mercredi 10 mars 2010

Présidentielles au Bénin

Boni Yayi, Président du Bénin

Elections présidentielles de 2011

Qui fait peur à Boni Yayi ?

Le président de la République béninoise, Boni Yayi, entre dans sa dernière année de mandat. Comme il fallait s’y attendre, les initiatives d’ordre politique viennent de toutes parts, pour envisager quelle donne proposer aux populations en vue d’un maintien ou d’un bouleversement du régime établi depuis avril 2006. Ainsi, les forces qui se mettent en ordre de bataille laissent se demander si l’actuel locataire de la Marina du Bénin a des inquiétudes à se faire, au cas où il voudrait renouveler son mandat.


Boni Yayi a-t-il du souci à se faire ? De toute façon, il est plus sûr désormais qu’en 2011, s’il décidait de se lancer dans la course pour se donner un second mandat, il devrait faire face à un certain nombre de poids lourds de la politique béninoise. D’abord, un candidat unique émanant du groupe ’’L’Union fait la nation’’, Adrien Houngbédji, Léhady Soglo, Antoine Kolawolé Idji, Lazare Sèhouéto ou Emmanuel Golou, ou bien, toutes ces personnalités à la fois, dans le cas où les dernières stratégies pour venir à bout de l’actuel locataire de la Marina auraient décidé de laisser se présenter tout le monde au premier tour, afin de faire pencher l’électorat contre le Président, au second, par le système très influençable du report des voix. Là, en chœur, on demanderait aux populations de porter leur choix sur l’adversaire du Docteur. D’un autre côté, le camp qui se constitue autour de l’actuel Président de la Banque ouest-africaine de développement (Boad), Abdoulaye Bio Tchané, se dénommant ’’Coalition Abt’’, fait feu de tout bois pour amener les futurs électeurs à comprendre que la doctrine du Changement a du plomb dans l’aile et qu’il faudrait leur leader pour « changer le Changement ». C’est un peu à ce type de discours qu’il a fallu assister le samedi 06 mars dernier au Centre international des conférences de Cotonou. A part ces deux blocs qui, chaque jour que Dieu fait, mûrissent leurs plans d’attaque pour 2011, on devrait compter avec quelques petits candidats, inconditionnels participants à la course présidentielle béninoise, qui ne voudraient, pour rien au monde, se faire conter les conditions multidimensionnelles assez éprouvantes du sprint : Marie-Elise Gbèdo, Léandre Kouessan Djagoué, notamment. Inévitablement, rien ne les empêchera de tutoyer, dans les pourcentages, les rangs les plus modestes du palmarès des présidentiables, vu leurs énormes difficultés, depuis au moins deux consultations, à faire frémir les populations sur leur projet de société.



Quelle partition pour le peuple ?



Et, le peuple constitue d’ailleurs l’équation au nombre incalculable d’inconnues, qui devrait plus donner matière à réflexion à tous les futurs candidats aux présidentielles de 2011 et, plus précisément, à Boni Yayi qui, durant une bonne partie de son mandat, n’a fait que cligner de l’œil de son côté, à la moindre action qu’il était amené à faire. En effet, c’est ce peuple qui, en 2006, muré dans un anticonformisme complètement inattendu, avait déjoué tous les calculs de la classe politique ambiante, en faisant sortir du chapeau du magicien un vainqueur dont, jusqu’à la dernière minute, le nom suscitait rires moqueurs, mépris et coups bas de toutes les factures : Boni Yayi, justement jamais élu auparavant quoi que ce soit dans le pays, qui s’est trouvé propulsé par ce peuple à la plus haute fonction administrative, alors que, peut-être, lui-même n’y croyait pas trop, en amenant le présidentiable arrivé du 3e au 26ème rang, à reporter ses voix sur l’ancien Président de la Boad, au second tour, alors que ce peuple connaissait plus dans l’arène des aspirants à la Marina, Adrien Houngbédji comme le successeur naturel des dinosaures Nicéphore Soglo et Mathieu Kérékou, finalement frappés par l’âge. Ce peuple est l’entité dont Boni Yayi devrait sonder la décision ultime au premier comme au second tour, puisque c’est lui qui qualifie pour l’un et l’autre. Il est celui qui devrait faire peur à Boni Yayi, étant donné qu’on a vu en France, en 2002, le Premier ministre Lionel Jospin, ne même pas figurer dans le duo de tête qui devrait mener l’affrontement final pour la conquête de l’Elysée. D’autre part, si le Chef de l’Etat béninois briguait un second mandat en 2011 et que le peuple le qualifiait pour un second tour, c’est encore lui qui rendra de productif ou de nul effet les stratégies de l’Opposition qui laisse croire à tout bon observateur de la politique béninoise que le second tour va lui servir de tremplin pour écourter le séjour de Boni Yayi à la Marina ; il envisagerait de se coaliser dans le sens contraire à celui de 2006, en appelant les votants à opter pour le challenger de l’actuel Président de la République. Même le probable candidat, Abdoulaye Bio Tchané serait prêt à jouer le jeu du « Tout sauf Boni Yayi ». Donc, en dernier ressort, c’est le peuple qui départagera, suivant ou bafouant la consigne du « chassage ». C’est lui que Boni Yayi devrait convaincre à un deuxième anticonformisme, si le jeu de ’’L’Union fait la nation’’ prospérait.

Marcel Kpogodo