vendredi 23 janvier 2009

"Vidomègon", enfants placés du Bénin


Gratuité de l’enseignement maternel et primaire au Bénin

L’opportunité d’éradication du système « Vidomègon »




Félicien Chabi Zachari, Ministre béninois de l'Enseignement
maternel et primaire

L’année scolaire 2008-2009 est la troisième qui voit l’application de la gratuité de l’enseignement à la maternelle et au primaire du Bénin. Devant un processus d’abord difficile, laborieux mais qui commence à prendre corps, la gratuité
de la scolarité chez les poupons béninois devrait être
considérée comme un grand atout pour la lutte contre
la pratique des enfants placés, localement appelé « Vidomègon ».

Il n’y a pas meilleure arme actuellement pour éradiquer le phénomène de « Vidomègon » que la gratuité de l’enseignement maternel et primaire ; si, plusieurs parents d’enfants, résidant surtout en zone rurale, justifiaient facilement le placement de leurs rejetons auprès de personnes établies en ville ou à l’étranger, et considérées comme ayant réussi socialement, c’est qu’ils utilisaient l’argument de leur dénuement financier, notamment leur incapacité à supporter la scolarisation de ceux-ci. Ainsi, ils préféraient les confier à des parents lointains ou, pour la plupart des cas, à des inconnus, recommandés par des démarcheurs souvent bien inspirés, parfaitement informés sur les besoins de ces « accueilleurs ». Et, les nouveaux tuteurs, en contrepartie de l’exploitation totale dont les enfants sont l’objet, soit en ce qui concerne l’assistance à la mère de famille dans les travaux ménagers et dans la vente de produits au marché ou à la criée, soit par le travail assez éprouvant dans des plantations ou dans des carrières, lorsque ces enfants se retrouvent au Gabon, en Côte d’Ivoire ou, entre autres, au Nigeria, ces tuteurs de circonstance donc, se doivent d’assurer à l’enfant placé, au « vidomègon » le toit, la nourriture et toute situation devant le préparer à une vie sociale future épanouie. Mais, la déviance dans la pratique a permis d’assister à toutes les formes de maltraitances vis-à-vis du nouvel arrivé de façon à même le priver d’école lorsque les enfants du foyer eux, y étaient envoyés. Avec la gratuité au Bénin de l’enseignement à la maternelle et au primaire, les parents, quel que soit leur lieu de résidence sur le territoire, n’auront plus d’arguments valables pour refuser d’envoyer leur progéniture à l’école si certaines mesures additives sont prises par l’Etat.

La main juridique

En premier lieu, il faudrait que l’Etat renforce la mesure courageuse déjà prise en déchargeant complètement les parents inscrivant leurs enfants dans l’enseignement public : pourvoir ces jeunes apprenants, comme au temps de la colonisation, de l’uniforme kaki et de la totalité des fournitures scolaires. Ensuite, un texte de loi doit suivre, imposant et régulant l’envoi obligatoire de tout enfant béninois d’au moins quatre ans à l’école. Par conséquent, tout petit d’à partir de cet âge qu’on verrait se promener dans la rue, proposant des marchandises dans un plateau sur la tête, arpentant les tas d’ordures, ou servir dans un atelier, en dehors des normes réglementaires, verrait ses parents condamnés à une forte amende ou à une peine de prison. Toutes les structures étatiques ou non, ayant en charge la préparation du bien-être des citoyens de demain, petits innocents d’aujourd’hui, ont maintenant du pain sur la planche : notamment, les Ministères de la Solidarité, de l’Enseignement maternel et primaire, de l’Intérieur, les Députés à l’Assemblée nationale, les Ong spécialisées dans l’assurance de l’enfance heureuse, doivent se mettre dès maintenant en branle, pour peu que leurs professions de foi en faveur de l’enfant soient sincères, pour l’arsenal juridique devant sécuriser nos enfants, ces charmants êtres dont certains adultes, impitoyablement cupides, manipulent et compromettent affreusement le destin. Si l’on suit cette allure, le Bénin de 2025 comptera un nombre très faible d’analphabètes.




Marcel KPOGODO