mardi 27 mars 2012

Le différend entre le gouvernement et les syndicats des enseignants change de registre


Persistance de la crise dans le secteur éducatif


Les enseignants donnent encore du fil à retordre au gouvernement


L’ultimatum fixé au 19 mars dernier par le Chef de l’Etat aux enseignants de la maternelle, du primaire et du secondaire en grève depuis le 24 janvier 2012 afin qu’ils reprennent les cours n’a eu qu’un effet relatif. En effet, sur le terrain et ce principalement à Cotonou, certains enseignants ne veulent pas lâcher prise.


 Boni Yayi, Chef de l'Etat béninois


C’est à une scène surréaliste qu’on a assisté le 21 mars dernier au Collège de l’Entente situé dans le quartier d’Agla à Cotonou. En effet, au moins une dizaine d’enseignants de ce collège a été arrêté par les forces de l’ordre. Quelques heures après, ce sont des échauffourées qui ont eu lieu entre les forces de l’ordre et les élèves du Collège de l’Entente qui étaient en rogne contre le fait que certains de leurs enseignants aient été arrêtés.  Ceux-ci comme bon nombre de leurs collègues d’autres établissements de Cotonou, font depuis le 19 mars dernier ce qu’ils appellent une  « grève sur le tas ». Ainsi, ils sont présents en classe, mais ne font pas cours. Ils se contentent de discuter avec leurs élèves et de chanter l’hymne nationale. Tournés presque en ridicule par le Gouvernement qui n’a pas satisfait leurs revendications, et bien décidés à ne pas perdre la face, c’est donc la nouvelle trouvaille que certains syndicats ont trouvé.  Mais à l’intérieur du pays, les cours reprennent progressivement, car d’autres syndicats ne suivent pas la consigne de la « grève sur le tas ».  Quoi qu’il en soit, le Gouvernement est bien décidé à procéder à une défalcation de salaire pour tous les enseignants qui ont été en grève ces dernières semaines. Mis à part cela, quelle solution compte t-il trouver pour contrer la « grève sur le tas » ?


Bernado Houenoussi

Les citoyens pourraient bientôt être autorisés à proposer des lois


Initiative de la Loi par les citoyens


Un gadget constitutionnel ?


Le Président de la République et les membres de l’Assemblée nationale, pourraient ne plus être les seuls à avoir l’initiative de la Loi. En effet, le Projet de Loi portant sur la révision de la Constitution propose, et ce contre toute attente, d’y autoriser les citoyens.

 Le siège de l'Assemblée nationale à Porto-Novo (Bénin)


Les béninois, à raison de 1000 personnes par département peuvent proposer des lois dés que le projet de la révision de la Constitution sera adopté. Le même texte indique, qu’une loi organique précisera les modalités de l’exercice de ce droit par les citoyens. Alors qu’une partie de la population est analphabète, comment pourra t-elle prendre pleinement la mesure de cette nouvelle disposition constitutionnelle ? Ainsi, au lieu de permettre aux béninois de peser encore plus sur les choix faits par les gouvernants, elle pourrait plomber le fonctionnement de la démocratie béninoise. En effet, depuis plusieurs années des manifestations dites de soutiens à telle ou telle autre personnalité sont organisées. Pour la circonstance, plusieurs centaines de personnes sont mobilisées pour leur clamer un soutien factice, qui n’a été stimulé qu’en monnaies sonnantes et trébuchantes. Ainsi, des personnes tapies dans l’ombre, pourraient utiliser le même mode opératoire afin de prétendre qu’à l’échelon national des milliers de citoyens souhaitent proposer une loi qui ne servirait que leurs intérêts. Il est prévu qu’aujourd’hui la session extraordinaire du parlement qui  a débuté depuis le 19 mars dernier, se penche sur le contenu de cet projet de loi.


 Bernado Houenoussi


La sécurité des conducteurs de motos et de leurs passagers en question


Jour J-5 avant le port obligatoire du casque


La mesure ne passe toujours pas


En décembre dernier, Placide Azandé, Préfet des départements de l’Atlantique et du Littoral, a annoncé qu’il comptait appliquer à partir de ce 1er avril,  un décret daté du 27 avril 1972 qui prescrit « le port obligatoire du casque pour les conducteurs et les passagers des engins à deux roues et assimilés munis d’un moteur thermique ». Mais depuis cette annonce, cette mesure reste toujours décriée par les principaux concernés. 


 A Cotonou : des conducteurs de motos sans casque


Les vendeurs ambulants de casques qui se disposent quotidiennement le long de certaines voies de Cotonou, ainsi qu’aux abords des principaux carrefours de la ville, se frottent les mains depuis quelques semaines. Ainsi, leur chiffre d’affaires journalier augmente constamment  à mesure que s’approche la date du 1er avril. En effet, les conducteurs de motos ainsi qu’à leurs passagers sont tenus de porter dés cette date un casque. Un accessoire dont le prix minimum est de 5000 Fcfa. Bon nombre des béninois qui disposent d’une moto, n’hésitent pas à dire tout le mal qu’ils pensent de cette mesure. Selon eux, avec la morosité économique qui prévaut actuellement, ils ne peuvent pas se permettre le luxe de payer un casque voire plusieurs dans certains. La surcharge des motos avec deux ou trois passagers est une pratique courante. Malgré toutes ces protestations, tous ceux conduiront leurs motos sans porter au préalable un casque seront arrêtés à partir du 1er avril. Leurs engins seront saisis et ils ne pourront les récupérer qu’après avoir prouvé le fait qu’ils ont acheté un casque, qu’ils devront montrer au préalable. A Cotonou, beaucoup de personnes doutent de l’application effective de cette mesure. Elles y voient également un autre prétexte que certains policiers trouveront afin de rançonner les usagers de la route, qui se plaignent constamment de cette pratique peu orthodoxe.


Bernado Houenoussi

mardi 20 mars 2012

Le mouvement de grève des enseignants s’émousse


Reprise progressive des cours par les enseignants


L’effet escompté du forcing du gouvernement


En grève depuis le 24 janvier dernier, les enseignants de la maternelle, du primaire et du secondaire reprennent les cours depuis quelques jours et ce bien malgré eux. En effet, le Gouvernement a dû employer les grands moyens pour les y contraindre. 


 Boni Yayi, Chef de l'Etat béninois


Dans le différend qui l’a opposé ces dernières semaines aux enseignants, le Gouvernement a brandi plusieurs épouvantails. Tout y est passé dans cette guerre psychologique : menace de défalcation de salaire et de suspension au cas échéant du paiement des salaires. Cela a été suivi par l’envoi des militaires dans les écoles et collèges, afin qu’ils aillent vérifier si les enseignants avaient repris service. Mais les grévistes sont restés droit dans leurs bottes malgré cela. C’est finalement l’ultimatum fixé au 19 mars par Boni Yayi, qui a sonné le glas de cette grève. En effet, lors d’une rencontre qu’il a eu le 12 mars dernier avec les syndicats, il a menacé de radier de la fonction publique les enseignants qui n’auraient pas repris les cours à la date du 19 mars. Intervenue la semaine dernière, cette menace a eu dans la foulée ses premiers effets. C’est ainsi que plusieurs syndicats ont appelés leurs affiliés à reprendre les cours.


Gouvernement et syndicats dos à dos


Si les enseignants n’ont rien obtenu après près de 07 semaines de grève, c’est bien la preuve que la surenchère qu’ils ont fait durant toute cette période a échoué.  Le Gouvernement s’étant à chaque fois réfugié depuis le fait, qu’il leur a concédé depuis l’avènement du régime actuel beaucoup d’avantages. Il a également affirmé, qu’il avait largement dépassé la part du budget national qui devait être consacré au paiement des salaires. Il a mis en avant pour la circonstance, cette règle qui aurait été éditée par l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). Au-delà de ses arguments, et bien qu’il ait gagné son pari, le gouvernement sort affaibli de ce conflit et étale plusieurs contradictions. Il clame que  les caisses de l’Etat sont vides, alors qu’il envisage de faire passer le nombre de départements de 12 à 29 et de créer en plus 06 régions. Aussi, et ce aux frais du contribuable les ministres ont fait ces dernières semaines dans les différentes contrées du Bénin une tournée. Ils avaient pour mission d’expliquer aux populations la position du gouvernement. Or, chaque ministre ainsi que ceux qui l’accompagnent lors d’une tournée perçoivent à la fin des frais de mission. C’est dans ce contexte qu’il a été révélé que Boni Yayi percevait une rémunération mensuelle de 17 millions. Une information que le Ministre de l’Economie s’est vu obligé de démentir, en annonçant à la surprise générale que le Chef de l’Etat avait décidé depuis avril 2006, de renoncer à une panoplie d’avantages pécuniaires et autres au quels il a droit en tant que Président de la République.


Bernado Houenoussi

La Francophonie célébrée


Journée internationale de la Francophonie


Le niveau en français des élèves béninois flanche


L’Organisation internationale de la Francophonie (Oif) a consacré depuis plusieurs années, le 20 mars comme la Journée internationale de la Francophonie. Au-delà de cette célébration, certains élèves béninois maitrisent de moins en moins la langue française. 


Abdou Diouf, Secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie


Bien qu’il n’y ait pas eu une enquête officielle sur ce sujet, il est de notoriété publique que le niveau en français des élèves béninois a nettement baissée ces dernières années. Ainsi, certains élèves et étudiants sont incapables de s’exprimer convenablement en français sans faire des fautes grammaticales, d’orthographes ou de conjugaison. Mis en œuvre depuis la fin des années 90, les Nouveaux programmes d’études (Npe) sont principalement indexés. Ces programmes mettent en avant, l’Approche par compétence (Apc). Celle-ci consiste à impliquer davantage les élèves dans la conception des cours qui constituent chacun des chapitres, dont chaque ensemble représente une matière qui leur est enseignée. Cette réforme a également relégué au second plan, l’assimilation par les élèves des notions essentielles en grammaire, orthographe et conjugaison. De leur côté, les enseignants sont cantonnés par l’Apc en un rôle qui s’assimile à celui d’un contrôleur. Mais avec l’échec des Npe, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer qu’ils reviennent à l’ancienne formule qu’ils utilisaient. Avant les Npe, les enseignants avaient la haute main sur la préparation des cours, qu’ils venaient ensuite dicter à leurs élèves. Ceux-ci devaient à leur tour, les apprendre par cœur et les réciter. Face au silence du Gouvernement sur la question des Npe, certains proposent la mise en place des programmes d’études intermédiaires. Cela consiste à faire une synthèse entre les Npe et les anciens programmes d’études qui étaient en vigueur avant l’Apc.


Bernado Houenoussi