jeudi 4 janvier 2018

« Quand on maîtrise son travail, il ne s’agit point d’être petit parmi les grands ni pauvre parmi les riches ni, encore, faible parmi les forts », dixit Aliou Ouro Tchitchiri

Dans une interview accordée à notre Rédaction


’’Tounkountchi’’, Festival de cinéma du Niger, dans sa deuxième édition. Un événement qui s’est tenu, à Niamey, au Niger, du 6 au 9 décembre 2017. Une circonstance annuelle, un creuset de partage, d’échanges entre acteurs, réalisateurs, critiques de cinéma et, notamment, responsables à divers niveaux de festivals de cinéma, un contexte sérieux d’évaluations de productions cinématographiques, un espace chaleureux du brassage ouest-africain de ces divers ordres d’animateurs, une opportunité, tout simplement, dans un cadre d’une grande simplicité : le Centre culturel ’’Oumarou Ganda’’ (Ccog).
Entre deux projections d’évaluation de films, mettant en effervescence les jurés, se dégage, en route vers une pause déjeuner,  une personnalité, d’une élégance remarquable, fondée sur le vêtement d’un costume sombre contrastant avec une chemise blanche décontractée : Aliou Ouro Tchitchiri, de nationalité togolaise. Journaliste, critique de cinéma, réalisateur et Directeur de ’’Vitrine d’Afrique’’, une Agence de communication et de production audiovisuelle, il a accepté de nous accorder quelques minutes d’entretien, de quoi nous laisser cerner les tenants et les aboutissants de sa présence sur ’’Toukountchi’’, Festival de cinéma du Niger …   

Aliou Ouro Tchitchiri
Journal ’’Le Mutateur’’ : Bonjour Aliou Ouro Tchitchiri. Vous participez à la deuxième édition de ’’Toukountchi’’, Festival de cinéma du Niger, en tant que critique de cinéma et juré.  C’est quoi, un critique de cinéma ?


Aliou Ouro Tchitchiri : Merci pour la question et pour avoir pensé à ma petite et modeste personne. Un critique de cinéma est d’abord un journaliste qui peut évoluer dans la sphère de la presse écrite, télévisuelle ou radiophonique. Il travaille ses dossiers, s’informe, nuit et jour, pour découvrir de nouveaux talents ou pour livrer et affiner son expertise.
Doté d’une excellente culture générale, le critique de cinéma dévore les livres autant qu’il visionne, sans relâche, les trésors du cinéma. Passionné d’actualité, il a un carnet d’adresses et des entrées pour voir les œuvres, avant tout le monde. Sa plume est souvent aiguisée, et sa voix reconnaissable, telle une véritable signature. Sa force rhétorique, sa critique vigoureuse et sa capacité à argumenter, à persuader et à convaincre font partie de sa palette et de son talent. 
En bref, il faut être passionné d’images, de même qu’il faut faire la communication autour de l’image, c’est-à-dire distinguer le bon du mauvais, le vrai du faux, déceler la qualité des sons, sans oublier le sujet, le scénario, la musique, l’interprétation et l’aspect technique, c’est-à-dire le montage, notamment.


A première vue, vous êtes le plus jeune des membres du Jury ’’Film fiction et série télé court, moyen et long métrage’’ et, vous avez eu le privilège de travailler avec l’ancien Ministre de la Culture du Niger, Harouna Niandou et avec François Adianaga Akouabou, Chef du Département ’’Festival’’ du Festival panafricain du cinéma et de télévision de Ouagadougou (Fespaco). Ne vous êtes-vous pas senti influencé ? 


Influencé ? Pas du tout mais, plutôt, émerveillé de travailler, de collaborer avec ces messieurs qui pèsent lourd dans la balance, surtout quand il est question du domaine cinématographique.
Vous savez, on dit souvent : « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». Quand on maîtrise son travail, il ne s’agit point d’être petit parmi les grands ni pauvre parmi les riches ni, encore, faible parmi les forts. L’essentiel, c’est de maîtriser l’art de son métier.
Dans mon Jury, Harouna Niandou et François Adianaga m’ont traité de « dur »,  de « gros morceau », parce qu’il m’arrivait de donner des notes inférieures aux leurs, pas dans l’intention de désavantager le réalisateur mais, plutôt, de le ramener à analyser sa manière de travailler. Je leur ai répondu tout simplement ceci : « Vous êtes d’accord avec moi qu’être critique de cinéma suppose l’absence de sentiment ». Ils ont éclaté de rire et l’un d’eux m’a dit : « C’était juste pour vous taquiner, juste pour vous dire, Monsieur le journaliste, que nous avons été à la hauteur de la tâche qui nous a été confiée ». Ils se sont montrés fiers de moi.


Quel regard portez-vous sur ’’Toukountchi’’, le Festival de cinéma du Niger, en particulier, et sur le cinéma africain, en général ?

’’Toukountchi, Festival du Niger, a de l’avenir si et seulement si les acteurs du monde cinématographique se regroupent et parlent le même langage. Je me réjouis du fait qu’il y a déjà une Association nigérienne de ciné-clubs et de critiques du cinéma(Anccc) ; je crois que c’est un bon départ.
En abordant un autre volet, je crois qu’il faut communiquer autour du Festival. Et, si ce rendez-vous annuel doit grandir, il faut que le Gouvernement du Niger mette la main à la poche pour soutenir cette rencontre sous-régionale. Les sociétés publiques et privées doivent aussi soutenir cette manifestation.
Quant au cinéma africain, les résultats sont encourageants. Des acteurs commencent à davantage maîtriser leur rôle. Des producteurs, malgré leurs moyens de bord, offrent au public le meilleur. En un mot, il y a de la matière première en Afrique. Mais, seulement, pour bien réussir ce métier, il faut de multiples soutiens, surtout financiers, puisqu’avant tout, réaliser un film nécessite beaucoup d’argent.


Parlant plus étroitement de vous, vous êtes à la tête d’une Agence de communication, dénommée ’’Vitrine d’Afrique’’. Pouvez-vous nous parlez de cette structure ?

’’Vitrine d’Afrique’’ est une Agence de communication et de production audiovisuelle, basée à Lomé au Togo. D’abord, au-delà du fait que nous produisons des films de court, moyen et long métrages, nous formons des jeunes, diplômés ou non, à la prise de vue photo ou caméra, et nous donnons des modules de formation sur les secrets pour devenir un bon acteur ou une bonne actrice de cinéma. 

''Vitrine d'Afrique'', dans son identité
De même, nous proposons une formation sur les techniques de montage. En outre, nous aidons les entreprises à être plus visibles et plus compétitives sur le marché national ou international, en leur concevant et en leur réalisant des spots publicitaires, des reportages, entre autres.


Quelle est la particularité de l’Agence ’’Vitrine d’Afrique’’ ?

Dans son volet social, l’Agence ’’Vitrine d’Afrique’’ forme gratuitement les jeunes diminués ou les vulnérables, les enfants déscolarisés, les orphelins, notamment.


Quelles sont vos difficultés ?

Elles sont énormes : manque de financement pour réaliser nos films, absence de moyens pour subvenir aux besoins de ces enfants vulnérables que l’Agence ’’Vitrine d’Afrique’’ prend en charge.
Nous souhaitons avoir davantage des équipements de travail, entres autres, des ordinateurs, des caméras, des appareils photos, des projecteurs, des tables de montage, etc. Nous envisageons aussi disposer de nos propres locaux, ce qui nous permettra de mieux travailler.


Avez-vous un mot pour clore cet entretien ?

Nous lançons un appel vibrant aux bonnes volontés à nous aider à soutenir ces enfants vulnérables et ces orphelins que prend en charge ’’Vitrine d’Afrique’’.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo




Qui est Aliou Ouro Tchitchiri ?

Diplômé de l’Université de Lomé, Aliou Ouro Tchitchiri fut l’un des meilleurs apprenants à l’Institut des Sciences de l’information, de la communication et des arts (Isica), option ’’Journalisme professionnel’’.
A la fin de ses études universitaires,il obtient un stage de perfectionnement de six mois à la chaîne nationale, la Télévision togolaise de service public, la Tvt. Ayant compris très tôt que « l’effort est le secret des forts », Aliou Ouro Tchitchiri a renforcé ses capacités dans la manipulation de la caméra et en montage audiovisuel, ce qui lui confère le titre de Journaliste reporter d’image (Jri). « Homme à multiples casquettes », comme le surnomme ses collègues, il est passionné par la culture et, surtout, par le cinéma. C’est à ce titre qu’il a réalisé un documentaire de court métrage, intitulé : « La renaissance du cinéma togolais ». Avec ses moyens de bord, il a à son actif, présentement, plus de cinq documentaires dont le dernier est titré : « le Cfij-Togo au service du trésor caché : l’anacarde » ; il a été réalisé en avril 2017.
A travers son amour aigu pour le cinéma, il adhère à la Fédération africaine des critiques de cinéma (Facc). 
Depuis 2015, il exerce professionnellement, en tant que Journaliste reporter, à la ’’’’, une chaîne d’information en continu, basée à Lomé.

M. K.

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