samedi 12 juin 2010

Chronique politique - Journal Le Mutateur

Gilchrist Olympio




Gilchrist Olympio





Avec l’entrée dans le nouveau gouvernement togolais de sept membres de l’Union des forces du changement (Ufc), Faure Gnassingbé et Gilchrist Olympio viennent de sceller un accord politique inimaginable il y a moins de six mois.

Chacun d’eux a repris le flambeau de leurs pères respectifs qui se sont affrontés politiquement et de la plus violente des manières, au début des années 1960. Aujourd’hui, que diraient ces deux défunts de cette alliance entre leurs fils. Gilchrist Olympio, président de l’Ufc, et opposant historique à Gnassingbé Eyadéma vient ainsi d’entrer dans les rangs. Son parti, naguère cheville ouvrière de l’opposition, s’en tire avec une division qui désoriente ses différentes composantes. Empêché de se porter candidat aux dernières élections présidentielles du Togo, à cause d’un accident domestique, Gilchrist Olympio a jugé plus utile de collaborer avec le Rassemblement du peuple togolais (Rpt) au pouvoir. Pour lui, c’est dans l’intérêt de la population togolaise. Mais, quelles que soient les bonnes ou mauvaises raisons qui l’ont conduit à faire ce choix, celui-ci souffre d’un handicap majeur. En effet, le Rpt est au pouvoir depuis plus de quarante (40) ans. Ce parti, sous la coupe d’Eyadéma père et celui de son fils actuellement, a eu le temps de faire ses preuves et d'étendre des tentacules difficilement déracinables dans toutes les régions du pays. Et, à en juger par l’état du pays, le constat est désolant. Il y a plus de noirceur sur ce tableau, que de points positifs. Comment diantre, Gilchrist Olympio pourra t-il changer un système bien enraciné et qu’il a toujours combattu ? En fin de compte, il n’innove pas; ceux qui rêvent d’un combat d’idées entre ces deux forces politiques n’en auront pas eu pour leur compte. Le Togo a l’air d’une vache à lait dont il faut tirer profit et ce quel que soit le prix politique à payer. Le grand perdant dans ces tractations politiques est cet électorat resté fidèle à l’Ufc, ces centaines de milliers de personnes qui ont toujours cru en l’alternative crédible que représentait Gilchrist Olympio à travers ces combats politiques. Jean Pierre Fabre, Secrétaire général de l’Ufc, qui a remplacé au pied levé Gilchrist Olympio en tant que candidat du parti aux dernières élections présidentielles, fait barrage, depuis ce revirement d’Olympio. Il se fait même tirer les oreilles pour reconnaître la réélection de Faure Gnassingbé. Les manifestations qu’il dirige tous les samedis en sont une parfaite illustration. La guerre de tranchées qui vient de se déclarer au sein de l’Ufc entre les deux camps, à défaut d’une conciliation presqu'impossible, aura peut-être une suite judiciaire. Le bureau du parti, réuni autour de Fabre ayant décidé d’exclure Gilchrist Olympio et les sept membres du parti qui sont entrés au gouvernement. La légitimité des camps pour revendiquer l’héritage de ce parti est en jeu. Et, la justice quelle que soit la décision qu’elle rendra lors d’une éventuelle saisine par un des camps, ira de sa petite musique en faveur de l’une ou l’autre des deux parties. Aujourd’hui septuagénaire, et au crépuscule de sa vie politique, que retiendra l’histoire de Gilchrist Olympio ? L’opposant historique, marchant dans la droite ligne de son feu père ou celui qui a cédé finalement aux sirènes du pouvoir ?

Bernado Houenoussi

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