin’’ et la Ferme ’’Yanzo’’ étaient aux commandes de tout le processus.

Les dix lauréates du Groupement ''Hontongnon''
Dix femmes, le visage fermé, vivent, l’instant d’une cérémonie, l’émotion profonde d’étudiants en fin de cycle et exhibent, pour la pose photo, un parchemin qu’elles ont obtenu de haute lutte. L’atmosphère ayant régné dans le milieu de l’après-midi du vendredi 20 avril 2018, sur le site de production d’Aïfa, un village de la Commune de Zê, dans le Département de l’Atlantique, au cours d’une manifestation insolite, pour le milieu concerné : la remise de leur Attestation de fin de formation dans la production du gari de qualité supérieure, dénommé ’’Sohoui’’, en langue fon, à ces femmes du Groupement ’’Hontongnon’’, après une période de renforcement et d’amélioration de leurs capacités, ayant débuté le 22 mars, pour s’achever le 21 avril, à l’initiative de l’Association ’’Assouka France-Bénin’’ et de la Ferme ’’Yanzo’’.
Ayant eu l’honneur de la prise de parole ayant ouvert les interventions des personnalités présentes à la cérémonie, connu comme le Directeur de l’Ensemble artistique national (Dean) mais, dans le cas d’espèce, portant la double responsabilité d’accompagner le Projet et de représenter l’Association ’’Assouka France-Bénin’’, le partenaire financier essentiel, Marcel Zounon a, d’abord, fait l’historique de l’initiative de fabrication du gari de qualité supérieure, ’’sohoui’’. Ensuite, il a présenté ses remerciements aux membres de l’Association ’’Assouka France-Bénin’’, en générale et, en particulier, à sa Présidente, Annie Eynard, pour leur soutien financier à la réalisation du Projet. Par ailleurs, Marceel Zounon a témoigné sa reconnaissance au superviseur principal et au facilitateur du Projet dans la localité, pour les efforts de divers ordres qu’ils ont accomplis aux fins de la réussite de l’implantation du Projet à Aïfa.
De même, il a manifesté sa gratitude, d’une part, à la formatrice des dix femmes et, d’autre part, à celles-ci, pour avoir accepté de s’engager dans l’initiative et pour y avoir été assidues. Pour lui, elles doivent se faire les porte-parole des techniques acquises auprès de leurs communautés respectives, de façon à y rendre plus que jamais hygiéniques les conditions de fabrication du gari ; « cela permettra aux populations de se voir épargner les maux de ventre et les petites maladies que cause la consommation du gari produit dans des conditions hygiéniques douteuses, après une exposition à tous les aléas possibles de la nature », a-t-il renforcé. Il les a, en outre, exhorté, à mener avec sérieux cette activité qui devrait les conduire à la prospérité. Closant son propos, Marcel Zounon a expliqué à l’assistance que seules les quatre meilleures des récipiendaires, reconnues comme telles par la formatrice, ont été retenues à l’effet de l’animation du site : Léonie Avohou, Yvette Anato, Elisabeth Anato et Delphine Kounou. Les autres pourront s’associer à cette équipe permanente des quatre, pour la sensibilisation de la Commune de Zê à la production du gari de qualité supérieure.


D’autres intervenants

Théophile Dogbo, Président de l’Union départementale des producteurs de maïs de Zê, Chevalier de l’Ordre du mérite agricole en 1992, est le superviseur principal de la mise en place du Projet à Aïfa ; il a à son actif la sélection des stagiaires, proportionnellement aux différents villages de la Commune. Concis, il a félicité les dix femmes, élues du vendredi 20 avril, puis a remercié Marcel Zounon pour l’implantation de la ferme ’’Yanzo’’, avant de souhaiter que plus de moyens puissent être trouvés pour former plus de femmes, afin qu’un plus grand impact en soit ressenti dans la fabrication du gari ’’sohoui’’, celui de la qualité supérieure.

De gauche à droite, Albert Kakpo, Marcel Zounon, Théophile Doglo et Eugénie Gbaguidi
De son côté, Albert Kakpo, peintre de formation, qui a accepté de se consacrer au fonctionnement de la Ferme, n’a pas manqué de s’exclamer : « Le gari ’’sohoui’’, voilà l’enfant dont le Projet a accouché ! ». Ensuite, il a présenté Marcel Zounon comme la référence, comme une personnalité aimant profondément son pays, au vu de toute son implication dans le Projet, en dépit de son agenda chargé. Après avoir déversé des bénédictions sur la formatrice, il a aussi félicité les stagiaires et les a appelées à cultiver un grand espoir que le Projet leur procure beaucoup de revenus, dans un futur proche.
Enfin, Eugénie Gbaguidi, la formatrice tant félicitée, originaire de Savalou, la ville du gari, recrutée de cette Commune, par les soins de Marcel Zounon, s’est montrée à la fois émue et sobre ; elle a démontré sa satisfaction et sa joie par des chants qu’elle a ardemment lancés et qui ont été repris en chœur par ses élèves qui battaient des mains. Dans une liesse aussi partagée, il a été mis fin à la cérémonie de remise des attestations de fin de formation.


Le gari ’’sohoui’’, un processus laborieux et purificateur

L’arrivée à la ferme ’’Yanzo’’, en fin de matinée, laisse voir des femmes particulièrement actives. Pour elles, le travail sur le gari relève de l’ordinaire. Mais, désormais, elles doivent s’adapter à une méthode de fabrication, plus rassurante pour la santé des populations. L’acquisition de cette semoule de manioc suit des étapes que les femmes stagiaires exercent aisément : récolte du manioc frais dans les champs environnants, pelage, passage au moulin, récupération de la pâte dans des saces de céréales, pressage à la machine appropriée pour l’extraction de l’eau, tamisage et mise en cuisson à sec dans de larges calebasses en terre cuite puis, second tamisage et mise en sachets de divers grammages. 
La cuisson du gari au feu 
Et, avant d’être mis sur le marché, le gari ’’sohoui’’ est soumis au contrôle de qualité du Laboratoire central de contrôle de la sécurité sanitaire des aliments (Lcssa), situé à Cotonou.

Le ''Hontongnon gari'', désormais consommable et exportable
Contrairement à ces phases, auparavant, la farine brute obtenue était partiellement cuite au feu puis récupérée, étalée et mise à sécher sur des bâches ou sur des nattes, à l’air libre, à la merci de la poussière, du vent, des intempéries, du passage des insectes et des rongeurs de tous genres qui, notamment, y laissent leurs excréments ; un tel gari, dénommé ’’ han gali’’, au goût souvent amer, est récupéré et vendu aux populations, ce qui occasionne chez les consommateurs, entre autres, des maux de ventre, la diarrhée et des vomissements.
Au-delà donc d’une innovation, l’Association ’’Assouka France-Bénin’’ et la ferme ’’Yanzo’’ contribuent à assainir un processus, une action qu’elles devraient être encouragées à poursuivre à Zê et à étendre à plus de Communes au Bénin, vu que le gari est populairement demandé.


Des grains de sable dans le processus

Un  projet, une initiative qui s’achève, des femmes qui capitalisent un savoir-faire à appliquer quotidiennement et à vulgariser, une machine huilée qui continue à tourner, la ferme ’’Yanzo’’, un dispositif désormais allégé de fonctionnement. Une dernière considération traduisant l’existence de nombreux problèmes qu’il a fallu y gérer. Le premier, celui de l’eau. Crucial handicap qui amenait les femmes à aller s’en approvisionner à plus d’un kilomètre du site, avant de se voir soulagées par la construction d’une citerne. Ouf provisoire, puisque celle-ci n’est pleinement opérationnelle qu’en saison pluvieuse. 

La citerne de la ferme
Donc est très vivement attendue l’entrée de structures caritatives dans le système de production du gari de qualité supérieure ’’sohoui’’ dont le nom labellisé est ’’Hontongnon Gari’’ ; cette implication amènerait à la concrétisation d’un rêve cher à Marcel Zounon : la construction d’un forage sur la ferme ’’Yanzo’’ avec, comme conséquence, l’eau potable qui y serait disponible en permanence.
L’argent, l’autre goulot d’étranglement. Le caractère insuffisant du nerf de la guerre cache mal le passage de dix à quatre productrices, pour faire tourner ’’Yanzo’’, depuis que la fin de la formation a été scellée. 1125 Francs Cfa, le montant journalier dont il faut doter chacune de celles-ci, elles qu’il faut soutenir, qu’il faut prendre en charge, accompagnées que sont quelques-unes d’entre elles de leurs enfants en bas âge, dont certains sont encore à la tétée. Un facteur financier, imprévu, qui renchérit le cout de production du ’’sohoui’’, et qui appelle que de nouvelles forces s’intéressent avec, à la clé, un enjeu : aider les femmes rurales de Zê, en général, à sortir de la précarité, et celles du Bénin, en général, car le ’’Hontongnon Gari’’, face à sa pureté, à son aspect croustillant, est appelé à produire une grande rentabilité économique. Avis, donc, aux institutions, aux femmes et aux hommes en combat pour l’éclosion économique des zones rurales, pour le développement décentralisé.


Théophile Dogbo, bonne cheville ouvrière : « Tout faire pour apprendre à faire le gari ’’sohoui’’ ! »

Théophile Dogbo

Vive exhortation d’un esprit averti qui aura tout compris sur le processus traditionnel de fabrication du gari : une méthode très délétère, dangereuse pour la santé ! Fort de cette connaissance, Théophile Dogbo a investi toute son énergie dans la concrétisation de la ferme ’’Yanzo’’. Imprégné dans sa région d’origine, il a savamment mis en place l’équipe des stagiaires, proportionnellement au nombre des villages appartenant à la Commune de Zê. La formation étant terminée, l’homme continue sa lutte, sensibilisant les productrices de gari de sa localité à ne plus retomber dans les gestes aussi bien faciles que destructeurs de la santé. Selon lui, il est très prometteur pour elles de faire le ’’sohoui’’ qui, à Savalou, coûte 500 Francs, la mesure, pendant qu’il est à 700 au marché Dantokpa, ce qui leur garantit une bonne marge bénéficiaire. Reste alors qu’il leur insuffle toute la patience nécessaire, le temps que leur fonctionnement dans le nouveau processus leur devienne rentable.

Marcel Kpogodo

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