mardi 11 avril 2017

Les 3 solutions de Jérôme Carlos à Patrice Talon, en colère : "Si la graine ne meurt pas…"

Face au rejet du Projet de modification constitutionnelle par le Parlement

La semaine écoulée est intervenu le vote de rejet au Parlement du Projet de modification constitutionnelle, introduit par le Gouvernement du Président Patrice Talon. Et, le samedi 8 avril, le Chef de l'Etat est intervenu sur les chaînes béninoises de télévision pour s'adresser à ses compatriotes, une opportunité que le premier des Béninois a choisi pour montrer toute sa déception de l'action des députés, sans oublier une interview de désolation que Patrice Talon a accordée à Radio France internationale (Rfi), le lundi 10 avril 2017. Ce sont autant de situations ayant fondé le chroniqueur Jérôme Carlos à produire une réflexion visant à proposer trois situations de porte de sortie au Président de la République.

Jérôme Carlos


Chronique de Jérôme Carlos : "Si la graine ne meurt pas ..."


Déçu. Le Chef de l'Etat, Patrice Talon l'est. Il n'aura pas réussi à faire passer l'un de ses projets phare : la révision de la Constitution. Découragé ? Il n'en a pas le droit. Le chantier Bénin ne se réduit pas à la révision d'une Constitution. Il y a tant à faire sur ce chantier que si le présent est brumeux, on n'a pas de raison de ne pas engager l'avenir. A la nuit la plus ténébreuse succède toujours une aube radieuse.
Que va faire le Chef de l'Etat ? Il pourrait aller dans trois directions où le devoir l'appelle. Ce serait la manière la plus constructive de donner la réplique à l'adversité. Ce serait la manière la plus positive de tirer le meilleur de l'épreuve. "Nul, a-t-on dit, ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert". Ce à quoi répondent les Ecritures saintes : "Si la graine ne meurt pas, elle reste seule, si elle meurt, elle porte beaucoup de fruits"Jean 12. 24   
Le Chef de l'Etat doit davantage se rendre présent au pays, se rendre présent à son peuple. En l'an I de la gouvernance Patrice Talon, les Béninois ont eu davantage affaire avec un Président distant, à la limite secret. C'est vrai, le Président n'est pas un copain. C'est vrai, la loi en fait une institution. Mais tout de même. C'est aux mains d'un humain que le peuple souverain a confié les rênes du pays. Les relations du peuple à son chef, malgré tout et en dépit de tout, ne peuvent être de l'ordre de celles du berger à son troupeau. Le chef doit se rendre plus visible et plus lisible. Le chef doit bouger tant à l'intérieur de son pays qu'à l'extérieur. Il lui faut découvrir le peuple du Bénin profond. Il doit sentir battre le cœur collectif des Béninois. Qu'ils soient dans les villes ou dans les campagnes, en entreprise ou au champ, dans les quartiers résidentiels ou dans les ghettos. Le chef doit souvent rencontrer la presse de son pays, donnant ainsi une prime à la proximité. On n'est jamais si bien servi que par soi-même.
La deuxième direction que devrait prendre le Chef de l'Etat :   revoir sa communication. Qu'on ne nous dise pas que c'est lui qui a édicté les règles de ce qui a pris le nom barbare de "Normo-communication". Disons-le sans détour : c'est un échec. On a isolé dans une bulle le chef et ses premiers collaborateurs que sont ses ministres. Aussi ne sait-on plus comment va le pays. Aussi ignore-t-on les initiatives qui se prennent au nom et pour le bonheur du peuple. Les décisions tombent du ciel comme des ordres impératifs. Les réseaux sociaux sont devenus le tableau d'affichage du gouvernement. On ne prend plus la peine d'expliquer les choses, de les soumettre à débats, de susciter autour le consensus le plus large pour une participation effective du plus grand nombre. On ne sait même plus rédiger un communiqué de presse pour informer de l'absence du chef de l'Etat du territoire national. Au cas où on l'ignorerait, c'est sur le terrain de la communication que tout se gagne ou que tout se perd. C'est clair comme de l'eau de roche. Nous ne réinventerons pas la roue.
La troisième et dernière direction à prendre, c'est celle du social. Car il est impérieux de soulager le fardeau quotidien de la majorité des Béninois. Ceux-ci ploient sous le poids d'une misère galopante qu'ils ne savent plus dissimuler. Attention : des concitoyens plus qu'honorables sont désormais obligés et contraints de mendier à visage découvert. C'est une alerte. Elle n'est pas à minorer. Elle n'est pas à ignorer. Et ce n'est là que le côté jardin de la nécessité. Que dire de la misère côté cour ? Ce qu'on ne voit pas n'est pas forcément invisible. Ce qu'on n'entend pas parle et signifie souvent plus que ce qui se fait parfaitement audible. Quand sur les ondes de nos radios, des Béninois, en chœur, disent "Nous avons faim" "Nous voulons manger trois fois par jour", évitons d'y voir une plaisanterie, une farce.
Voilà notre part de vérité. Nous sommes et demeurons résolument optimiste. Peut-il en être autrement? Le Bénin n'est pas un désert d'espérance.  La pensée positive nous l'a enseigné : "l'espoir est la matière première du succès".


Jérôme Carlos

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