jeudi 8 avril 2010

Bilan de 4 ans de Boni Yayi

Eugène Azatassou, Coordonnateur de l'Alliance Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe)

Bilan des quatre années de Boni Yayi au pouvoir






Eugène Azatassou soutient le Changement





Le mandat du Président de la République, Boni Yayi, tire à sa fin. Ainsi, dans le cadre du bilan de son action après quatre années d’exercice, le Coordonnateur de l’Alliance des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), Eugène Azatassou a accepté, de nous confier ses analyses sur les résultats de cette période de gestion du pouvoir.





Journal Le Mutateur : Monsieur le Coordonnateur des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), ce jour 06 avril est la commémoration de la 4ème année au pouvoir duPrésident de la République. En

quatre ans, est-ce que vous pensez qu’il y a eu une certaine évolution au niveau du Bénin ?







Eugène Azatassou : En quatre ans, il y a eu une évolution indéniable et, ça, tout le monde le sent, tout le monde le sait, tout le monde le voit. Il y a une évolution dans tous les domaines. Si l’on prend le domaine économique, on sent bien qu’il y a eu beaucoup d’investissements faits, notamment dans l’agriculture, la question de la mécanisation de l’agriculture ; il y a eu beaucoup d’investissements sur le coton. Les investissements continuent ; il est vrai, là, les problèmes sont très profonds et, il faudra encore beaucoup d’efforts pour sortir le coton de l’ornière. Mais, on a vu qu’au niveau des produits vivriers, nous avons des céréales, ça a pris très bien. Et, il y a au domaine économique, les infrastructures qui se développent, les infrastructures sont nettement visibles à Cotonou mais, c’est un peu partout comme ça que cela se passe : les routes, les ponts, les routes goudronnées, les pistes et tout ça. C’est vrai que beaucoup de choses restent encore à faire dans beaucoup de régions et ça donne l’impression que ce qui est fait a une portée limitée mais personne ne peut dire sérieusement que rien n’a été fait.



Lorsqu’on prend le micro-crédit aux plus pauvres, ça a un aspect social, mais ça a un aspect économique important, puisque ça permet aux femmes d’entrer petitement, c’est vrai, mais d’entrer quand même dans le processus de production ; le micro-crédit permet aux femmes les plus pauvres de s’activer et de produire par elles-mêmes, c’est extrêmement important.



En dehors de ça, dans le domaine social, on a noté des avancées : les différentes gratuités, que ce soit dans l’enseignement, que ce soit la césarienne, les différents investissements au niveau de l’école, au niveau de la santé, sont là et notables, distribués sur toute l’étendue du territoire.



Toujours dans le domaine social, les salaires des travailleurs ont été revus à la hausse, notamment les salaires les plus bas. La situation des enseignants de tous ordres a été améliorée. Donc, il y a eu beaucoup d’avancées à ce niveau-là aussi.



Si on prend au plan politique, là encore, on a noté le fait que la démocratie est bien en place, parce que l’Opposition a un statut qu’elle peut utiliser à loisir, même si elle ne l’utilise pas, et ça, ce n’est pas la faute au Gouvernement. Les libertés fondamentales sont respectées, disons la liberté de presse ; si on voit tous les titres contre le Gouvernement et contre le Chef de l’Etat dans la presse écrite et dans la presse audiovisuelle, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de liberté de presse. Si ce sont les médias publics, il y a beaucoup de critiques à ce niveau ; toujours est-il que lorsque des gens organisent des événements et veulent les faire passer sur les médias publics, je crois qu’il n’y a pas d’opposition fondamentale à cela. Et puis, il y a la Haac qui joue son rôle de régulation ; on a vu à travers ses différentes décisions qu’elle n’est pas partiale, elle frappe dans tous les sens. Je me rappelle que l’Ortb a été sommée de diffuser une émission de Me Adrien Houngbédji, c’est Me Adrien Houngbédji qui n’est pas venu. Par conséquent, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de liberté de presse au Bénin.



On a parlé souvent des interdictions de marches, à gauche, à droite, pour parler de liberté d’expression. En fait, il n’y a aucun pays au monde où l’autorité administrative ne détient pas la capacité de juger si une manifestation peut conduire aux troubles à l’ordre public ou pas ; ce serait un pays d’anarchie. Donc, l’autorité dispose de cela, et l’autorité peut en user quand les informations lui permettent de penser qu’il y aura trouble à l’ordre public. Il suffit que les différentes autorités concernées n’abusent pas de cela. C’est vrai qu’il y a eu des interdictions de marche, mais il y a eu des marches et, l’opposition ne peut pas dire qu’elle n’a pas marché, elle a marché, elle est allée, elle est venue, sous le soleil et tout, donc, il n’y a pas eu d’entraves aux marches de l’Opposition, quand on a compris que ça ne pouvait pas conduire aux troubles à l’ordre public. Donc, là encore, je ne vois vraiment pas de problème.



L’autre problème, au plan politique, ce sont les prétendues atteintes à la liberté. Disons qu’on se souvient que l’Opposition a recherché fébrilement un prisonnier politique, parce que, pour renverser un pouvoir, surtout au Bénin, on sait qu’il faut trouver des atteintes aux libertés, des atteintes à la démocratie, il faut trouver des prisonniers d’opinion, parce qu’on sait que le Béninois est extrêmement sensible à cela. Donc, on a inventé même des situations, on a le cas d’Amégnissè, on a vu ce que ça a donné, c’était un pur montage ; on a vu le cas du Maire de Dangbo où on a marché, on a projeté des marches, mais, dès que le Procureur de la République a fait sa sortie, tout le monde est parti s’asseoir sans demander son reste. Donc, là non plus, il n’y a eu aucun problème. On ne peut pas dire que la démocratie n’est pas en marche au Bénin.



Il y a eu les élections et l’installation des conseils communaux issus des élections de mars 2008 ; ça a donné lieu à des gorges chaudes et à des écrits, pour montrer que la loi n’était pas respectée, etc. Mais, on a vu que ces élections étaient une catastrophe, une catastrophe organisée par une Cena proche de l’Opposition, et que la victoire des peuples a été carrément volée par endroits. Donc, ce qui était demandé au pouvoir, c’est d’installer les conseils issus du vol de la victoire des peuples, en marchant éventuellement sur des cadavres, en sortant les chars d’assaut ; le pouvoir a montré qu’il faut procéder plutôt par la persuasion pour discuter avec les populations au lieu de les massacrer, parce que, si on les avait massacrées, nos amis auraient été les premiers à trouver que le Gouvernement est sanguinaire, est barbare, etc. Donc, on a procédé par la persuasion et vous voyez, les conseils sont installés. En passant, il faut dire ces élections ont montré la limite de notre processus électoral. C’est pour cela que le Chef de l’Etat a autant insisté sur la réalisation de la lépi. On voit bien qui est contre la lépi ! C’est clair que le processus électoral que nous avons ne peut pas continuer. Supposez un instant que ce soient les élections législatives ou présidentielles qui soient dans le même sort et que la Cour constitutionnelle ou la Cour suprême soit obligée de gérer et de faire reprendre deux bonnes années après. Qu’est-ce que ça aurait donné comme atteintes à la paix sociale ? Donc, pour ne pas en arriver là, il faut au moins régler le premier maillon de la fraude qu’est la liste électorale. C’est pour ça que le Chef de l’Etat insiste tant. Par contre, on a vu que les gens préfèrent allègrement revenir à la liste manuelle, la liste où les morts peuvent voter, où les mineurs peuvent voter, où les étrangers peuvent voter ; c’est ça qui les intéresse mieux. A quelles fins ? Vous leur tendrez votre micro pour qu’ils puissent vous le dire, mais, nous, on trouve que c’est inadmissible et qu’on ne peut pas jouer comme ça avec notre destin, le destin d’un peuple pacifique. Voilà, je pense qu’au plan politique, si on fait le tour, en réalité, il n’y a pas d’atteintes à la démocratie. Au plan politique, il y a des avancées, il y aura encore davantage d’avancées, si on met moins d’entraves à l’action du Chef de l’Etat ; les institutions fonctionnent, les institutions fonctionnent correctement. De temps en temps, le Parlement est bloqué mais ce n’est pas dû au Chef de l’Etat. On accuse le Chef de l’Etat d’avoir la mainmise sur certaines institutions. En fait, c’est des gens qui veulent contrôler les institutions et qui n’y parviennent pas qui le disent. Nous, on a trop de respect pour les personnalités qui sont les institutions de la République, on sait que c’est des gens qui sont des hommes d’honneur, qui savent se battre pour leurs convictions et qui ne s’exécutent pas comme des moutons. Par conséquent, on ne peut pas dire ça décemment dans notre pays.



Sur le plan de la gouvernance, il y a deux aspects : l’aspect de la corruption, du pillage des deniers publics et l’aspect du régionalisme, qui font couler beaucoup d’encre. En ce qui concerne la corruption, le pillage des ressources, il faut dire que, dans notre pays, la corruption était à l’état endémique et est toujours à l’état endémique. Un phénomène comme celui-là ne se résout pas par quelques mesures, ne se résout pas parce qu’on le veut bien ; il faut prendre des mesures, les exercer et les suivre, et surtout, tenir le bon bout. Le Chef de l’Etat actuel a montré, en réveillant les structures de contrôle, l’Ige (Ndlr : Inspection générale d’Etat), les Igm (Ndlr : Inspection générale des ministères), qu’il veut bien faire le contrôle ; il a montré, dans un cas précis comme l’affaire Cen-sad, qu’il pouvait même se débarrasser de ses collaborateurs et les mettre à la disposition de la manifestation de la vérité ; il n’a pas protégé des gens parce qu’ils sont ses collaborateurs, il leur a dit : « Vous êtes ministres, vous pouvez quitter le portefeuille de ministre et vous présenter comme simples citoyens ». Et, on attend la manifestation de la vérité.



Je crois que beaucoup de gens ne font pas mieux que ça ; j’en veux pour preuve l’affaire du Maire de Dangbo, qui a montré que certains sont contre la corruption quand ce n’est pas leur partisan qui est corrompu. Il y avait des présomptions de détournement qui ont fait que la justice a pris des mesures. Mais, on a marché, on a projeté de remarcher, mais on a compris que c’était un peu trop gros, et c’est pour ça qu’on a arrêté. Donc, ces amis-là sont virulents contre la corruption quand ce n’est pas leur partisan ; je me demande ce que ce sera quand ils seront au pouvoir. C’est un problème Donc, sur ce plan-là, la résurgence des affaires ne doit pas surprendre mais, la façon dont on les traite, c’est ça qu’il faut regarder et, surtout, ce qui reste à faire, c’est la réforme de la justice, pour l’adapter de façon à ce que les affaires, lorsqu’elles apparaissent, que leurs auteurs soient réprimés à la juste mesure de leur forfait.



En ce qui concerne le régionalisme, il y a deux aspects : il y a l’aspect consistant à favoriser une région et celui selon lequel le Nord a trop dirigé. Concernant le premier aspect, tous ceux qui ont une parcelle de pouvoir subissent des pressions qui viennent d’abord de ceux qui sont proches, donc de ceux qui sont dans le même parti, de ceux qui sont dans le même mouvement, de ceux qui sont dans la même région ; c’est d’abord eux qui peuvent faire pression. Les autres qui ne sont pas connus font difficilement pression. Par conséquent, ces pressions, dans un Etat comme le nôtre, on doit y résister et on doit pouvoir faire l’équilibre. Donc, il s’agit de faire le point pour savoir si c’est équilibré ; si ce n’est pas le cas, il faut le faire. Mais, ceux qui font les critiques-là ne sont pas des exemples, ce ne sont pas eux qui peuvent nous donner des leçons en la matière ; ils ont géré par le passé et on a vu que, eux, ils n’ont pas pu du tout résister à ces pression. Quelqu’un a été Premier ministre ici et, en plus de son portefeuille, trois autres ministères ; ça fait quatre : il les a concentrés dans son environnement immédiat, il n’en a même pas donné un à la région, en dehors de son environnement immédiat. Donc, il ne faut pas qu’on nous trompe ; il y en a d’autres, quand ils prennent les ministères, on a l’impression que ce sont les parents et les gens de la même région qui les remplissent. Donc, ça devrait amener les une et les autres à être plus indulgents et à être plus sereins, à ne pas se poster en donneurs de leçons, alors qu’eux-mêmes ne valent pas mieux.



L’autre aspect, c’est : « Le Nord a trop dirigé ; maintenant, il faut que ce soit le Sud ». Moi, ça m’amuse quand ce sont les tombeurs de Soglo en 1996 qui véhiculent ça. Les tombeurs de Soglo. A l’époque, le Président Kérékou avait dirigé dix-huit ans, Maga avait dirigé trois ans d’abord et deux ans ensuite. Si on totalise tout, le Nord avait dirigé longtemps, le Sud très peu. Mais, ils n’ont pas hésité à s’allier au Président Kérékou pour faire tomber le Président Soglo ; ils ne se sont pas demandés si le Président Kérékou était du Nord. En 2001, ils ont réitéré la chose alors que le Président Kérékou venait encore de faire cinq ans de plus. Mais, ça ne leur a pas posé des problèmes ; c’est maintenant quand c’est leur tour de devenir président qu’ils trouvent que le Nord a trop dirigé. Cela veut dire que ces amis politiques ne sont pas régionalistes, il ne faut pas croire ça, non ; ils s’aiment, ils se tiennent à travers toutes les régions du pays mais, c’est quand leur intérêt commande qu’ils peuvent ressusciter les vieilles théories, mettre le pays à feu et à sang, opposer les peuples entre eux, rien que pour gouverner. Le peuple béninois doit combattre ça avec la dernière énergie.



Voilà à peu près ce que je voulais dire par rapport au bilan du Chef de l’Etat, après quatre ans de pouvoir.







Pensez-vous que ce bilan est largement suffisant pour faire réélire le Président Boni Yayi en 2011 ?







Il y a eu beaucoup de chantiers ouverts et, quand je dis chantiers, je ne pense pas aux routes et aux ponts seulement, aux bâtiments, non, je pense à tout, dans tous les domaines. Dans le domaine de la lutte contre la corruption, c’est un chantier, puisqu’il reste des choses à faire, il reste à poursuivre ce qui a été fait. Si vous prenez même les micro-crédits, c’est un chantier, on ne peut pas penser qu’on a distribué 30 mille francs ou 50 mille francs aux femmes et qu’on en reste là. Normalement, celles qui savent s’organiser doivent être poussées plus loin dans le processus de la production. Donc, dans tous les domaines, c’est des chantiers et, on ne peut pas s’attendre à ce que, en cinq ans, un chef d’Etat ait fait tout et très bien. Par conséquent, le bilan est élogieux, à mon avis, mais il montre que c’est des chantiers qui sont ouverts et qu’il vaut mieux que celui qui les a ouverts les achève ; si on amène quelqu’un qui n’est pas responsable de ça, les gens qui trouvent que les choix du Chef de l’Etat sont hasardeux, s’ils ne sont pas concernés par les différentes mesures prises, si vous les amenez et qu’ils arrêtent tout ça, qui sera responsable ? Vous ne leur demanderez pas des comptes, puisque ce n’est pas eux qui les ont entamés. Celui qui les a entamés, s’il ne les achève pas, on a le droit de lui demander des comptes, quand il aura fini et qu’il ne les aura pas poussés jusqu’à un certain point. A moins, celui-là, on peut l’interpeller ; les autres peuvent arrêter allègrement sans qu’on ait le droit de leur demander quoi que ce soit. Par conséquent, je pense que le peuple béninois doit reconduire le Chef de l’Etat actuel, ne serait-ce que pour qu’il finisse ce qu’il a commencé et qu’il mette le Bénin sur l’ornière.







Propos receuillis par Marcel kpogodo

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