mardi 27 décembre 2011

Le Chef de l’Etat en roue libre



Bilan politique de Boni Yayi en 2011


2011 avec un goût de 2006


L’année 2011 qui s’achève a été faste sur le plan politique pour Boni Yayi. La clé de voute, fut le scrutin présidentiel de mars 2011 qui lui permet d’avoir aujourd’hui, une marge de manœuvre comparable à celle qu’il avait lors de son élection en mars 2006.


Boni Yayi, Chef de l'Etat béninois


L’atmosphère qui prévalait avant le scrutin présidentiel de mars dernier, faisait craindre le pire quand à la situation sociopolitique du pays après la tenue de ces élections présidentielles. La forte tension entre Boni Yayi et l’Union fait la nation (Un) après la proclamation des résultats, était dans la droite ligne de la méfiance qui subsistait entre les deux camps depuis une longue date. Malgré une réélection contestée, Boni Yayi a aujourd’hui en face de lui, une opposition sans un véritable leader, et qui a perdu les élections législatives d’avril dernier. Les partisans du Chef de l’Etat réunis au sein des Forces cauris pour un Bénin émergeant (Fcbe), détiennent de nouveau la majorité des sièges au sein du parlement. Mieux encore, la mouvance présidentielle a été renforcée ces dernières semaines par Edmond Agoua et Cyriaque Domingo, tous deux élus en tant que député de l’Un. L’opposition quant à elle, détient aujourd’hui moins d’une trentaine de siège au parlement.


Les coudées franches


Boni Yayi, a donc une marge de manœuvre politique très large, qui rappelle à ne pas si méprendre à celle de mars 2006, juste après son élection. Or à cette époque, la plus part des formations politiques de l’Un, à part le Parti du renouveau démocratique (Prd) d’Adrien Houngbédji, l’avait soutenu lors du second tour du scrutin présidentiel de mars 2006. Ces partis pouvaient rompre, à tout moment le pacte politique qu’ils ont noué avec lui. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé en 2008, avec la mise en place du G4 qui s’est transformé en 2010 en une alliance baptisée, Un. Comme il fallait s’y attendre, la mouvance présidentielle devint minoritaire à l’Assemblée nationale. Les députés membres du G4, mirent en place au parlement une stratégie qui donna des sueurs froides à Boni Yayi. 9 mois après sa réélection, le Chef de l’Etat a mis en œuvre plusieurs réformes notamment à la douane et au port de Cotonou. Mais, il a du faire face à une forte résistance. C’est pourquoi, il fit voter une loi taillée sur mesure qui interdit aux douaniers de faire la grève. Mais au-delà, il doit forcément penser aux élections présidentielles de 2016 pour lesquelles il ne pourra pas se présenter.


Bernado Houenoussi

Presse au Bénin



Suspension de plusieurs journaux par la Haac


La presse béninoise dans la tourmente


La constitution béninoise a dévolu entre autres à la Haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication (Haac) : la « mission de garantir et d’assurer la liberté et la protection de la presse », et celle de veiller « au respect de la déontologie en matière d’information ». Durant ce mois de décembre, elle a suspendu à titre provisoire plus d’une dizaine journaux, tandis qu’un autre quotidien est interdit définitivement de paraître.


Edouard Loko, Vice-président de la Haac


La décision de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac), relative à l’interdiction définitive des activités du journal “Le Béninois Libéré“, a suscité beaucoup de commentaires, car elle est sans précédent. L’un des alinéas de l’article 6 de la loi organique qui régit la Haac stipule « qu’en en sa qualité de garante de l’exercice de la liberté de presse et de communication (…) elle prend toute initiative et organise toute action de nature à accroître le respect de la déontologie et de l’éthique, la conscience professionnelle (…) ».Au-delà de cela, elle est-elle vraiment fondée à interdire à titre définitif les activités d’un journal ? C’est la principale interrogation que mettent en avant, tous ceux qui accusent la Haac de se muer en un tribunal. En se référant à la loi du 30 juin 1960 sur la liberté de presse, la décision de suspendre un journal ou un périodique ne doit pas excéder trois mois, et n’est du ressort que d’un tribunal, après le lancement d’une procédure judiciaire bien définie. A part “Le Béninois Libéré“, une dizaine d’autres journaux a été interdit de paraitre selon le cas, pour une période de deux à 4 semaines. Ces journaux sont incriminés pour diffamation, publications non fondées, et pour la «violation du code d’éthique et de déontologie journalistique». Jamais la Haac n’avait suspendu à titre provisoire, autant de journaux en l’espace de quelques semaines. Elle met en avant au travers de ses différentes décisions, sa volonté d’assainir la corporation des journalistes au Bénin. Même si la question de cet assainissement fait l’unanimité au sein des journalistes, la décision de la Haac relative à l’interdiction du quotidien “Le Béninois Libéré“, risque de faire jurisprudence dans les prochaines années.



Bernado Houenoussi

Editorial

Abdoulaye Wade et Etienne Tshisekedi


L’octogénaire Abdoulaye Wade et le septuagénaire Etienne Tshisekedi, ont en commun le fait d’animé la scène politique de leur pays respectif depuis plusieurs décennies. Depuis les années 70, ce sont aussi deux destins politiques, qui se sont forgés dans deux environnements sociopolitiques différents. Mais la sortie de la scène politique est-elle proche pour chacun d’eux ? Pour Etienne Tshisekedi, c’est une réponse par l’affirmative. Après son échec à l’élection présidentielle du 28 novembre dernier qui a été ponctuée par de nombreuses fausses notes, il reste droit dans ses bottes, étant donné qu’il se considère comme étant le nouveau président de la Rdc. Reclus dans sa maison de Kinshasa, c’est en présence de ses proches qu’il a prêté un serment symbolique le 23 décembre dernier. Les partisans de Joseph Kabila, que la Commission électorale indépendante (Cei) a déclaré vainqueur du scrutin présidentiel, ont qualifié cette prestation de serment de « farce ». Quoi qu’il en soit, Etienne Tshisekedi doit faire l’impasse sur ses ambitions présidentielles pour 2016 où l’âge le disqualifie principalement car il aura 82 ans à cette date En 2016 aussi, Joseph Kabila ne pourra pas être candidat au scrutin présidentiel, à cause de la limitation à deux du nombre de mandat présidentiel, qu’impose la constitution. Mais si celui-ci à l’idée de réviser la constitution, il pourra alors se présenter, mais cela reste pour le moment une autre pair de manche. Le jour où Etienne Tshisekedi, organisait sa prestation de serment à lui, Abdoulaye Wade se faisait investir en tant candidat du Parti démocratique sénégalais (Pds), dans le cadre des élections présidentielles de février 2012 au Sénégal. Opposant historique comme Etienne Tshisekedi, Abdoulaye Wade a eu plus de baraqua que ce dernier, car en mars 2000, il a pu décrocher le graal en se faisant élire comme président de la république. Mais avant, il aura eu sur son chemin, Léopold Sédar Senghor puis Abdou Diouf qu’il a battu en mars 2000. Aujourd’hui, l’étoile du chantre du Sopi, à bien pâlit. Ainsi, son opposition politique et une bonne frange de la société civile, estiment que sa candidature est illégale. Abdoulaye Wade qui aura bientôt 86 ans, rêve encore de rempiler pour un nouveau mandat de 5 ans. Mais sa candidature devra être validée au prime abord par les membres du Conseil constitutionnel. Un « Non », de leur part, et il devra rendre son tablier en février 2012. Mais dans le cas contraire, ce sont les électeurs sénégalais qui scelleront son sort politique. Au finish et ce dans quelques années, que retiendra t-on d’Abdoulaye Wade et d’Etienne Tshisekedi ?


Bernado Houenoussi

mardi 20 décembre 2011

La filière des voitures d’occasion importées au Bénin dans la ligne de mire du procureur de Manhattan



Accusations de blanchiment d’argent des autorités américaines contre des établissements libanais


Les béninois financeraient-ils à leur insu, le terrorisme international ?


Les autorités américaines ont déposé le 15 décembre dernier devant un tribunal de Manhattan (Etats-Unis), une plainte contre des établissements libanais qu’elles soupçonnent de blanchir de l’argent. Ces fonds qui proviendraient entre autres, du commerce de voitures d’occasions entre les Etats-Unis et l’Afrique, via notamment le Togo et le Bénin seraient destinés au Hezbollah, que les Etats-Unis considèrent comme étant un mouvement terroriste.


Benoit Degla, Ministre béninois de l'Intérieur


L’Etat béninois engrange chaque année plusieurs milliards de Fcfa, et ce grâce aux différentes taxes qu’il perçoit sur chaque voiture d’occasion importée dans le pays. Ces véhicules sont soit destinés à être utiliser au Bénin, ou à être convoyés vers les pays voisins. Ainsi, deux établissements détenus par des libanais, et opérant dans la filière des voitures d’occasion au Bénin sont aussi visés par cette plainte. Il s’agit en 1er lieu, du groupe Ellisa qui opère dans l’importation de voitures d’occasion au Bénin. La seconde société, nommée Cybamar Swiss est spécialisée dans le transport maritime. Elle se charge de l’acheminement des véhicules au Bénin et au Togo. Selon Preet Bharara, procureur de Manhattan, des centaines de millions de dollars ont été envoyés au Liban entre 2007 et 2011 à partir du Bénin, du Togo et du Ghana. Une partie de ces fonds, aurait été envoyée par le canal de plusieurs établissements financiers. L’autre partie, serait parvenue en liquide au Liban et ce par des courriers humains. Ces deux sociétés seraient également liées au Hezbollah. Depuis l’annonce par les autorités américaines du dépôt de cette plainte, celles du Bénin sont demeurées silencieuses. Au finish, si les soupçons des autorités américaines étaient avérés, les béninois et tous ceux qui utilisent ces voitures d’occasion dans la sous-région ouest africaine financeraient sans le savoir le Hezbollah, un mouvement considéré par les Etats-Unis comme étant terroriste.


A lire et à découvrir :


*La plainte américaine


**Afrique drogue, le blog de Christophe Champin, journaliste à Radio France internationale (Rfi)


Bernado Houenoussi