lundi 16 février 2009

Bio Tchané, la mauvaise candidature



Politique nationale au Bénin


Comment le très brillant Bio Tchané pourrait nuire au Bénin


En ces moments-ci, chaque jour que Dieu fait, des rumeurs persistantes laissent croire à la prochaine candidature d’Abdoulaye Bio Tchané, actuel Patron de la Banque ouest-africaine de développement (Boad), aux élections présidentielles de mars 2011. En réalité, si cette candidature était effective, en dépit de la forte carrure de son auteur, elle n’apporterait que des déconvenues au Bénin.


La candidature d’Abdoulaye Bio Tchané ne servira pas les intérêts béninois au plan international, même s’il reste le cadre béninois rompu ayant occupé l’un des postes les plus élevés au plan international, en tant que Directeur du Département Afrique du Fonds Monétaire international (Fmi). S’il se déclarait candidat à la succession de Boni Yayi aux prochaines présidentielles de 2011, cela ne serait pas une mauvaise chose en soi, étant donné son parcours d’une précocité remarquable et le droit qui relève du sien de s’investir dans la vie politique et, par extension, de tenir les rênes du pays. Cependant, cela ne pourrait être que vu d’un très mauvais œil, de la part des pays de la sous-région et au niveau de la communauté internationale. En effet, Boni Yayi, qui l’a précédé à la Banque ouest-africaine de développent (Boad), avait, fort heureusement pour lui, fait de ce poste une rampe de lancement pour atteindre la Marina. Et, cela n’avait pas suscité de contestations, des remous et de la désapprobation, vu qu’il était en train d’achever très brillamment deux mandats de six années chacun et qu’il était censé avoir donné le meilleur de lui-même à cette institution qu’il a marquée de ses empreintes d’airain, par un relèvement économique sans précédent, applaudi dans tous les pays de l’Union monétaire ouest-africaine (Uemoa), en France, en Europe, aux Etats-Unis, en Asie et dans le monde. En outre, il était réellement original qu’un Président béninois de la Boad passe à la Marina, après avoir montré de quoi il était capable, surtout que notre pays était en déliquescence économique et que le peuple a jugé que son profil était le meilleur pour sauver le Bénin du marasme économique.



Bio Tchané, un cas peu avantageux



Pour ce qui est d’Abdoulaye Bio Tchané, sa candidature en 2011, si elle s’avérait concrète, va ternir l’image du Bénin à l’extérieur, à commencer par ceux de la sous-région ouest-africaine. Ceci, étant donné que, d’abord, en 2011, il serait en train d’achever sa troisième année seulement à la gestion de la Boad, ce qui ne lui aura pas permis de faire toutes ses preuves. Ensuite, les pays de la sous-région et de la communauté internationale vont considérer que les cadres béninois ont commencé à instrumentaliser la Boad pour se donner une grande influence politique et se faire une place de choix dans la course aux présidentielles dans leur pays ; ils vont comprendre que nos compatriotes se font positionner à ce poste, non pour faire valoir leurs compétences et développer la Banque mais, surtout, pour des intérêts égoïstes. S’ils considèrent les choses ainsi, ils verraient désormais d’un mauvais œil qu’un Béninois occupe, après Bio Tchané un tel poste. Et, ce qui est valable pour la Boad pourrait l’être pour un grand nombre d’autres postes sur la sphère internationale, étant donné que les instances vont se passer le mot de l’ « opportunisation » trop personnalisante par les Béninois des grandes fonctions internationales. Dans ces conditions, que devient l’engagement de nos gouvernants à promouvoir les valeurs scientifiques, techniques et intellectuelles de notre pays au plan international, et qui a permis à des Luc Constant Gnancadja, Jean-Pierre Ezin, Abraham Zinzindohoué, …, de se rendre incontournables aux postes respectivement onusien et sous-régionaux dans lesquels leur excellence est reconnue ? Même s’il est bel et bien dans ses droits, Bio Tchané devrait réfléchir à deux fois avant de prendre la décision fatidique de cette candidature, semble-t-il, précoce, qui desservirait aussi bien le peuple béninois que lui-même.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonne analyse !

Cela dit, ne fait-elle pas la part belle plus aux autres Etats que le Bénin ?

Pourquoi, si j'ai le choix de développer le Bénin ou l'UEMOA, ne privilégierais-je pas mon pays le Bénin ? Je n'ai rien contre le développement d'un espace supra-Etatique, signe de co-développement ... mais un Bénin-fort, un Bénin doté d'une bonne gouvernance constituera AUSSI une force et un fer de lance de l'UEMOA.

C'est là ma petite analyse pour ma part.

Bien à vous.