mercredi 17 août 2016

Léonce Houngbadji : « […] nous allons violer violemment cette ligne rouge-là »

Selon ses analyses après l’expiration de son ultimatum au Gouvernement


Au cours d’une conférence de presse, le samedi 31 juillet 2016, le Président du Mouvement, Rassemblement des forces du progrès (Rfp), Léonce Houngbadji, a donné une conférence de presse, ce qui lui a permis d’aborder la situation d’exclusion de 21 étudiants de la Faculté des Lettres, arts et sciences humaines (Flash) de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac). Ainsi, il avait donné une semaine au Gouvernement du Président Patrice Talon pour agir de manière à faire réintégrer ces apprenants. Après l’expiration de ce délai, cette jeune personnalité a accepté d’accorder à notre Rédaction une interview dans laquelle il annonce de nouvelles dispositions que prendra son Mouvement pour faire plier le Gouvernement, sur un fond d’une critique acerbe de la gouvernance du régime du Nouveau départ, et d’un appel aux jeunes à se joindre au combat qu’entend mener cette structure politique.

Léonce Houngbadji

Journal Le Mutateur : Bonjour M. Léonce Houngbadji. Vous êtes le Président du Mouvement, Rassemblement des forces du progrès (Rfp). Le samedi 31 juillet dernier, vous avez tenu une conférence de presse, ce qui vous a permis de donner un ultimatum au Gouvernement, qui a expiré depuis le 6 août 2016. Il s’agissait pour Patrice Talon, à votre demande expresse, de faire réintégrer les 21 étudiants qui avaient été exclus, quelques jours auparavant, de la Faculté des Lettres, arts et sciences humaines (Flash) par Brice Sinsin, Recteur de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac). Actuellement, est-ce que les 21 étudiants sont réintégrés ?


Léonce Houngbadji : Merci beaucoup pour l’intérêt que vous accordez à cette préoccupation pressante des Béninois. Effectivement, nous avions, au cours de notre sortie médiatique, abordé le sujet et, nous avons demandé au Gouvernement de prendre ses responsabilités pour que les 21 étudiants qui ont été injustement radiés de l’université, pour 5 ans, puissent être réintégrés. C’est un dossier que nous suivons de très près parce que, dans un Etat de droit, si on reproche à ces étudiants des fautes qu’ils ont commises, il faut saisir la justice. Evidemment, les textes qui régissent l’université prévoient des sanctions disciplinaires, mais les mêmes textes prévoient qu’avant de prendre ces sanctions disciplinaires, il y a des conditions à remplir, si nous nous référons à un Arrêté rectoral signé par l’ancien Recteur, Norbert Cossi Awanou.
Je rappelle que la Décision qui a été prise par les autorités rectorales, c’est le Conseil pédagogique qui s’est érigé en Conseil de discipline pour délibérer sur les cas d’indiscipline des étudiants. Dans ce cas, le Conseil pédagogique est élargi à 2 représentants des étudiants de la Faculté, à un représentant du syndicat des enseignants, à un représentant du personnel administratif, technique et de service. Voilà ce que dit clairement l’Arrêté en date du 31 décembre 2010, signé par l’ancien Recteur, le Professeur Norbert Cossi Awanou. Donc, vous êtes d’accord avec moi que ce texte n’a pas été respecté, puisque les étudiants n’ont pas été associés, comme le recommande l’Arrêté, les enseignants non plus ; vous savez que le Synarès est farouchement contre cette décision prise par les autorités rectorales. Cela veut dire que c’est une décision arbitraire. Dans un Etat de droit, on ne peut pas permettre ce genre de choses, parce qu’il s’agit du Bénin ; on sait quand ça commence, mais on ne sait pas quand ça finit. L’université, c’est des milliers de gens qui sont là-bas et, notre souci majeur, c’est la paix, c’est la stabilité, c’est la sécurité de notre pays.
Malheureusement, nous avons un Gouvernement qui est en conflit permanent avec le dialogue social ; depuis qu’ils sont là, ils ne dialoguent pas avec les travailleurs, ils n’échangent pas avec eus, ils les ignorent, ils les narguent, et, un gouvernement qui refuse le dialogue, un gouvernement qui n’aime pas les voix discordantes, qui n’aiment pas la contradiction, ce Gouvernement conduit notre pays droit dans le mur ; il est de notre responsabilité, nous, en tant forces politiques de l’opposition constructive, de tirer la sonnette d’alarme, d’attirer l’attention des uns et des autres, pour que nous puissions corriger le tir. Si des gens ont commis des fautes, il faut qu’ils répondent de leurs actes, mais qu’on respecte les textes.
L’ultimatum que nous avons donné n’a pas été respecté ; jusqu’à aujourd’hui, les étudiants suspendus n’ont pas été réintégrés. Bien au contraire, on fait feu de tout bois pour les empêcher de s’exprimer, parce que comment on peut traiter ces enfants, ces jeunes de terroristes ? Comment peut-on parler de terrorisme sur le campus universitaire ? Les autorités compétentes sont où ? Si les gens ont commis des actes terroristes, qu’on les appréhende, qu’on nous en montre les preuves ; c’est facile de chercher des arguments fallacieux pour parler de troubles à l’ordre public, de terrorisme, c’est très facile de le faire, qu’on nous montre les preuves et, qu’on respecte les textes de la République ! C’est de cela qu’il s’agit.
Depuis des semaines, les étudiants réclament ; ce qu’ils réclament, c’est légitime et, on ne veut pas dialoguer avec eux. Ils ont crié, crié, personne ne les a écoutés. Nous sommes en démocratie, ils décident de marcher, d’exprimer leur mécontentement, d’exprimer leur colère, leur indignation, on les a réprimés dans le sang et, on dit qu’il y a une ligne rouge dans le pays, que personne ne doit franchir. Nous, nous allons violer violemment cette ligne rouge-là. Nous allons la violer.
Donc, nous, nous sommes politiques, nous n’irons pas mener la lutte à la place des étudiants, parce que nous sommes dans un Etat de droit, s’il y a des luttes à mener, il faut les mener dans la totale légalité ; respectons les institutions de la République, respectons les lois qui régissent notre pays. Parce que c’est cela : une opposition responsable doit pouvoir faire les choses dans les règles de l’art, c’est ce que nous essayons de faire. Ce n’est pas parce que nous avons donné un ultimatum au Gouvernement et qu’il n’a pas été respecté que nous allons commencer à crier de gauche à droite. Non.
Nous avons pris contact avec des députés à l’Assemblée nationale, - parce que nous constituons une force politique – pour qu’au niveau du Parlement, il puisse y avoir une pression sur le Gouvernement, parce que le Gouvernement est totalement sourd. Vous l’avez vu, au lieu d’appeler les étudiants et de discuter avec eux, de dialoguer avec eux, le Gouvernement fait du dilatoire, fuit le débat et ce sont les anciens responsables du mouvement étudiant qu’on envoie aux jeunes pour les écouter ; ils étaient à la Présidence de la République, le mercredi 10 juillet, et ils ont été reçus par l’Intendant du Palais et par d’autres anciens responsables des étudiants, que tout le monde connaît dans le pays. Cela veut dire qu’il y a un problème de gouvernance dans le pays, parce qu’avant qu’on ne fasse appel à des médiateurs, partout où il y a crise, c’est parce que vous avez déjà tenté quelque chose qui n’a pas abouti. Qu’est-ce que le Gouvernement a déjà tenté et qui n’a pas abouti, pour qu’on fasse appel à des gens, à des personnes ? Je ne doute pas de l’expérience de ces anciens responsables d’étudiants, que je connais, j’ai beaucoup d’amis parmi eux. Donc, je ne doute pas de leurs compétences et de tout le reste, mais avant qu’on en arrive là, il aurait fallu que le Gouvernement ait tenté des solutions alternatives qui n’auraient pas abouti. Donc, vous comprenez que le Gouvernement est dans le dilatoire et qu’il ne veut pas faire des efforts pour améliorer la situation sur le campus. Aujourd’hui, les étudiants sont bastonnés, on leur jette des gaz lacrymogènes tous les jours, le campus est militarisé et, nous, ce qui nous fait mal dans tout ça, c’est que tout le monde se tait dans le pays, tout le monde !
Au temps de l’ancien régime, il n’y avait pas eu autant de dérives. Pourtant, on a vu comment on avait traité le pouvoir ; on nous parlait de violation des franchises universitaires, on nous disait qu’on ne pouvait pas avoir de policiers ni de militaires sur le campus. Aujourd’hui, ce sont les chars qui sont là-bas et, personne n’en parle, personne n’en parle.
En outre, parmi les étudiants qui ont été radiés, il y a plusieurs responsables d’institutions estudiantines. Cela veut dire que l’objectif du Gouvernement est, comme je l’ai précisé précédemment, d’empêcher toute voix discordante dans le pays ; l’objectif, c’est de réduire à néant le mouvement estudiantin, dans le pays. C’est de cela qu’il s’agit. Et, nous, nous sommes là pour mener le combat politique, nous sommes là pour attirer l’attention du Gouvernement sur ce qui se passe dans le pays. En dehors de ce que nous faisons en direction des députés à l’Assemblée nationale pour que, politiquement, il y ait une pression parlementaire sur le Gouvernement, nous avons écrit à certaines structures nationales et, surtout, internationales, pour attirer leur attention sur ce qui se passe dans notre pays où l’on empêche les gens de s’exprimer, où l’on empêche les gens de donner leur point de vue sur des questions données, où l’on ne veut pas dialoguer. Vous avez suivi : même les Centrales syndicales disent que le Gouvernement ne veut pas dialoguer avec elles, qu’elles ne savent pas comment le pays est géré, que les travailleurs sont nargués, dans l’administration publique. C’est cela : c’est l’opacité totale, à tous les niveaux. Et, l’opacité, tout le monde sait là où cela nous amène. Notre souhait, vu que la situation n’a pas bougé, que les étudiants n’ont pas été rétablis et qu’ils ont lancé un mouvement de grève illimités, « Campus mort » ; c’est cela, aujourd’hui.



Face au silence du Gouvernement par rapport à votre ultimatum, votre Mouvement a-t-il essayé de rencontrer différemment le Recteur de l’Université d’Abomey-Calavi et les responsables étudiants ?


Non. Nous, nous sommes une force politique et, le combat politique se mène sur le terrain politique. Le problème qui se pose est d’ordre social, pour une question qui touche au droit à la liberté d’expression. Si nous avons une contribution à apporter pour sortir de l’impasse, on ne peut utiliser que les couloirs politiques pour que, demain, on ne dise pas que c’est nous qui manipulons les étudiants. Nous sommes suffisamment responsables.
Nous, en tant que force politique, ce que nous sommes en train de faire et que nous allons continuer, les jours à venir, de faire sur le terrain, c’est d’utiliser les canaux politiques. D’ailleurs, certains députés ont déjà commencé à interpeller le Gouvernement sur la question. Dans les jours à venir, vous allez voir que d’autres députés feront la même chose sur, précisément, le cas des 21 étudiants suspendus, sur l’invalidation de l’année au niveau de la Flash et sur un certain nombre de choses liées aux conditions de vie et de travail des étudiants. Il n’est pas de notre responsabilité de chercher à rencontrer le Recteur ou le Ministre de l’Enseignement supérieur, puisque le Gouvernement lui-même ne dit rien. Même les étudiants n’arrivent pas à voir leur Ministre de tutelle, depuis que la crise a éclaté. Donc, jusqu’à aujourd’hui, la seule personne qu’ils ont pu rencontrer, c’est l’Intendant de la Présidence de la République. Que vient-il chercher dans une crise à l’université, si ce n’est pas le signe d’une démission du Gouvernement ? C’est une démission du Gouvernement, parce que si l’on veut   utiliser cette personnalité comme un sapeur-pompier, il faudrait d’abord qu’au niveau du Gouvernement, on sente qu’il y a la volonté. Mais, tout se passe comme si les carottes sont déjà cuites ; on estime que les étudiants vont s’agiter un peu et qu’ils finiront par se calmer. A ce propos, le Recteur a défié le Chef de l’Etat, pensant qu’il n’est pas question de revenir sur la décision qu’il a prise. Comme je vous l’expliquais tout à l’heure, il s’agit d’une décision qui n’est pas légale, au vu des textes de l’Université d’Abomey-Calavi ; la décision qui a été prise par le Conseil pédagogique est en contradiction avec les textes de cette université.
Nous, nous faisons tout pour qu’on n’interprète pas mal nos démarches, qu’on ne nous dise pas que c’est nous qui manipulons ; nous ne sommes pas dans cela. Nous, nous voulons la paix dans le pays, nous voulons que notre pays demeure stable et sécurisé. Donc, nous allons au niveau de l’Assemblée nationale, comme le Gouvernement est sourd. Même si nous menons des démarches, lesquelles allons-nous mener auprès du Gouvernement pour qu’elles aboutissent si, déjà, celui-ci même qui est censé prendre l’initiative d’inviter les jeunes, les étudiants, pour les écouter, pour essayer de colmater les brèches et trouver une solution, ne le fait pas et préfère leur envoyer des anciens responsables d’étudiants ? Allez-y comprendre quelque chose.
En synthèse, nous, nous utilisons le canal de l’Assemblée nationale parce que nous constituons une force politique, nous utilisons les structures nationales et internationales qui s’occupent des questions des droits de l’homme, des questions du genre, de l’éducation et de tout le reste pour qu’ensemble nous puissions mettre la pression sur le Gouvernement qui ne veut pas dialoguer sur la question, particulièrement. Donc, c’est ce que nous sommes en train de faire. Mais, si nous menons toutes ces démarches et que nous n’arrivons pas à trouver un terrain d’entente et que la situation perdurait, nous allons passer à la vitesse supérieure. Et, passer à la vitesse supérieure, c’est violer violemment la ligne rouge dont on parle là ; nous allons la violer violemment, parce que nous sommes tous Béninois et que personne ne va nous empêcher, dans ce pays, de nous exprimer ; personne ne nous en empêchera. Nous le disons haut et fort : nous n’avons peur de personne, dans ce pays, parce que nous sommes tous Béninois, personne ne va nous faire peur, parce que nous avons un régime qui fait peur, qui sème la terreur. Donc, s’il y a des risques à prendre, nous allons les prendre.



L’engagement ferme que vous montrez donne envie de mieux connaître votre Mouvement : quand est-ce qu’il est né et, comment fonctionne-t-il ?


Le Rassemblement des forces du progrès (Rfp) est une coalition d’une cinquantaine de mouvements de jeunes et de femmes, exerçant sur toute l’étendue du territoire national. Nous l’avons créée avant la dernière élection présidentielle et, c’est beaucoup plus pendant cette période que nous avons donné de la voix. Tout le monde sait que nous avons soutenu le candidat Lionel Zinsou et, ce n’est pas parce que nous ne soutenons pas l’action du Président Patrice Talon que nous allons prier pour qu’il échoue ; nous sommes tous Béninois. Notre souhait le plus ardent est qu’il réussisse. Et, pour qu’il réussisse, il faudrait qu’il y ait des voix discordantes pour lui dire la vérité, parce qu’il y a des poissons rouges qui l’entourent certainement et qui vont l’empêcher de voir la vérité en face. Nous, le combat que nous menons, aujourd’hui, porte déjà des fruits ; au moins, si vous prenez le dossier de l’Hôpital de zone d’Allada, c’est nous qui avions commencé à faire du tapage autour pour attirer l’attention sur le fait qu’il dormait et qu’il fallait le sortir des placards. Vous avez alors vu le Conseils des ministres, qui a donné son accord pour le démarrage incessant des travaux ; les machines sont déjà envoyées sur le terrain. C’est une bonne chose. En outre, nous avons dit que le Gouvernement navigue à vue et que nous avons un Gouvernement ventilateur qui sans boussole, sans feuille de route et qu’il fallait qu’il nous sorte son Programme d’action. Vous avez le Conseil des Ministres du jeudi 11 juillet, tous les Ministres ont été envoyés en congés pour préparer ce Programme d’action. Cela veut dire qu’au moins, nous ne parlons pas dans le vide. Quand bien même le Gouvernement ne veut pas dialoguer avec les uns et les autres, s’il peut entendre lorsque nous dénonçons, et corriger le tir, ce n’est que ce que nous souhaitons.
Aussi, comme nous l’avions dit, au cours de notre conférence du 31 juillet dernier, nous travaillons aussi pour la réforme du système partisan béninois ; regardez ce que la classe politique de notre pays est devenue aujourd’hui. Depuis le 6 avril 2016 jusqu’à aujourd’hui, avez-vous entendu un acteur politique se prononcer, de façon objective, sur la situation politique de notre pays ? Tout le monde lézarde les murs. Donc, l’avenir de ce pays appartient à la jeunesse ; si les jeunes ne prennent pas leurs responsabilités, si les jeunes continuent de se laisse manipuler, instrumentaliser par des gens qui ne veulent pas de leur bien, qui ne veulent pas qu’ils aient un avenir radieux, dans 5 ans, dans 10 ans, ce sera plus catastrophique, plus désastreux pour notre pays. Et, nous, en tant que jeunes leaders et, vu notre expérience en la matière et ce que nous avons fait par le passé, il est de notre responsabilité de jouer le rôle de contre-pouvoir, de jouer le rôle d’éclaireur, de jouer le rôle d’éveilleur de conscience, de faire la veille citoyenne, pour que notre pays ne devienne pas un Etat totalitaire, un Etat policier, un Etat dictatorial ; il est de notre responsabilité de le faire.
Au même moment où nous allons critiquer, nous allons formuler des propositions constructives au Gouvernement, parce qu’il ne faut pas s’opposer pour s’opposer, il ne faut pas critiquer pour critiquer ; quand vous critiquez, il faut faire des propositions. Donc, vous allez constater la mise en place, sous peu, d’une grande Plateforme nationale pour mener le combat politique au niveau de l’Opposition, dans le pays. Nous allons mener un combat sain, dans la totale légalité, parce que nous sommes des légalistes, des républicains, des démocrates. Que tous les jeunes qui se voient concernés par le combat que nous menons se joignent à nous !
D’ailleurs, depuis que nous avons fait cette conférence de presse, nous avons reçu plus de 10 mille messages de félicitations et d’encouragements, en dehors des esprits retors qui passent tout leur temps à nous insulter sur les réseaux sociaux, comme ils en ont l’habitude, vous n’avez pas idée ! Même des gens proches, très proches du Gouvernement en place, même des Ministres du Gouvernement en place nous ont appelés pour nous féliciter, nous ont envoyés des messages pour nous féliciter ; même des députés du camp présidentiel nous ont appelés pour le faire, parce que nous avons osé et que tous les problèmes que nous avons posés sont réels, vrais ; tout le monde sait que rien ne va dans le pays, tout le monde sait que cela ne bouge pas. Personne n’ignore ce que nous avons évoqué, mais la seule différence est que nous avons eu le courage de le dire, sinon, nous n’avons rien dit d’extraordinaire ; ce que nous avons dit, tout le monde le vit, aujourd’hui. Hier, celui qui était capable de te soutenir, quand tu avais un petit problème, qui était capable de te dire 10 mille francs, quand, aujourd’hui, tu l’appelles, il ne décroche même pas, parce que c’est la morosité totale, le panier de la ménagère est trouée, ça ne vend pas à Dantokpa, les jeunes et les femmes ne savent plus à quel saint se vouer, on ne sait plus qui est qui … Vraiment, il y a un problème !
Donc, il faut redonner espoir au peuple, il a besoin qu’on lui redonne espoir, il a besoin de solutions alternatives, de propositions concrètes de développement ; c’est de cela qu’il s’agit. Et, ce combat, nous allons le mener dans la totale légalité. S’il n’y a pas d’autres sons de cloche, nous ne sommes plus en démocratie ; il faudrait que d’autres puissent apporter d’autres versions, pour qu’à côté de celles officielles du Gouvernement et de ceux qui le soutiennent, il puisse y en avoir d’autres. C’est cela qui rend la démocratie plus vivante, plus dynamique, plus responsable, plus moderne. En effet, il y a eu des acquis et, ceux-ci, il ne faut pas les détruire ; notre démocratie, c’est ce que nous vendons le plus, nous n’avons pas de richesses ! Le coton que nous avons, vous voyez comment c’est géré, aujourd’hui ! La seule chose que nous avons à vendre, c’est notre démocratie, c’est notre stabilité, c’est notre sécurité. Donc, nous devons éviter des actes qui vont remettre en cause les options fondamentales de notre Constitution, qui vont remettre en cause notre système démocratique, notre Etat de droit. Et, nous sommes là : que tous ceux qui sont épris de paix et de justice nous rejoignent, qu’ils viennent pour qu’ensemble nous puissions mener ce combat, parce qu’il s’agit du Bénin, de l’avenir du Bénin, qu’il s’agit de demain ; si nous ne le faisons pas, que nous regardons nos intérêts égoïstes et inavoués du moment et que nous fermons les yeux sur les dérives, sur ce qui se passe, l’histoire va nous demander des comptes, demain. Et, nous allons baisser la tête. Nous, nous n’allons jamais baisser la tête, nous allons dire la vérité, quel que soit ce que cela va nous coûter.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo                                                                      

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