dimanche 9 octobre 2016

Les pions du régime Yayi créent la désolation

Dans le cadre du règlement de la dette intérieure par l’Etat béninois
(Le Ministre Romuald Wadagni ouvertement en conflit avec ses collègues, la solidarité gouvernementale en lambeaux, Patrice Talon défié)


A l’avènement du pouvoir de la Rupture et du Nouveau départ, le règlement de la dette intérieure vis-à-vis des opérateurs économiques, a focalisé toutes les attentes et les attentions. Quelques semaines après le lancement de ce processus, par le biais d’un emprunt obligataire obtenu par le Gouvernement, c’est la grande déception des prestataires privés, partenaires de l’Etat, vu que des cadres ayant travaillé pour le régime de la Continuité sont tapis dans les ministères, empêchant en sourdine ces prestataires de se voir rembourser leurs dettes.

Romuald Wadagni
« L’argent est le nerf de la guerre », affirme-t-on souvent. Et, la guerre est déclarée entre le Gouvernement et ses partenaires économiques locaux, dans le cas particulier du règlement par l’Etat béninois des dettes qu’il a consenties, sous le régime défunt, auprès des entreprises lui ayant vendu des prestations de tous genres. En effet, un bon nombre de semaines après le lancement par l’Etat du règlement de la dette intérieure, plusieurs ministères traînent les pieds, empêchant de nombreuses sociétés privées d’encaisser leurs fonds, aux fins de faire face aux dépenses d’investissement, à la dette salariale, aux besoins de fonctionnement des sociétés concernées et, notamment, à leurs prêts bancaires aux échéances depuis longtemps dépassées.
Ceux qui sont en cause ne sont personne d’autre que des cadres du Ministère de l’Economie et des finances. Mais, contrairement à ce que l’on peut imaginer, ceux-ci n’exercent pas directement sous l’œil et les mains de Romuald Wadagni, titulaire du portefeuille ministériel. En réalité, ils sont ses représentants dans les autres ministères de la République, chargés qu’ils sont de veiller au bon grain, quant à la gestion réglementaire des dépenses publiques, dans leur département ministériel de travail : ce sont ceux qui opèrent au sein du Contrôle financier de chaque ministère, appelés qu’ils sont les Délégués du contrôle financier (Dcf). Dans le cas d’espèce, ils sont chargés de valider le paiement par le Trésor public des prestations effectuées par les opérateurs économiques ayant contracté avec le Ministère en question, lorsque le dossier demandé à cet effet est en règle.
Là où le bât blesse : dans plusieurs ministères, ils font preuve d’un zèle effarant, délétère. Même lorsque les pièces du dossier à fournir sont complètement à jour et que le prestataire n’attend que l’ ’’Ok’’ libérateur du Délégué du Contrôle financier pour se rendre au Trésor afin d’achever le laborieux processus par le retrait du chèque et par son monnayage en des liasses de billets craquants, ce cadre se transforme, tout d’un coup, en Satan, en un véritable cauchemar pour l’entrepreneur ayant sué sang et eau pour exécuter le bon de commande qui lui a été délivré par le Ministère. Il se voit alors notifier d’apporter une autorisation spéciale du Ministre de l’Economie et des finances, Romuald Wadagni, avant que le fameux Dcf, devenu, tout d’un coup, plus important que jamais, sur ses gros ergots, ne délivre le précieux quitus.
Conséquence, le prestataire qui se savait arrivé au bout du tunnel, ayant fait foi aux déclarations du Gouvernement du règlement débuté de la dette intérieure, commence à se faire du souci : comment rembourser la banque où des prêts ont été contractés ? Et que faire pour les dettes contractées lors de l’opération de la prestation, celles-ci pour lesquelles il ne cesse de recevoir appels, matin et soir ? Que dire à ces correspondants au bout du fil, pour qui une énième promesse vient de tomber à l’eau ? De là, un autre ordre de questions se précipitent dans l’esprit du malheureux : la dette intérieure est-elle effectivement en train d’être payée, comme l’a stipulé le Gouvernement de la Rupture ? Y aurait-il certains qui seraient en train d’être réglés face à d’autres qui ne le seraient pas ? La stratégie de l’annonce publique serait-elle un moyen de l’Exécutif pour camoufler le manque de ressources pour s’acquitter de la dette intérieure ? Le Gouvernement a-t-il donné des instructions secrètes et fermes à ces Dcf pour bloquer les paiements, le temps que des ressources soient trouvées et affectées à ce règlement de la dette intérieure ?


Une hargne à la chaîne

Ne sachant alors où donner de la tête, le prestataire dont le parcours est devenu un vrai chemin de croix commence d’abord à maudire le ministère pour lequel il a opéré ses travaux. Quelle mouche a pu le piquer pour aller faire affaire avec cette institution d’un Etat qui peine à reconnaître la dette du régime défunt ? Et, de fil en aiguille, de renseignements en renseignements, il finit par tomber sur le pot-au-rose : le Dcf qui fait obstacle à son paiement avait été nommé par le régime Yayi et, sa métamorphose opportuniste aux couleurs de la Rupture et du Nouveau départ a tôt fait de laisser échapper qu’il avait ardemment travaillé avec l’ancien Ministre des Finances, Komi Koutché. Donc, au dehors, il se vêtit du bleu de Patrice Talon, du jaune de Pascal Irénée Koupaki ou, selon les circonstances, de l’orange d’Abdoulaye Bio Tchané. Mais, en dedans, il maintient résolument le vert très cher aux Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe). Et, sa manière à lui de faire valoir sa couleur politique intrinsèque, de faire payer à la Coalition de la Rupture d’avoir remporté la présidentielle des 6 et 20 mars 2016 est de torpiller un dossier aussi sensible que celui du paiement de la dette intérieure. Son but est de contribuer plus que jamais à noircir l’image déjà problématique du Chef de l’Exécutif, en proie à l’exercice du pouvoir. Il lui faut alimenter la chaîne du désenchantement. C’est ainsi que les opérateurs économiques chez lesquels il entretient l’amertume et la haine du pouvoir en place ne manquent pas de distiller les mêmes sentiments dans leur entourage immédiat et lointain.  



Une solidarité gouvernementale en cause

Cette situation de la dette intérieure en peine de paiement met Romuald Wadani en conflit avec un ministre quelconque dont les prestataires ne sont pas réglés, puisque le Dcf ne cesse de renvoyer ces malheureux à l’argentier pour la délivrance d’une certaine autorisation de paiement, devant une situation où toutes les pièces du dossier de remboursement sont au nombre. Par extension, c’est le Président de la République, Patrice Guillaume Athanase Talon, qui voit son autorité foulée aux pieds, rejetée, méprisée, traînée dans la boue, lui qui a fait du paiement de la dette intérieure l’une des premières actions de son régime, allant même jusqu’à contracter un emprunt obligataire pour en finir avec ce nœud gordien. Sa personnalité de Chef de l’Etat se voit banaliser par rien moins que des colibris tapis à des postes stratégiques de l’administration ministérielle. Il suffirait qu’il se souvienne de la triste expérience vécue par l’un de ses illustres prédécesseurs, le Général Mathieu Kérékou. Celui-ci, à son retour au pouvoir, en avril 1996, avait été gentil avec les collaborateurs de Nicéphore Soglo, laissant le choix à ceux qui le voulaient de rester travailler dans son administration. Très tôt, ceux-ci n’ont pas tardé à le récompenser en monnaie de singe en diffusant les dossiers les plus secrets de la République sur la place publique, fragilisant ainsi sa gouvernance.
Le Président Talon devra donc prendre ses responsabilités en remerciant urgemment tous les tenants du régime fini, eux dont un bon nombre développent une grande capacité de nuisance, sans en rien laisser paraître. En attendant ce nettoyage en profondeur, le Chef de l’Etat devra se saisir de la question de l’apurement de la dette intérieure pour en contrôler le niveau d’exécution avant que ses ennemis ne causent plus de victimes, faisant de ce processus salvateur un vœu pieu, une fausse promesse d’homme politique.



Marcel Kpogodo  

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