jeudi 29 décembre 2016

9 plaies et 9 atouts du football béninois

Selon une analyse de Victor Nongni, un expert averti


Partout au monde, le football est un facteur de développement des nations, en général, et d'épanouissement pour la jeunesse, en particulier. Mais, au Bénin, c'est plutôt une source de malentendus, de crises, ce qui constitue une énigme à mille inconnues. Toutefois, cette discipline sportive, qui étale régulièrement ses plaies, au grand jour, a des atouts qui laissent entrevoir une lueur d'espoir, ce que nous livre Victor Nongni, Journaliste sportif et bon connaisseur de la question du football béninois.

Oswald Homéky, Ministre béninois des Sports


Les 9 plaies du football béninois


1- L'Etat central
Nous désignons par État central, les différents régimes, leur chef et leurs gouvernements, qui se sont succédé, depuis l'avènement du Renouveau démocratique, au Bénin, en 1990. En réalité, pendant la Révolution marxiste-léniniste, une orientation claire avait été donnée au sport-roi par le régime en place. Et, c'est exactement ce qui fait défaut, depuis 1990. L'option de l'économie de marché à plusieurs variantes, à la Conférence nationale des forces vives de la nation, en février 1990, a fait que les principaux acteurs ont oublié le sport, en général, et le football, en particulier. Et, puisque la nature a horreur du vide, les désœuvrés, avides du gain facile se sont accaparés cette filière. Le résultat, on le connaît. En somme, aucun régime, depuis 1990, n'a pu et n’a su donner une orientation au sport et au sport-roi. Il manque ce qu'on appelle ailleurs la ’’Politique du sport au Bénin’’. Par conséquent, le Président de la Fébéfoot n'a d'obligation envers personne, puisqu'il n'est lié par aucune contrainte de résultat et de gestion, issue de l'orientation du sport ou de la politique sportive de la nation.


2-Les acteurs
Dans aucun secteur d'activité, au Bénin, il n'y a de graves problèmes qu'en sport. C'est tout un véritable panier à crabes de divers acabits. Et, dire qu'il y a aussi des journalistes dans ce groupe, est hallucinant.  


3-Les infrastructures
Le Bénin fait partie des pays au monde n'ayant aucune infrastructure propice à la pratique et au développement du football. Même le Stade de l'Amitié Mathieu Kérékou, si scintillant, est un piège à hommes, non réglementaire et sans normes internationales. Pis, le Stade Charles de Gaulle de Porto Novo, un véritable champ de patates. Le reste, un «désert» : pas de centres de formation des jeunes ni des formateurs. En somme, un véritable «désert de compétences».


4-Les joueurs/les pratiquants
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, bien que le Bénin soit situé à côté du Nigeria, du Togo et, surtout, du Ghana, le footballeur béninois n'est pas talentueux. En outre, l'indiscipline congénitale, qui s'observe dans le quotidien des Béninois, transparaît dans son jeu. Le football est un jeu collectif, très tactique, réservé aux peuples disciplinés. L'Allemagne gagne souvent la Coupe du monde parce que les Allemands sont disciplinés, au quotidien et, du coup, dans leur jeu. Les Brésiliens, disciplinés et techniques, les Allemands, disciplinés et tactiques et, les Italiens, tactiques, disciplinés et rigoureux. Voilà pourquoi, c'est toujours eux qui gagnent. Et, puisque, nous autres, Béninois, ne sommes pas tactiques ni disciplinés ni rigoureux, il faut aller l'apprendre chez les autres, avec une mentalité de gagner.


5-La mentalité
Le football est un jeu collectif, comme mentionné précédemment, où le joueur fait rigoureusement son travail et aide surtout les autres à assumer leurs responsabilités. Or, de nature, le Béninois n'a aucune notion de groupe. Sa mentalité est trop tournée vers l'individualisme. Voilà pourquoi, on ne va pas loin dans les grandes compétitions.


6-Le Ministère des Sports
Cette entité gouvernementale, au lieu d'être le chantre du développement de la chose sportive, est transformée en un couvent de fonctionnaires affamés, toujours aux aguets pour saisir les meilleures occasions de surfacturation et d’autres délits du genre. Après un match des Écureuils, à domicile, tous les employés du Ministère des Sports se partagent de l'argent, ce qu’on appelle appelé ’’Prime spéciale’’, étalée jusqu'au gardien et au concierge. Tout cela, puisé dans la caisse de l'Etat. Et, pour les matches à l'extérieur, ce sont des copines que les cadres de ce Ministère font voyager. Il n'est pas rare d'avoir, dans la délégation, plus d’accompagnateurs que de joueurs. Dans une délégation béninoise de 40 personnes, on a souvent 16 joueurs pour 24 autres membres inutiles. Voilà pourquoi les Écureuils constituent une priorité pour tous les acteurs, car c'est une foire de circulation de l'argent liquide.


7- Anjorin Moucharafou
Il pense toujours que sans lui le football n'existerait pas au Bénin. Autant il est vrai que c'est avec lui que le Bénin a connu sa première Coupe d’Afrique des nations (Can), autant il est vrai qu’il faudrait que cette personnalité retrouve de quelle manière il pourrait contribuer efficacement à la renaissance du football béninois, surtout qu’il est en bonne intelligence avec la Confédération africaine de football (Caf) et la Fédération internationale de football association (Fifa). S’il se montre réellement incapable de conduire le Bénin à cette renaissance, il faudrait lui interdire toute activité sportive au Bénin.


8- Félix Sohoundé Pépéripé et l’Ortb
Journaliste sportif avéré et confirmé, connu à partir de ’’Radio Tokpa’’, il a aussi une grande partition à jouer pour le décollage du sport-roi au Bénin ; il en est de même pour l’Office de radiodiffusion et de télévision du Bénin (Ortb)


9- Les investissements 
C'est extraordinaire que ce qui est un atout sous d'autres cieux est, ici, au Bénin, un handicap pour le football. L'argent. L'investissement de la Fifa, et de l'Etat béninois.
En dix ans, sous Boni Yayi, l'Etat a investi plus de 10 milliards de francs, soit un milliard chaque année pour la saison sportive des Écureuils. Pour quels résultats? Du côté de la Fifa, ce sont des dizaines de millions qui sont envoyés à chaque Fédération pour les championnats hommes et dames. La suite, on la connaît. Bagarres, à ne point en finir …




Les 9 atouts pouvant contribuer à sauver le football béninois


1-L'Injeps
C'est difficilement compréhensible que le Bénin puisse posséder une unité de production et de fabrication de formateurs sportifs sans jamais les utiliser. Qu’on ne nous dise pas que l'Institut de la jeunesse et de l’éducation physique et sportive (Injeps) ne donne que des professeurs de sport. Faux. Il forme des sportifs qui ont la science du sport. De là sortent des docteurs en sport qu'on ne veut pas utiliser sur le terrain, mais, plutôt, dans les bureaux. D'ailleurs, la plupart des entraîneurs de football, au Bénin, sont sortis de l'Injeps, comme professeurs ou maîtres de sport, avant de faire une formation continue. Il faut réorienter la formation de l'Injeps et, le tour est joué.


2-Les hommes
Il n'y a de richesse que d'hommes. 10 millions d'âmes. Dieu n'est pas injuste pour concentrer autant d'individus sur un si restreint espace de 112.600 km2, sans y mettre des valeurs de réussite en sport. Non. Ce n'est pas possible. Les vrais Béninois en mesure d'impulser un dynamisme au football sont là. Il faut les trouver. Les vrais footballeurs béninois sont dans les bureaux et dans les ateliers. Découragés par la gestion faite de ce sport tant aimé par les Béninois, il faut aller les chercher.


3- La passion
Rien de grand ne se fait sans passion. La passion pour le football, les Béninois l'ont. Combien de fan-clubs des équipes étrangères n'a-t-on pas au Bénin? En effet, déçus par la gestion faite de la chose ici, ils se rabattent sur ce que les autres font et qui est largement mieux. Il faut recréer la confiance.


4- Les moyens
Si l'Etat investit un milliard chaque année dans les Écureuils, on peut affirmer que les moyens existent. Mieux, on peut aller les chercher. Sébastien Ajavon en a déjà donné l'exemple avec le championnat professionnel.


5- La politique
Contrairement à ce que l'on pense, la politique, à mon avis, n'est pas une plaie pour le sport-roi. C'est sous le Président Yayi qu'il y a eu trop de connivences entre la Présidence et Anjorin Moucharafou. Sinon, la politique et le football font, bel et bien, bon ménage. La preuve, les politiciens utilisent le football pour rassembler leurs partisans. Après les tournois, pendant la campagne, nécessité doit être faite pour chaque homme politique d'envoyer un à deux joueurs de sa région dans une école de foot en Europe. Cinq ans après, les résultats parleront d'eux-mêmes.


6- Le Cifas et Ajavon
Il faut tout faire pour que le Centre international de football Ajavon Sébastien (Cifas) redevienne une école de foot, et persuader ensuite Sébastien Ajavon de revenir organiser son championnat professionnel. Avant, les Béninois n'étaient pas prêts, dans leur tête. Mais, maintenant, ils ont compris.


7- Les qualifications à la Can
Le Bénin doit continuer de se qualifier pour la Coupe d’Afrique des nations (Can). Seulement, maintenant l'argent versé par la Caf aux nations qualifiées doit servir à former des joueurs et à construire des stades.
 

8- Le Brésil
Envoyer les enfants au Brésil. D'accord. Mais, les laisser là-bas dans le championnat après leur formation est la meilleure option.
 

9- Patrice Talon
Convaincre l'actuel Président de la République, Patrice Talon, d'amener les opérateurs économiques nationaux et internationaux à prendre le football et à en faire leur affaire.  


Victor Nongni    

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