mardi 31 janvier 2012

Bénin : le Ministre de la Justice dans la tourmente


Grève des magistrats

Marie-Élise Gbèdo : le piège

En déclarant le 08 décembre dernier, que tous les magistrats béninois étaient corrompus, Marie-Élise Gbèdo savait qu’elle allait raviver les réflexes corporatistes de ceux-ci. Près de deux mois plus tard, la hargne avec laquelle l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) exige toujours d’elle des excuses publiques ou sa démission l’a met dans une position de plus en plus délicate.



                                               Marie-Elise Gbèdo, Ministre de la Justice

Marie-Élise Gbèdo,Garde des sceaux depuis plus de 08 mois, serait-elle sur un siège éjectable ? En effet, le mouvement de débrayage de 72 heures que l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) a observé la semaine dernière, et qu'elle a reconduit à partir d'aujourd'hui, est le dernier avatar d’une fronde qui est allée crescendo. Même si ses déclarations du 08 décembre dernier, sont approuvées par une bonne frange de l’opinion, elles étaient maladroites. Induit en erreur par un manque de tact et de flair, Marie-Élise Gbèdo a ouvert une brèche dans laquelle s’est engouffrée l’Unamab en lui répliquant vertement le 13 décembre dernier. La tension était à son comble, et Boni Yayi a jugé utile d’entrer dans la danse. Il a pu ainsi calmer les ardeurs de l’Unamab dont il a reçu Onésime Madodé le Président le 15 décembre dernier et l’ensemble du bureau le lendemain. Implicitement, le chef de l’Etat a désavoué les propos tenus par Marie-Élise Gbèdo le 08 décembre. 

L’acte de contrition

Le 20 janvier dernier, lors d’une assemblée générale, les magistrats ont menacé d’aller en grève si le gouvernement ne se désolidarisait pas des déclarations de la Garde des sceaux. Selon l’Unamab, l’exécutif a eu l’opportunité durant les semaines précédentes de satisfaire ses revendications.Et c’est là que Marie-Élise Gbèdo, commet une erreur monumentale. Le 22janvier, par le biais d’une déclaration abondamment relayée par les médias,elle temporise ses propos du 08 décembre. A son avis, toute la magistrature béninoise ne serait pas corrompue. Dans le même temps, elle a réaffirmé sa disponibilité à travailler avec tous les magistrats pour que la corruption soit éradiquée du secteur de la justice. Malgré cela, l’Unamab a observé une grève du 24 au 26janvier. Dans le même temps, Onésime Madodé a renvoyé dans les cordes la Garde des sceaux. Retour donc à la case départ. Face à ce dialogue de sourd, le chef de l’Etat devra de nouveau intervenir. De plus, il est presque inimaginable qu’il songe à se séparer de Marie-Élise Gbèdo. De son côté, le ministre ne peut pas présenter les excuses publiques exigées par l’Unamab. Dans un tel cas, cela équivaudrait à une démission. Au-delà de cela, en faisant de la surenchère, l’Unamab fait un pari qu’elle peut difficilement gagner. Quoi qu’ils en disent, les magistrats sont conscients du fait que les propos tenus par Marie-Élise Gbèdo le 08 décembre dernier sont appuyés par une frange non négligeable de l’opinion publique.

Bernado Houenoussi

Bruno Amoussou tourne t-il le dos à la politique ?


Après sa démission de la tête du Psd


Quel avenir politique pour Bruno Amoussou ?

Le 21 janvier dernier, Bruno Amoussou a procédé au lancement du 2ème volume de ses mémoires qu’il a intitulé « La Banque, La Politique et Moi ». Le lendemain, il a démissionné de la présidence du Parti social démocrate (Psd), dont il est le fondateur. Plus d’une vingtaine d’années après le début de sa carrière politique, a-t-il décidé d’y mettre un terme ? 


                                        Bruno Amoussou, Président de l'Union fait la nation

Généralement quand un homme politique publie ses mémoires, c’est qu’il a décidé de prendre définitivement sa retraite politique.  Ainsi, Bruno Amoussou vient de publier le 2ème tome de ses mémoires. De plus, il a laissé depuis le 22 janvier dernier les rênes du Parti social démocrate (Psd) dont il est le fondateur. Toutes les pièces sont donc réunies, pour qu’on en déduise qu’il a prit la décision de tourner le dos à sa carrière politique. Mais celui qu’on surnomme « le renard de Djacotomey », garde un atout majeur en main. Il demeure toujours le Président de l’Union fait la nation (Un), un regroupement de partis politique, dont fait partie intégrante le Psd. Laisse t-il la présidence du Psd pour mieux s’occuper de l’Un ? En effet, cette union est moribonde depuis la défaite d’Adrien Houngbédji, son candidat au scrutin présidentiel de mars dernier. Cet échec a été suivi quelques semaines plus tard par un autre, lors des élections législatives d’avril dernier. Et juste après, la Renaissance du Bénin (Rb), l’une des formations politiques membres de l’Un a rompu les amarres avec elle en s’alliant avec Boni Yayi. Edmond Agoua et Cyriaque Domingo, deux députés élus lors du dernier scrutin législatif sur la liste de cette union, ont également rejoint la mouvance présidentielle. Aujourd’hui, elle compte moins d’une vingtaine de députés à l’Assemblée nationale. En étant toujours le Président de l’Un, tout porte donc à croire que Bruno Amoussou entend bien encore peser sur la vie politique béninoise dans les prochaines années. Aussi, il est susurré ici et là que cette union serait actuellement en négociation avec le pouvoir afin d’entrer dans le gouvernement. Si ces rumeurs étaient avérées, Bruno Amoussou n’aurait donc aucun intérêt à prendre sa retraite politique.

Bernado Houenoussi

Les défis de la présidence de l’Union africaine par le Bénin


Après le 18ème sommet de l’Union africaine

Boni Yayi face aux enjeux de la présidence de l’organisation panafricaine

En succédant le 29 janvier dernier à Teodoro Obiang Nguema en tant que Président en exercice de l’Union africaine (Ua), Boni Yayi a repris plusieurs dossiers relatifs à différentes crises qui ont actuellement cours sur le continent.


                                               Boni Yayi, chef de l'Etat béninois

Ce n’est pas un hasard si Boni Yayi a adressé ses premiers mots en tant que Président en exercice de l’Union africaine (Ua) au Soudan et au Sud-Soudan, en les exhortant au calme. En effet, les deux pays ont un contentieux lié au pétrole. Ce différend menace la stabilité de cette région, et celle du jeune Etat qu’est le Sud-Soudan. C’est d’ores et déjà un casse-tête pour lui, car le Bénin et ses pays, ne sont pas dans la même ère géographique. Donc a priori, il n’est très au fait des subtilités de ce conflit. Outre cela, la rébellion touarègue et le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne constituent une autre situation préoccupante. D’ailleurs, tous ces dossiers ont été à l’ordre du jour du Conseil des ministres de l’Ua qui a précédé le sommet des chefs d’Etat. Bien que la Présidence en exercice de l’Ua soit un poste essentiellement honorifique, Boni Yayi devra s’atteler comme ses prédécesseurs à prendre pleinement de cette fonction. Mais surtout, il devra faire ses preuves pour rehausser encore l’image de la diplomatie béninoise.

Bernado Houenoussi

dimanche 29 janvier 2012

Le Bénin à la tête de l’Afrique durant une année


18ème sommet de l’Union africaine

Boni Yayi assurera pour une année la Présidence en exercice de l’Union africaine

En vertu du principe de rotation régionale, c’est à un pays de l’Afrique de l’ouest que devait revenir pour cette année la Présidence en exercice de l’Union africaine (Ua). Après quelques rebondissements, les chefs d’Etats africains réunis depuis aujourd’hui à Addis-Abeba dans le cadre du 18ème sommet de l’Ua, ont confié au Bénin cette présidence tournante annuelle. 

 Boni Yayi, chef de l'Etat béninois et Président en exercice de l'Union africaine

Le Bénin avait les faveurs des pronostics, depuis le retrait de la candidature gambienne au poste de la Présidence en exercice de l’Union africaine (Ua). Mais le Nigéria est venu jouer les troubles fêtes en proposant la sienne. John Atta Mills le président ghanéen,  serait donc intervenu pour en dissuader son homologue nigérian. Goodluck Jonathan, a voulu utiliser cette carte pour contrer l’Afrique du sud, dans le cas où Nkosazana Dlamini-Zuma, sa candidate pour la Présidence de la Commission de l’Ua serait élue. En effet, l’Afrique du sud et le Nigéria mènent une lutte feutrée dans cette optique. Jean Ping, actuel Président de la Commission de l’Ua et candidat à sa propre succession, est soutenu par le Nigéria. Le Bénin,  pouvait donc être une victime collatérale de la bataille entre ces deux puissances de l’Afrique. Mais au finish, Boni Yayi qui soutient la candidate de la nation arc-en-ciel s’en tire à bon compte. En tant que Président en exercice de l’Ua, le chef de l’Etat béninois va gérer les crises qui secouent actuellement le continent africain. Le prochain sommet de l’Ua qui est prévu durant le mois de juillet se tiendra au Malawi. Le 18ème sommet de l’Ua qui se tient à Addis-Abeba s’achève demain. En attendant, les tractations pour la Présidence de la Commission de l’Ua continuent.

Bernado Houenoussi

mercredi 25 janvier 2012

L'état de la liberté de la presse de 2011 à 2012


Classement mondial de la liberté de la presse 2011-2012


Le Bénin dégringole encore de 21 places


Reporters sans frontières (Rsf) a publié aujourd'hui 25 janvier 2011,  son classement annuel qui constitue l’une des références sur l’état de la liberté de la presse dans le monde entier. En chute libre dans ce classement depuis 2007, le Bénin est toujours logé à la même enseigne.

                                                 Le logo de Reporters sans frontières



24ème et 1er pays africain dans le classement de 2006, le pays occupe le 91ème rang dans celui comptant pour 2011-2012. En l’espace de 5 ans, il a donc décroché de 67 places. Cette chute vertigineuse du Bénin a débuté juste après l’avènement du régime actuel. Car dès 2007, soit un an après l’élection de Boni Yayi, le Bénin était  passé de la 24ème place à la 53ème. L’année qui vient de s’achever, n’a pas été faste pour la presse béninoise. Les activités du journal Le Béninois Libéré, ont été définitivement suspendues le 07 décembre dernier. Durant le même mois, une douzaine de journaux a été suspendu à titre provisoire de paraitre. C’est ce qui explique surement le fait qu’entre 2010 et 2012, le pays ait perdu 21 places et passant du coup de la 70ème place à la 91ème.


Bernado Houenoussi

mardi 24 janvier 2012

Du changement au sein de l’exécutif béninois


Remaniement ministériel


Boni Yayi orchestre un jeu de chaises musicales


Le chef de l’Etat vient de démettre, Jean-Michel Abimbola et Valentin Djènontin, de leurs portefeuilles ministériels respectifs. Mais ceux-ci, sont toujours membres du gouvernement.

                                                            

                                                        Jean-Michel Abimbola


                                                               Valentin Djènontin



 Jean-Michel Abimbola et Valentin Djènontin étaient respectivement jusqu’à aujourd’hui, Ministre de l’Economie maritime, et Ministre de la Culture. Depuis quelques heures, Boni Yayi a procédé à un léger remaniement ministériel. Jean-Michel Abimbola prend au Ministère de la Culture, la place de Valentin Djènontin, tandis que ce dernier sera dorénavant à la tête du Ministère de l’Economie maritime. Alors que rien ne présageait une telle décision, il n’est pas superflu de supposer que la crise qui prévaut actuellement au sein du port de Cotonou y est pour quelque chose. D’ailleurs, hier, le chef de l’Etat a eu une rencontre avec tous les acteurs qui y interviennent. Au-delà de cela, et ce même s’il demeure membre du gouvernement, la gestion du Ministère de l’Economie maritime par Jean-Michel Abimbola est implicitement désavouée par Boni Yayi. C’est donc un avertissement sans frais qu’il reçoit, en attendant éventuellement sa prochaine éviction de l’exécutif.


Bernado Houenoussi

Ali Mohamed Kharroubi, patron du groupe Ellissa persona non grata au Bénin


Après la plainte des autorités américaines contre le groupe Ellissa pour des activités criminelles


La tardive, et presque embarrassée réaction du Bénin


Le 15 décembre dernier, Preet Bharara, procureur de Manhattan a déposé au nom des autorités américaines une plainte contre des établissements libanais, parmi lesquels figure le groupe Ellissa qui opère au Bénin. Plus d’un mois après, les autorités béninoises se sont enfin décidées à réagir. 


Benoît Dègla, Ministre de l'Intérieur



Au regard des lourds soupçons qui pèsent sur le groupe Ellissa, c’est à se demander si les autorités béninoises se sont faits tirées les oreilles avant de réagir finalement la semaine dernière. En effet, il y a déjà un mois qu’une plainte a été déposée aux Etats-Unis contre le groupe Ellissa et d’autres établissements appartenant à des libanais. Mis devant le fait accompli, le Bénin a donc décidé de frapper fort. Depuis quelques jours, les activités du groupe Ellissa y sont interdites et, Ali Mohamed Kharroubi, son patron est déclaré persona non grata. De source policière, celui-ci aurait pris la clé des champs. Bien que cette entreprise ait pilon sur rue, les autorités béninoises se sont réfugiées derrière le fait qu’elles n’étaient pas au courant des activités supposées criminelles du groupe Ellissa. C’est un argument paradoxal étant donné que par le passé, des ministres étaient présents lors de l’inauguration de plusieurs succursales de ce groupe. Depuis plusieurs années, il y a donc une certaine accointance entre le pouvoir Ali Mohamed Kharroubi. Les autorités américaines reprochent à ces sociétés libanaises, d’avoir blanchi un pactole évalué à 483 millions de dollars. Ces fonds seraient issus de la vente en Afrique de l’ouest de voitures d’occasion importées des Etats-Unis, du trafic de drogue et d’autres activités illicites. Cet argent servant ensuite au financement du Hezbollah, un mouvement considéré par les Etats-Unis comme une organisation terroriste.


Bernado Houenoussi

L’amorce de la réglementation de la publicité sur la pharmacopée traditionnelle


Après l’interdiction de la publicité sur les médicaments de la médecine traditionnelle


A quand la fermeture des centres de vente de ces produits ?


En interdisant le 29 décembre dernier, aux médias de faire la publicité sur les médicaments de la médecine traditionnelle, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) a décidé d’appliquer un arrêté ministériel daté du 03 novembre 2004 allant dans le même sens. Mais ces produits sont toujours commercialisés.



Akoko Kindé Gazard, Ministre de la Santé


Si les nombreux phytothérapeutes sortis de nulle part du jour au lendemain, ne sont plus autorisés à faire dans les médias de la publicité sur leurs médicaments, ils continuent de les commercialiser. Ainsi, les gens peuvent toujours se les procurer et courent toujours un grand risque sanitaire. En effet, ces phytothérapeutes n’ont reçu aucun agrément pour ses médicaments dont ils vantent les mérites ; de plus, ses produits n’ont jamais été validés par un quelconque laboratoire. Au-delà de la mesure prise par la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac), il est nécessaire que le Ministère de la Santé prenne les taureaux par les cornes en fermant au moins à titre provisoire les centres où ces produits sont vendus. Une telle mesure, viendrait en appoint à l’ordre national des pharmaciens du Bénin. Celui-ci ayant recommandé aux phytothérapeutes de se rapprocher de ses services afin de remplir les formalités obligatoires avant qu’ils ne puissent vendre leurs produits.


Bernado Houenoussi

mardi 17 janvier 2012

La procédure de mise en accusation des ministres par le parlement


Soupçonnés de plusieurs infractions dans l’exercice de leurs fonctions


A quand la mise en accusation des quatre anciens ministres concernés ?




Depuis les élections législatives d’avril dernier, les partisans du chef de l’Etat béninois, détiennent plus de 2/3 des 83 sièges du parlement. Ils ont aujourd’hui les coudées franches pour enclencher la procédure de mise en accusation de 4 anciens ministres, pour laquelle Boni a saisi le parlement en juillet 2010.


Armand Zinzindohoué



L’article 136 de la constitution stipule que, la Haute cour de justice est compétente pour juger le Président de la république et les membres du gouvernement pour des « infractions commises dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions ». Quant à l’article 137, elle dispose que « la décision de poursuite puis la mise en accusation du Président de la république et des membres du gouvernement est votée à la majorité des 2/3 des députés composant l’Assemblée nationale ». A l’époque où Boni Yayi a saisi le parlement, les députés de la mouvance présidentielle étaient minoritaires au sein de l’Assemblée nationale. Les ministres visés sont Armand Zinzindohoué, Soulé Mana Lawani, Rogatien Biaou et Kamarou Fassassi. Les deux premiers ont été membres du gouvernement de Boni Yayi. Quant aux deux derniers, ils ont fait partie de l’exécutif lorsque Mathieu Kérékou était le Président de la république. Aujourd’hui malgré que la donne arithmétique soit en leur faveur, les députés proches du chef de l’Etat ne sont pas encore prononcés sur la demande de celui-ci. Seul Mathurin Nago, le Président de l’Assemblée nationale a fait allusion en octobre dernier au fait que l’un des points inscrits à l’ordre du jour de la dernière session ordinaire de l’année 2011, était relatif au dossier de la mise en accusation des quatre anciens ministres. Il est donc urgent que, le gouvernement montre véritablement qu’il est décidé à faire juger ces anciens ministres pour que l’opinion publique sache s’ils sont coupables ou non des faits qui leur sont reprochés.


Bernado Houenoussi