mercredi 3 décembre 2008

Abomey-Bohicon - 28 & 29 novembre 2008: Discours et Résolutions du Front Commun

Discours de Bruno Amoussou


Honorables invités, Mesdames et Messieurs, Chers Amis,

Souvenez-vous, chers amis, de l’enthousiasme populaire qui avait accueilli les conclusions de la Conférence nationale que nous avions organisée en février 1990.
Souvenez-vous du soulagement et de la satisfaction des populations à l’annonce des résultats des élections présidentielles et de leur acceptation par le concurrent du candidat élu en 2006.
Souvenez-vous de l’immense espoir suscité par la promesse de changer, en bien, espérions-nous, la conduite des affaires publiques pour la réalisation du rêve que nous avions cristallisé à l’article 9 de notre Constitution en y affirmant que : « Tout être humain a droit au développement et au plein épanouissement de sa personne, dans ses dimensions matérielle, temporelle, intellectuelle et spirituelle, pourvu qu’il ne viole pas les droits d’autrui ni n’enfreigne l’ordre constitutionnel et les bonnes mœurs ».
Souvenez-vous des nombreuses initiatives que nous avions prises pour soutenir l’action du Chef de l’Etat afin de lui permettre de bénéficier de l’intelligence de toutes les Béninoises et de tous les Béninois ainsi que de leur disponibilité à l’aider dans l’accomplissement de ses responsabilités.
Parce que nous nous sentons bâtisseurs du présent, nous savions, à travers notre hymne national, que nous serions plus forts dans l’unité, chaque jour à la tâche.
Ce fut le motif de la mobilisation de tout notre peuple, debout.
C’est aujourd’hui, hélas, la raison de notre grande déception, de notre inquiétude pour l’avenir de notre pays, dans ce monde en pleine mutation.
C’est également la raison du sursaut qui nous a conduits ce jour, vendredi 28 novembre 2008, dans cette salle. Comme nous en avons convenu, nous passerons deux jours ensemble, certainement pour mieux nous connaître mais, sûrement, pour cultiver notre aptitude à travailler ensemble, partager nos expériences et nos propositions pour un Bénin apaisé, comme nous l’aimions.
Par le passé, il nous est arrivé de livrer des combats électoraux féroces. Mais, nous avions toujours su nous en tenir à l’essentiel. Nous avions toujours réussi à déjouer les plus sombres pronostics et à maintenir un climat de paix. S’il nous est possible de nous retrouver aujourd’hui, c’est parce que, hier, nous n’avions pas franchi le paix de la violence et que l’intolérance n’a jamais guidé nos actions.
C’est à continuer dans ce sens que nous voulons nous engager. Déjà, les travaux préparatoires à cette rencontre ont fait tomber de solides murs d’incompréhension. Ils ont ouvert de nouveaux horizons dans nos relations. Nous savons maintenant que l’accord sur ce qui ne va pas n’emporte pas automatiquement un accord sur ce qu’il faut faire. Il est à souhaiter qu’à la fin de nos travaux, nous puissions dégager pour notre peuple des perspectives qui lui permettent d’espérer.
L’actualité internationale a fait souffler sur le monde entier un vent d’optimisme au moment même où des crises alimentaires, énergétiques et financières assombrissaient l’horizon. « Oui, nous pouvons » est devenu le slogan de ceux qui plongeaient dans le désespoir. Il faudrait cependant le vouloir et s’en donner les moyens. N’est-ce pas l’une des raisons de notre présence ici ?
Le chemin à parcourir sera long et plein d’embûches. Nous venons d’apprendre que, depuis plus de 200 ans, l’élection du président des Etats-Unis a lieu un jour fixe, « le mardi suivant le premier lundi de novembre de la quatrième année suivant l’élection présidentielle ». Cela a encore été le cas cette année. Et, voilà que, pendant ce temps, nous, nous ne savons pas encore si la nôtre aura lieu en 2011 et à quelle date. Dans ce grand et puissant pays, depuis 1933, le président élu prend fonction le 20 janvier à midi. Ce sera encore le cas cette fois-ci. Nous autres, nous ne connaissons pas encore la date de l’élection des maires et leur prise de fonction, à la suite d’élections que nous avons organisées il y a plus de sept mois.
Aussi devons-nous nous interroger pour identifier ce qui nous empêche de réfléchir et d’agir comme les autres.
Il y a quelques années, l’un des pays de notre sous-région était comparé à la Suisse. On parlait de miracle au sujet de la forte croissance d’un autre. Dans ces pays, leurs dirigeants avaient construit des routes, des échangeurs, des aéroports, des salles de classe, des centres de santé. Des investisseurs étrangers se précipitaient dans ces contrées enviées par nous tous.
Mais, pour n’avoir pas réglé la question politique, ces pays se sont retrouvés dans de grandes difficultés. Tout ce qui avait été réalisé a été laissé à l’abandon. Les aéroports sont devenus déserts. Faute de clients, les hôtels ont été livrés aux chauves-souris et se sont dégradés. Les routes ont été défoncées et des ponts ont été emportés par les inondations. Pire, la société s’est disloquée et des conflits internes plus ou moins violents ont amené les investisseurs à fuir pour s’installer dans des endroits plus sereins, ou des bailleurs de fonds à suspendre leur coopération. Aujourd’hui, les nouveaux dirigeants de ces pays sont obligés de recommencer et de rebâtir.
C’est donc la question politique qui doit être au centre de nos travaux si nous voulions assurer le développement durable de notre pays. Tous ceux qui aiment notre peuple et désirent sincèrement l’aider à vaincre la pauvreté doivent donc se préoccuper également de la question politique, de la gouvernance politique et non pas continuer à nous égarer sue des routes qu’eux-mêmes n’ont jamais empruntées.
Nous venons de vivre aux Etats-Unis une campagne électorale où des candidats ont présenté, pendant deux ans, leur programme à leurs concitoyens et au monde entier. Tous membres de partis politiques et intervenant dans le cadre de leur parti politique, ils ont offert à leurs électeurs des choix qui ont déterminé les votes. Nous ne retrouvons dans aucun pays développé les modèles apolitiques qui nous sont proposés et que nous chérissons. Voilà pourquoi, nous, responsables politiques, devons nous armer pour assumer nos responsabilités en tant qu’animateurs principaux de la vie publique.

Chers amis,
Aussi grand que soit notre désir de ne point nous noyer dans la critique du présent, il paraît difficile d’ouvrir de nouvelles pistes sans évaluer le chemin parcouru. La tâche nous est facilitée par l’opinion unanime sur le blocage auquel nous a conduits la pratique politique mise en œuvre depuis 2006. Le Chef de l’Etat et son Gouvernement en ont pris la mesure en convoquant des journées nationales d’échanges et de dialogue politique. Ils ont enfin compris que leur marche à pas forcés ne peut susciter l’adhésion et l’enthousiasme populaires sans lesquels aucun développement n’est possible.
Il est incontestable que la cause première de nos difficultés actuelles se trouve dans la pratique politique du régime dudit Changement, dans sa philosophie politique et dans son style de gouvernement. Nous connaissons ces théoriciens qui avaient envahi notre pays dès la prise de pouvoir du Chef de l’Etat. L’un de leur poète invitait, souvenez-vous, le peuple à venir « contempler le cadavre livide de la vieille classe politique. » Leur conception de l’action publique vantait les liens qui reliaient directement le peuple à son chef charismatique. Elle recommandait l’affaiblissement et l’élimination des autres acteurs de la vie publique, présentait les institutions de contre-pouvoir comme des freins à l’action bienfaisante du Chef, seul en mesure de comprendre et de satisfaire les aspirations du peuple.
C’est la raison pour laquelle ses tenants ne considèrent que les apparences de la démocratie et rejettent l’expression de la souveraineté du peuple, à travers ses représentants. C’est cela l’origine de la crise à l’Assemblée nationale. C’est cela l’explication des conflits avec la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication. C’est aussi la raison de la confiscation des compétences des Communes par le pouvoir exécutif.
Ce lien direct du Chef avec le peuple conduit à organiser de grands rassemblements, sans aucune préparation, dont la finalité est de servir de couverture aux décisions déjà prises. De telles manifestations présentent les apparences d’un dialogue démocratique alors qu’en réalité, elles sont destinées à entériner le contenu du monologue présidentiel à leurs séances d’ouverture et de clôture. Ces feintes et ces esquives des principes démocratiques alimentent un vacarme médiatique qui s’efforce de valoriser la forme par rapport au fond des problèmes qui se posent à notre société, et qui magnifie l’annonce des actions par rapport à leurs résultats concrets.
Cette même démarche conduit à ne pas rechercher les suggestions et les propositions qui viennent des députés. Tout se conçoit au Gouvernement, tout se décide au Gouvernement, tout s’approuve au Gouvernement. En deux années, le Gouvernement n’a jamais sollicité l’avis de l’Assemblée nationale dans la conduite des indispensables réformes dont notre pays a besoin. Ce qui est la norme dans les pays de démocratie avancée n’est même pas l’exception chez nous. Aucun des nombreux états généraux organisés sur la santé, l’éducation, l’agriculture, la sécurité, n’a fait l’objet d’une loi dont la discussion aurait bénéficié des contributions des députés, du soutien des médias et de l’intérêt de la population.
Comment s’étonner, dans ces conditions, que depuis 2006, le Chef de l’Etat exécute un budget différent de celui voté par l’Assemblée nationale et ne reconnaît à celle-ci que le devoir d’approuver les dépenses déjà effectuées ? Ce faisant, il prive la Représentation nationale de l’une de ses prérogatives fondamentales. Il remplace la volonté du peuple par la sienne. C’est ce que nous dénoncions le 12 mars par le slogan NON à la dictature, car le dictateur est celui qui veut que sa volonté de chaque instant devienne la loi de la République.
Le renouvellement des budgets rectificatifs, qui ne devraient prendre en compte que les actions imprévues ou urgentes, est le signe évident d’une incapacité à prévoir et de l’improvisation comme mode de gestion du pays. Il ne reste aux députés de la législature des ratifications de crédits qu’à lever la main pour donner leur accord à chaque sollicitation. Cela n’est pas acceptable.
Etendue aux autres institutions, la stratégie d’affaiblissement des autres acteurs transfère les compétences constitutionnelles du Conseil Economique et Social à un Haut Commissariat de la Gouvernance Concertée, un organe administratif. Ce faisant, les représentants des syndicats, des chercheurs, des artistes, des artisans, des associations de développement de toutes les couches socio-professionnelles se trouvent exclus de la promotion du dialogue social. C’était pourtant eux qui avaient conduit la popularisation de nos souhaits consignés dans les documents de perspectives à long terme du Bénin 2025.
C’est la même stratégie qui conduit le Gouvernement à annoncer les mesures sociales hors du cadre des négociations paritaires, afin de décrédibiliser les dirigeants syndicaux et l’action syndicale. C’est encore elle qui fait détruire et reconstruire des salles de classe, recharger des rues dans les quartiers, creuser des puits, ériger des villas, disséminer des stations d’essence sans s’en référer aux conseils communaux, dans le but d’affaiblir et de décrédibiliser les Maires.
Cette stratégie n’épargne guère l’administration. Chacun sait que la définition des attributions d’un ministère et des relations entre les services prend au moins une année. Modifier souvent la structure du Gouvernement, c’est placer l’administration dans l’impossibilité de fonctionner, la déstabiliser, l’affaiblir afin d’obliger les ministres et les cadres, sans attributions bien définies, à se tourner chaque matin vers le Chef de l’Etat et ses conseillers pour solliciter des instructions. La recherche de bureaux, les interminables séances d’arbitrages de compétences, les commandes de papier à entête et de tampons prennent alors le pas sur l’étude des dossiers, pour le plus grand malheur de notre pays.
Chers amis,
Elle est longue, la liste des manifestations de cette philosophie politique et de ce style de gouvernement qui nous conduisent, pour la première fois, à des journées nationales d’échanges et de dialogue politique. Nous aurions voulu ne pas y consacrer nos assises. Toutefois, nos commentaires seraient incomplets s’ils laissaient de côté certains aspects qui se sont incrustés dans nos mémoires.
Il en va ainsi de propos tenus durant les campagnes électorales, lors des élections législatives puis des élections communales. Que la presse n’ait pas été autorisée à couvrir les événements partout dans le pays accrédite les exhortations régionalistes et tribalistes dont certains témoins s’étaient fait l’écho. Que les déplacements et visites du Chef de l’Etat dans certaines régions continuent de na pas bénéficier de l’abondante couverture médiatique habituelle alimente les rumeurs sur le degré de son engagement à consolider l’unité nationale. Que des pressions aient été exercées sur des candidats pour l’établissement de listes uniques lors des élections communales participe des mêmes conceptions politiques. La lecture de la carte politique issue de ces consultations confirme bien un net affaiblissement de la cohésion nationale.
Sur ce registre, chacun sait, le Chef de l’Etat en premier, compte tenu de ses responsabilités antérieures, que nul ne peut engager un investissement important sans élaborer un dossier économique, technique et financier. L’aéroport de Parakou mobilise des ressources supérieures à tous les investissements prévus en 2009 pour la santé, sur l’ensemble du territoire national. Décider de la construire par une procédure d’urgence, c’est rechercher et souhaiter l’opposition de tous ceux qui plaident pour la bonne gouvernance financière et luttent contre la corruption. Or, d’expérience, nous savons que lorsque des cadres avertis posent des actes inconséquents, il faut toujours rechercher leurs vraies motivations.
Dans le cas d’espèce, le but évident est d’opposer les communautés entre elles : celles qui ne parviennent pas à sortir leurs productions de leurs champs, faute de pistes, à celles qui espèrent une impulsion de leur développement ou un relèvement de leur prestige. Il s’agit de présenter tous ceux qui émettent de légitimes objections comme des traîtres ou des ennemis de certains groupes sociaux. Il s’agit d’abandonner le programme de desserte de chaque chef-lieu de commune par une route bitumée, pour affecter les ressources à une action électoraliste. Il s’agit d’affaiblir la cohésion nationale et de souffler sur les braises de la division, en attendant les flammes, en cas de besoin.
Oui, notre cohésion nationale est mise à mal. Ce qui était une maladie honteuse est devenu un élément de promotion. Mobiliser sa communauté pour remercier le Chef de l’Etat d’avoir jeté un regard miséricordieux sur un groupe ethnique, en élevant un de ses fils à la dignité de ministre, occupe nos écrans de télévision publique. Constituer des associations ethniques ou des groupes de pression valorise leurs promoteurs.

Chers amis,
Permettez-moi de ne pas prolonger ces commentaires qui ne s’adressent pas aux autres mais à nous-mêmes. Notre rencontre n’a pas pour finalité d’adresser des critiques aux autres. Elle n’aurait aucun sens si elle ne dégageait pas ce que nous ne voulons pas faire et ce que nous voulons faire. Elle doit constituer une étape dans la conception d’un programme d’actions pour le redressement économique et social de notre pays et, surtout, pour le renforcement de sa cohésion nationale.
Nous savons que cet objectif ne peut être atteint sans une juste répartition des richesses entre nos compatriotes, entre nos régions. Il ne peut l’être si la lutte contre la corruption disparaît même dans les simples discours, depuis que beaucoup en ont découvert les filons et les charmes. Les marchés passés en urgence et les ordres de paiement constituent des gisements inépuisables. Les cuillères à café ont été remplacées par des louches, avec le regret que Dieu n’ait pas créé une troisième main.
Nous ne pourrions pas y arriver sans les femmes et les jeunes. Avons-nous déjà une politique alternative au gaspillage actuel ? Sommes-nous prêts à sortir des annonces de gratuité pour réaliser effectivement les gratuités ? Pouvons-nous achever tout ce qui a été entrepris et laissé à l’abandon ? Où trouver les sommes déjà promises à chaque sortie du Chef de l’Etat ? Comment voulons-nous organiser le partage du pouvoir entre tous les acteurs de la vie publique ?
Aucune hypocrisie ne peut nous amener à taire notre ambition de conquérir le pouvoir. Cela ne suffit pas. Pour éviter les erreurs du passé, nous ne devons pas attendre d’y arriver avant de dire ce que nous allons réaliser et comment le réaliser. Les Américains viennent de nous donner un exemple. Il est heureux que nous ayons convenu de rechercher le pouvoir comme un moyen pour sortir nos populations de la misère, pour relancer les ventes dans les marchés, pour baisser les prix des denrées alimentaires en produisant plus, pour offrir les mêmes chances de réussite dans la vie aux fils du pauvre et du riche, pour ramener l’espoir dans le mental de notre jeunesse, pour participer à la construction d’une Afrique forte, digne et respectée.
Il en va ainsi de la démocratie dont nous voulons revisiter les exigences. Elle ne peut vivre avec des acteurs affaiblis. Nos échanges avec des amis qui évoluent dans d’autres contextes nous aideront à renforcer le front de tous ceux qui savent que le liberté est la principâle source du progrès.
Chers amis,

Comme moi, vous avez entendu les supplications des populations :
« Restez ensemble,
Renforcez votre cohésion,
Ne vous divisez plus,
Cessez les combats et les querelles entre vous,
Occupez-vous de nous. »
Notre première réponse a été de retourner dans l’hémicycle, ce haut lieu de la démocratie, pour y rapporter le symbole de l’unité que chaque député regarde lorsqu’il s’adresse au Président de l’ Assemblée Nationale : la jarre trouée que nous voudrions boucher de nos doigts. C’est le symbole du Séminaire. C’est notre thème central : « L’Union fait la Nation ».
Nous savons, d’expérience, que la conquête du pouvoir suppose une bonne organisation. Nous savons moins que son exercice appelle une plus forte organisation dont il est préférable de fabriquer les instruments avant d’accéder au pouvoir. Le Parti Dahoméen de l’Unité en 1962, le Parti Démocratique Dahoméen en 1964, l’Union pour le Renouveau du Dahomey en 1969, le Parti de la Révolution Populaire du Bénin en 1975, la Renaissance du Bénin en 1992, les Forces Cauris pour un Bénin Emergent en 2008 ont connu ou connaissent les limites et le devenir des organisations politiques créées après l’ascension de leurs promoteurs au pouvoir. Nous sommes riches de toutes ces expériences et avons en notre sein d’éminents acteurs de ces initiatives.
Mieux que tous autres, nous sommes en mesure de faire le bilan pour rompre avec les pratiques qui laissent notre pays dans un état de délabrement politique préjudiciable à sa stabilité et à sa cohésion.
Ce rassemblement impressionne ;
Ce rassemblement inquiète ;
Ce rassemblement rassure ;
« Ne nous décevez pas », tel est le défi que le peuple nous lance. Quelle sera alors notre réponse ?
A vous d’en décider !!!


Discours d’Adrien Houngbédji, à la clôture des travaux


Excellence, Monsieur le Président Nicéphore Dieudonné Soglo,
Mesdames et Messieurs les Chefs de partie politiques,
Mesdames et Messieurs les Honorables Députés,
Messieurs les Maires,
Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux et communaux,
Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi d’abord de saluer et de remercier, avec déférence, le Président Nicéphore Dieudonné Soglo qui, malgré ses lourdes charges et son agenda national et international très rempli, a bien voulu présider nos travaux.
Monsieur le Président, merci, au nom de tous ! Je veux vous assurer de notre totale disponibilité à rester à votre écoute. Parce que vous connaissez le pays au plus intime de lui-même, parce que vous avez exercé les plus hautes responsabilités et, parce que, de ce fait, vous représentez une mine de sagesse inépuisable. Je veux vous assurer de notre volonté de puiser auprès de vous le fervent de nos réflexions et de nos actions.
Permettez-moi, ensuite, Chers Amis, de saluer toutes les forces politiques et personnalités de la société civile qui ont bien voulu répondre présent, témoignant ainsi de l’intérêt qu’elles portent à nos assises. Je veux saluer et remercier tout particulièrement le G13 pour le rôle d’aiguillon, le rôle de sentinelle, qu’il joue depuis bientôt deux (2) ans, face aux dérives d’un pouvoir qui n’a cessé de menacer, de brimer, de corrompre, de militariser pour parvenir à ses fins.
Et quelles fins ? Rectifier la démocratie.

Mes amis, membres du G4, de Force Clé et du G13,
Aujourd’hui est déjà un grand jour ! Une grande première ! D’aussi loin que je me souvienne, jamais encore dans notre pays, des forces politiques non impliquées dans l’exercice du pouvoir d’Etat, aussi représentatives par leur poids et leur implantation sur l’échiquier national, n’ont eu à réunir leurs cadres et leurs élus en conclave, pour confronter leurs analyses, tracer des perspectives et s’organiser pour améliorer la situation politique, économique et sociale du pays. Oui, aujourd’hui est déjà un grand jour, car nous voici, du fait de cet événement, engagés sur des pistes qui mènent à l’unité d’action pour, ensemble, ouvrir les portes de l’avenir.
Je voudrais que nous mesurions le formidable élan que nous créons ici, aujourd’hui. Je voudrais que chacun de nous prenne conscience qu’aux yeux de notre peuple, c’est un tournant qui s’opère, un formidable tournant. Ce formidable élan, ce formidable tournant est souhaité, voulu, est accompagné par l’immense majorité de nos populations. Car, pour nos populations qui espéraient un véritable changement, les attentes et les espoirs suscités par ce régime se sont transformés en désillusion.
Nos populations constatent, désabusées, que, sous le Président Yayi, tout change, pour que rien ne change :
63 ministres, en moins de 2 ans et demi de pouvoir et un nouveau remaniement pointe déjà à l’horizon ;
4 DG/Douane, en 2 ans et demi ;
3 DG au Port Autonome de Cotonou, en 2 ans et demi ;
4 DG à la SBEE, en 2 ans et demi ;
2 DG à la SONEB, en 2 ans et demi.
Comment voulez-vous, dans une telle pagaille, accroître l’efficacité des administrations, cultiver l’esprit de responsabilité, obtenir des résultats et contrôler les gestions ? Comment voulez-vous, dans un tel désordre, faire de l’administration publique un levier de développement ?

4 ministres de l’Enseignement Primaire, en 2 ans et demi ;
3 ministres aux Affaires Etrangères, en 2 ans et demi ;
4 Gardes des Sceaux, ministres de la Justice, en 2 ans et demi ;
3 ministres au ministère de la Jeunesse et des Sports, en 2 ans et demi ;
3 ministres de l’Enseignement Supérieur, en 2 ans et demi.
Comment voulez-vous formuler des orientations, assigner des objectifs ambitieux et les réaliser ? La suite est connue : un vrai gâchis !
Rappelez-vous, chers amis, nous avions ensemble voté, il y a quelques années, une ambitieuse réforme de l’administration territoriale. L’objectif était de rapprocher l’administration des administrés, de créer de la proximité et de l’autonomie, afin que le développement se fasse à la base. D’où, la création de 12 Départements, la création de 77 communes et les pouvoirs donnés aux Maires. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
La réforme de l’administration territoriale est plombée, enterrée. En effet, les Départements n’ont fait que changer de nom ; les préfets n’ont fait que changer de titre. Kétou est toujours commandé depuis Porto-Novo, Savè est toujours commandé depuis Abomey, Bassila est toujours commandé depuis Natitingou.
Rien de changé donc ! Dix ans après l’adoption de la Loi portant réforme de l’administration territoriale !
Oui, la réforme de l’administration territoriale est plombée.
Plombée parce que ce gouvernement n’a pas compris que ce sujet est très délicat, qu’il ne s’accommode pas de l’improvisation, de l’électoralisme et de l’autoritarisme. Il ne peut être résolu que dans le consentement mutuel, aux termes d’un dialogue préalablement instauré entre les populations concernées, à travers leurs élus et toutes leurs forces vives, sur la base des intérêts réciproques et des compromis consensuellement acceptés.
Où en sommes-nous aujourd’hui avec les Communes ? Nous avons voulu qu’elles soient autonomes dans leur gestion, qu’elles aient des ressources propres et qu’elles soient les principaux acteurs du développement local. Et, nous savons qu’ils y ont cru, nos Maires ! Chacun s’est doté d’un plan communal de développement, c’est-à-dire d’un bon outil. La loi leur avait accordé les moyens ; le précédent régime les en avaient privés. Ces moyens leur sont-ils aujourd’hui donnés ? Non, n’est-ce pas ? Rien de nouveau donc sur ce terrain essentiel. Pourquoi ? Parce que le Président Yayi attendait de désigner, je dis bien désigner, tous les maires du Bénin, pour en faire ses agents de propagande.
Et, comme cette volonté de domination a été mise en échec dans la plupart des Communes, au lieu de s’incliner devant la volonté populaire, le Gouvernement a suscité, ici et là, des mouvements de contestation, pour ne pas procéder aux installations. En violation de la loi, prétextant des recours à la Cour Suprême, dont chacun sait qu’ils ne sont pas suspensifs. Et les recours pleuvent ! Parfois sortis de nulle part ! Qu’importe le vin, pourvu qu’on ait l’ivresse ! Des recours parfois aussi bidon qu’un estagnon, pourvu que les Maires soient de bon teint ! Désormais, au Bénin, les Conseillers municipaux sont élus à la Cour Suprême : à la place du secret de l’isoloir, c’est désormais le secret des délibérations. La campagne électorale et les élections ne sont plus qu’une formalité ; rien qu’une formalité : la rectification de la démocratie est en marche !
Comment, dans ces conditions, ne pas suspecter, a priori, la LEPI d’être une machine à fraude en gestation, aux mains du Gouvernement, alors que, de tous nos vœux, nous appelons à une réforme du système électoral, qui garantisse davantage la transparence et la sincérité des scrutins ? Comment ne pas nourrir de légitimes inquiétudes pour demain ?
La rectification est en marche ! Marchez donc, Messieurs mais, sachez que votre régime succombera de votre boulimie de pouvoir et de la démesure de vos méthodes. Sachez que ça gronde dans les villages et dans les quartiers. « A force de pourchasser le peureux, lorsqu’il finit par se retourner, plus rien ne l’arrête ». C’est la sagesse populaire de chez nous qui le dit, pensez-y.
Mes chers amis, jusqu’à l’avènement du Président Yayi, le Bénin était classé parmi les pays en voie de développement. Du jour au lendemain, par décret verbal, nous sommes devenus un Pays Emergent.
Le Bénin Emergent dirigé par les Cauris Emergents. Comme ça ! Sans aucun égard pour le contenu de la notion, sans aucun égard pour le fossé qui nous sépare des pays qu’on désigne ainsi : l’Inde, la Chine, le Brésil, etc., dont le taux de croissance, soutenu par un essor économique sans précédent, avoisine et, parfois, dépasse les 10%, depuis plusieurs années.
Qu’à cela ne tienne, le Gouvernement proclame, toujours par décret verbal, que notre taux de croissance sera de deux chiffres ! Cela fait bientôt trois (3) ans que nous attendons. Et, que constatons-nous ? Que notre taux de croissance, plafonné depuis plusieurs années à 5%, n’a guère augmenté, que la réduction de la pauvreté n’a été qu’un leurre, que l’immense majorité des Béninois vit toujours dans la précarité, qu’au classement des pays ayant amélioré leurs performances pour l’opportunité des affaires, nous avons reculé de quinze places, que le niveau de la corruption est plus élevé aujourd’hui plus qu’hier.
Ce n’est pas moi qui le dis, Messieurs les Emergents ! J’ai puisé aux meilleures sources, les plus officielles, incontestables ! Ah, je les vois venir avec leurs trompettes !
C’est la faute à la crise internationale, diront-ils. Mensonge ! Car, cette crise, elle date d’il y a seulement quelques semaines, et chacun sait que les effets de la crise sur les économies du continent sont devant nous …, devant et non derrière.
C’est la faute au pétrole, diront-ils, dont le prix a atteint des sommets, pendant une longue péliade, entraînant le renchérissement du coût de la vie, notamment celui des denrées alimentaires. Soit ! Mais, qu’ont-ils fait pendant ce temps, pour annuler ou pour atténuer les effets du choc pétrolier ? Ils ont, comme à leur habitude, navigué à vue.
Par exemple, pour les produits alimentaires, pendant longtemps, ils ont subventionné, en pure perte, car les subventions ne profitaient pas aux consommateurs, mais aux spéculateurs. Lorsqu’ils se sont rendu compte de leur bévue, les prix étaient déjà trop hauts et la famine installée : 200 F le tongolo de maïs, au lieu de 150 F en 2006, 3500 F le sac de riz de 5 kg, au lieu de 1500 F en 2006, 800 F le litre d’huile d’Agonli, au lieu de 600 F en 2006, 125 F la baguette de pain, au lieu de 100 F en 2006.
C’est alors qu’ils ont décidé d’arrêter l’hémorragie et d’ouvrir des boutiques témoin dont le nombre et les capacités de stockage n’ont évidemment pas suffi à couvrir les besoins et à approvisionner tout le pays.
Nos populations faisaient ainsi les frais de l’inconséquence du Gouvernement. Notre pays a été contraint d’importer même le maïs ! Contraint de solliciter l’aide alimentaire internationale.
La politique conséquente, la seule qui vaille dans un pays au climat et aux terres comme les nôtres, la seule politique conséquente, c’était, dès l’avènement du Président Yayi, de promouvoir notre agriculture dans deux directions : les cultures vivrières et les cultures de rente. Cela fait des années qu’on le dit.
Au lieu de cela, des dizaines de milliards, soi-disant injectés dans la filière coton et, annonce tapageuse d’un prochain doublement de la production ! Les résultats, on les connaît : trois campagnes, trois fiascos. Le tonnage annoncé, avec tintamarre médiatique, n’a jamais été atteint.
Voilà leurs performances : taux de croissance inchangé, précarité accentuée, recul au classement pour l’opportunité des affaires, encore plus de corruption, hausse incontrôlée des prix des produits alimentaires, échec des campagnes cotonnières, …
Voilà leur bilan ! Ils appellent cela la prospérité partagée ! Du culot ! Car, si prospérité il y eu, ce fut uniquement pour leurs amis. A l’une, le monopole des marchés de travaux publics ! A l’une le monopole de l’importation du riz ! A l’autre, le monopole de l’escorte des véhicules d’occasion ! Evidemment, ceux-là connaissent la prospérité. Et, les Béninois ont compris depuis longtemps que ces privilégiés-là partagent cette prospérité-là avec certains hauts placés !
Prospérité partagée ! Avouez que ces Messieurs Dames ne manquent pas d’air !
Pendant ce temps, la majorité des opérateurs économiques, ceux qui font honnêtement leur travail, ceux qui soumissionnent dans les règles de l’art, ceux qui refusent d’être les pourvoyeurs de fonds de l’Etat FCBE, ceux-là subissent la persécution, l’acharnement fiscal et l’asphyxie.
Pendant ce temps, le pouvoir d’achat des travailleurs s’amenuise et, leurs revendications restent insatisfaites.
Par contre, ce que nous ne pouvons pas contester à ce gouvernement, c’est d’avoir abondamment distribué de pseudo-micro-crédits. Je dis « pseudo » parce que j’ai entendu, récemment, une ministre dire que le taux de recouvrement est des plus faibles. C’est-à-dire que les femmes ne rembourseraient pas.
Mais, comment voulez-vous que le taux de remboursement soit élevé, lorsque vous avez fait de cet instrument un fonds de commerce électoral, lorsque le critère économique n’est pas le critère d’attribution, lorsque ces fonds sont distribués massivement en période électorale, sans autre encadrement que vos partisans politiques qui se servent largement et, parfois, jusque dans vos permanences électorales ?
Nous savons tous que, lorsque les sommes allouées sont de vrais micro-crédits, accordés par des structures qualifiées, pour des activités identifiées, dans un environnement de confiance et de responsabilité, les femmes remboursent, à 80% et, au-delà. Si les résultats font aujourd’hui défaut, c’est faute, par le Gouvernement, d’avoir soutenu les réseaux privés de micro-finance dans les Communes, c’est faute, par le Gouvernement, d’avoir créé des filières spécialisées.
En un mot, le régime actuel n’a pas su définir et mettre en œuvre une véritable politique de développement de la micro-finance. Il a préféré faire main basse sur cette manne financière.
Tout comme il a fait main basse sur les fonds de l’escorte des véhicules d’occasion. 20 milliards de recettes annuelles non budgétisées et dépensées, sans autorisation du Parlement ! Et, sans le moindre contrôle ! C’est-à-dire, en toute illégalité.
Les marchés publics portant sur des centaines de millions, passés de gré à gré, au mépris de la loi ; les ordres de paiement, unanimement dénoncés hier, redevenus aujourd’hui monnaie courante !
Quelqu’un a parlé, à juste raison, d’indiscipline budgétaire. Une indiscipline budgétaire qui cache une propension à la gloutonnerie et à la boulimie : 3 milliards et demi pour organiser une fête, 300 millions pour une clôture, 7 milliards pour réfectionner des bâtiments, 9 milliards de dépenses diverses, c’est-à-dire, d’argent de poche !
Et, comme cette boulimie n’a pas de limite, les voilà qui présentent un collectif budgétaire, pour dépenser encore 197 milliards, en 2 mois. Et, quand l’Assemblée Nationale leur demande de justifier d’abord ce qu’ils ont fait des 100 milliards reçus dans le budget initial, pas de réponse. Quand on leur demande comment ils entendent dépenser 197 milliards pour les deux derniers mois de l’exercice budgétaire, toujours pas de réponse. Pas de réponse, car le simple bons sens voudrait que l’essentiel de ces dépenses soit inscrit dans le budget 2009, en cours d’examen.
Et, c’est désormais leur habitude, lorsqu’ils sont coincés, lorsqu’ils n’ont pas de réponse : ils refusent le débat contradictoire et ils verrouillent les médias. Quand l’Assemblée Nationale rejette un projet de Budget rectificatif scandaleux, ils passent outre et prennent une ordonnance. A ce train-là, si nous n’y prenons garde, lis gouverneront, tout le reste du temps, par ordonnance.
Chers amis, nous avons le droit d’être préoccupés par la démocratie.
A quoi sert l’Assemblée Nationale si, chaque fois qu’elle dit non, le Gouvernement prend des ordonnances, après avoir essayé de corrompre et d’acheter des députés ?
A quoi sert la CENA si les résultats qu’elle proclame sont rejetés par le Gouvernement, chaque fois qu’ils lui sont défavorables ?
A quoi servira bientôt la Cour Suprême elle-même si, dans un tel environnement, il ne lui reste d’autre choix que de confectionner dans les Communes des majorités favorables au Gouvernement ?
A quoi servira bientôt la Cour Constitutionnelle, si sa lecture de notre Constitution, doit absolument coïncider avec celle de la Présidence de la République ?
A quoi servira-t-il bientôt d’aller aux élections, si les résultats n’en seront validés que s’ils donnent satisfaction au pouvoir en place ?
L’indépendance de la justice elle-même, si souvent proclamée, ne risque-t-elle pas de devenir un simple slogan ?
C’est notre démocratie elle-même qui se trouve menacée. Ce sont nos libertés, nos droits fondamentaux, la crédibilité de nos institutions, qui se trouvent menacés.
Nous les avons acquis au prix de la vie, pour certains, au prix de la prison, de l’exil, au prix des spoliations, pour d’autres, au prix du combat de tous et de chacun d’entre nous.
Au dernier classement d’Amnesty International, nous avons rétrogradé, pour ce qui est du respect des droits de l’Homme.
Au dernier classement de Reporters sans Frontières, nous avons rétrogradé, au plan de la liberté de la presse et, des cas comme Andoche AMEGNISSE, n’ont pas encore été pris en compte.
Rétrogradé encore, au plan de la sécurisation des investissements.
Où allons-nous ?
Pouvons-nous accepter la brutalité d’un pouvoir qui ne respecte pas la loi, qui embrigade nos institutions, qui foule aux pieds nos libertés ?
Il n’existe pas de démocratie sans opposition. Pour que ce b-a ba, consacré par la loi, fasse l’objet d’un décret d’application, il a fallu que nous plaidions dans tous les cercles où nous sommes admis, il a fallu que nous menacions de faire défiler les populations avec des banderoles et de faire un sit-in continu devant la Présidence de la République. C’est alors et alors seulement …, grâce à la crise politique.
« Le décret d’application de la loi de l’Opposition est une coquille vide ».
Et, quel décret d’application ? Une coquille vide ! Le Gouvernement a-t-il vraiment cru que nous avons réclamé ce décret pour rouler dans une voiture officielle ou pour avoir un chargé de mission ? Si c’est ce qu’ils ont cru, alors, qu’ils reprennent leur copie. Ce que nous voulons, c’est un décret d’application qui nous donne un accès équitable aux médias, un droit de réponse au Gouvernement, qui garantisse et protège nos manifestations pacifiques au lieu de les réprimer, qui garantisse la sécurité des opposants. Comme dans toutes les démocraties dignes de ce nom.
Il est maintenant évident que ce régime n’a cure de la démocratie. Il est maintenant évident que ce régime n’a que deux préoccupations : assurer sa longévité par la confiscation des espaces de liberté et s’accaparer, par tous les moyens, les richesses du pays.
A aucun moment, ce régime n’a montré la boussole de l’action gouvernementale ; à aucun moment, ils ne nous ont dit quel est le cap et, quelles sont les étapes.
Lorsque vous conduisez un peuple le nez dans le guidon, sans un programme d’actions déclinées et agencées, lorsque vous naviguez à vue, lorsque vous vous précipitez, lorsque vous vous dispersez, lorsque votre priorité exclusive est l’obtention d’un 2ème, d’un 3ème voire d’un 4ème mandat, vous ne pouvez diriger le pays avec esprit de suite et cohérence.
C’est pourquoi, ils ont obligés de tromper le peuple, à coups de panneaux publicitaires, à coups de premières pierres posées avant même que le financement des projets ait été bouclé.
Trois ans durant, ils nous ont divertis, amusés par des effets d’annonce, par des décisions gadgets.
Les choses sérieuses doivent être traitées avec sérieux.
C’est le cas de notre système éducatif. Dans l’enseignement supérieur, par exemple, le priorité, c’est la qualité, avec des salles de cours, des amphis dignes du nom, avec des bibliothèques fournies et régulièrement actualisées, avec des plate-formes informatiques et numériques qui raccordent les Ecoles, les Lycées, les Collèges et les Universités béninoises aux autres universités du monde, des laboratoires ou des équipements qui facilitent les efforts de recherche, des formateurs bien formés et bien payés. Voilà les priorités pour notre Ecole.
Mes chers amis,
Je pourrais multiplier les exemples ! Dans d’autres domaines !
Le changement que veulent les Béninois, c’est une amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Le changement qu’ils veulent, c’est donner du travail aux jeunes. Cette aspiration des Béninois au vrai changement est constante, légitime, irréversible. La réponse qui leur est donnée par ce régime n’est que de l’esbroufe, un leurre, une illusion. Des effets d’annonce.
Diriger un pays est une affaire sérieuse. Très sérieuse. Nous devons donc penser à l’alternance démocratique et nous organiser pour qu’elle intervienne. Comme de plus en plus de Béninois, l’alternance, j’y crois !
Je me suis laissé dire que la foi est un formidable levain. La foi a, quelques fois, manqué à certains de nos engagements politiques. Et, parce qu’elle a manqué, nos options ont été problématiques, nos chemins, obscurs, tortueux. Parce que l’éclairage et la détermination que procure la foi ont manqué, nous avons cheminé dans le douté, dans l’hésitation, dans la suspicion puis, dans la division.
Avec la foi, tout devient possible ! En tout temps ! Partout ! Ce qui vient de se passer aux Etats-Unis, et qui n’a pas fini d’étonner, c’est la foi à l’œuvre, c’est la foi dans ses œuvres. Il illustre ce que la foi est, ce que la foi peut, ce que la foi fait.
Ayons foi en l’avenir de notre beau pays, le Bénin.
Parce que l’Union fait la Nation, nous gagnerons.
Je vous remercie.



Discours d’Arifari Nassirou Bako, Porte-parole du G13


Messieurs les Membres des formations politiques du G4,
Messieurs les Membres des formations regroupées au sein du G13,
Honorables Députés à l’Assemblée Nationale,
Distingués invités,
Militants et Militants des formations politiques ici représentées,
Mesdames et Messieurs,

Je voudrais tout d’abord exprimer, au nom du G13 et en mon nom propre, nos remerciements les plus chaleureux pour les populations de la cité historique du plateau d’Abomey et, plus particulièrement, les Maires des Communes d’Abomey et de Bohicon, pour l’accueil chaleureux qui a été réservé aux membres du G13 à ces assises de rentrée politique que nous organisons, pour la première fois, collégialement. Avant d’entrer en détail du petit message que je voudrais livrer, je me permettrai d’abord de vous raconter une petite anecdote, ou de m’inspirer de la sagesse populaire en Afrique, qui passe souvent par les contes. C’est un genre littéraire assez informatif et qui permet de parler de la tragi-comédie politique que nous vivons actuellement dans notre pays. Il était un fois, un homme qui rêvait de devenir berger. Ce berger rêveur était pourtant un berger chanceux. Il priait Dieu qui lui accorda sa miséricorde et sa grâce. Et, l’ensemble des animaux de la brousse de sa contrée se mirent ensemble autour de lui et acceptèrent de lui conférer le bâton de berger pour les guider au pâturage. L pâturage, c’est, bien sûr, la prospérité, c’est, bien sûr, l’entente et le partage. Mais, le berger chanceux est devenu, par la suite, un berger capricieux parce qu’il a tout obtenu. Et, quand on devient capricieux, parfois, on ne reconnaît plus la grâce dont on a été l’objet. Alors, le berger se mit à porter une peau de lion. Peut-être qu’il est devenu lion, entre temps. Le premier zébu qui s’est écarté du rang, il décida de transformer son bâton de berger en glaive et il lui trancha la tête. La deuxième brebis qui tenta de bêler sans l’autorisation du berger se vit confier au boucher du quartier. Alors, le berger commence par devenir dangereux pour son troupeau. Au cours du pâturage, il voulait faire traverser un fleuve qui n’était rien d’autre qu’un gouffre. Mais, il y avait des chèvres qui avaient peur. La chèvre a peur de l’eau. Alors, on a demandé à tous les animaux de fermer les yeux avant de traverser. Mais, les chèvres ont vu le gouffre et elles ont refusé de sauter dans le gouffre et ont décidé de prendre la parole. Et, depuis cette prise de parole, les éléphants qui somnolaient ont décidé de commencer par remuer les trompes. Les éléphants ont commencé alors par parler. Et, ce fut la libération de la parole. La possibilité d’exprimer son point de vue. La possibilité de rêver peut-être d’un autre berger. Et puis, le berger qui était devant en train de conduire son troupeau, s’est subitement retrouver derrière en train de chasser les différents animaux un à un pour les rassembler. C’est lui qui les a dispersés. Il court derrière le troupeau, ce n’est pas le troupeau qui est derrière lui. Changement de situation. Quand il réussit à attraper un, qu’il ramène au troupeau (il ramène une chèvre), il constate qu’un bœuf est déjà sorti des rangs. Le temps de courir pour ramener un autre, quand il revient, il proteste et les autres animaux ronchonnent : le bœuf avait raison. La parole est en train aussi de se prendre dans le petit rebus de troupeau qui reste autour. Cela veut dire l’initiative des chèvres, suivie par les éléphants, est en train de faire tâche d’huile et, c’est justement pour cela que des voix s’élèvent même dans le pré-carré pour qu’enfin le peuple se libère. Quand le berger devient un tyran pour son troupeau, il est clair qu’il appartient à l’ensemble des animaux de se subjuguer, de se lever comme un seul homme pour se libérer et trouver un autre berger plus clément, plus attentif qui sait écouter et utiliser ce qu’il a entendu. Parce que, le berger n’est pas le seul intelligent. Même parmi les animaux, il y en a qui sont doués d’instinct formidable, qui peuvent aider le berger mieux garder le troupeau. Le troupeau qui s’est offert à lui volontairement. Il n’y avait pas de contrainte au départ. Le troupeau a accepté de suivre mais le troupeau se rebelle aujourd’hui par la faute du berger. Et, c’est pour cela que je voudrais ici, en mon nom personnel et au nom de tous les membres du G13 et aussi des membres des autres formations politiques, saluer l’arrivée au G13 de l’Honorable Wallis Zoumarou qui est le premier à réagir lorsqu’une chèvre a été ramenée. Il a décidé de partir et d’exprimer sa désapprobation. La désapprobation du style de gouvernement. Le style de gouvernance. Car, lorsque le berger devient une menace pour son troupeau, il instaure un climat d’incertitude, un climat de déviance, et c’est justement la rupture du contrat de confiance au sein de la classe politique aujourd’hui qui explique tous les errements dans lesquels nous nous trouvons. Cette crise de confiance qui vient s’ajouter à l’ensemble des crises que nous connaissons dans notre pays renvoie aux crises interpersonnelles, comme je l’ai dit, au sein de la classe politique, cette crise de confiance conduit à une sorte d’incertitude institutionnelle. L’incertitude institutionnelle dans la mesure où on n’est jamais sûr, malgré la connaissance des règles, de ce qui sortira, en termes de décisions, de nos institutions, parce qu’elles sont en train d’être régentées par un seul homme, le berger devenu lion. Incertitude juridique. Les décisions de justice, vous pouvez bien les rendre dans les tribunaux. Mais, elles ne seront appliquées que suivant la volonté du prince. Incertitude électorale. Vous pouvez être élu, proclamé vainqueur sans jamais prendre service et lorsqu’on ne réussit pas à vous priver de votre victoire, on retardera autant qu’on le peut votre installation, c’est-à-dire votre consécration. Ce n’est donc pas la volonté populaire qui détermine les décisions du prince qui est arrivé par la volonté du peuple mais qui décide aujourd’hui que ce n’est pas le peuple qui est sa référence. Il est au-dessus du peuple et ce peuple aujourd’hui se réveille naturellement au petit matin et constate qu’il a commis une erreur. Mais, quand un peuple se trompe une fois, ce n’est pas une perdition parce que la puissance de relance se trouve également en ce peuple-là et, c’est cette puissance de relance que nous sommes venus ici bâtir ensemble pour que plus jamais l’intelligence ne baisse les bras devant l’obscurantisme, devant la dictature, devant l’exclusion. Oui devant l’exclusion et c’est pour cela qu’au G13, le message que nous avons fondamentalement voulu vous livrer, c’est confiance et inclusion. Confiance, dans la mesure où, c’est le point cardinal de l’ensemble de la crise que nous connaissons ici par son absence. C’est ça que nous devons créer entre nous, en notre sein, entre les différents G, G13, G4 et Force Clé. Nous devons renouer la confiance et redonner la confiance à notre peuple. C’est dans la confiance que l’espoir renaît. Nous avons cette mission fondamentale. Inclusion. Oui inclusion. Nul ne peut exclure l’autre de ce pays. Nous sommes tous les fils de ce pays. Tout nous appartient ensemble. Notre destin commun, nous devons le partager et c’est pour cela que nous devons tout mettre en œuvre pour que, ici et maintenant et demain, l’inclusion soit notre démarche. Car, on peut partir d’ici ensemble mais, si, en cours de route, il y a des formes d’exclusion, on risque de retomber dans ce que nous connaissons aujourd’hui. C’est pour cela que nous disons que la confiance et l’inclusion doivent être notre guide. Notre slogan que nous devons partager ensemble pour le bonheur et le meilleur devenir de ce pays.

« La confiance et l’inclusion doivent être notre guide »

Mesdames et Messieurs,
Je voudrais m’arrêter à ce point pour dire à tout le monde que l’insécurité qui découle aussi de l’incertitude que nous vivons constitue un grave sujet de préoccupation. On ne peut pas circuler librement. On a peur. L’incertitude aussi dans la prise de décision. Précipitation et dispersion naturellement conduisent toujours aux reculades et nous connaissons cela comme mode de gouvernance dans notre pays. Ensemble, nous voudrions proposer un pacte avec vous et avec le peuple. Un pacte de nouveau départ pour qu’ensemble, éventuellement, au cours du dialogue social, si les conditions sont réunies, pour que nous essayions d’assagir le berger. Parce que nous avons encore deux ans et demi. Nous n’allons pas courir, simplement dire rien que le pouvoir et ne pas s’occuper des souffrances des populations. Oui nous tenterons d’assagir le lion mais, s’il refuse la sagesse, nous savons et vous savez de quelle manière nous pouvons nous en libérer.
Vive la démocratie !
Vive l’unité retrouvée !
Et que la paix soit avec nous.


Discours de Séfou Fagbohoun, Président du Madep


Merci aux participants de ce Forum. Je suis heureux d’être en face de vous aujourd’hui parce que je suis le premier stagiaire du changement béninois. J’étais absent du territoire national pendant deux ans et demi. Je suis parmi vous aujourd’hui. Je vous remercie pour votre soutien. Les préoccupations des une et des autres, ce sont nos réoccupations à tous. Un pouvoir qui n’est pas à l’écoute de son peuple, c’est un pouvoir perdu. Tout à l’heure, mon jeune frère Gbadamassi a demandé si nous sommes prêts à nous pardonner mutuellement. Aujourd’hui, c’est une obligation pour nous tous. Quelqu’un d’autre a demandé que le Madep démontre quelle est sa position vis-à-vis des deux ministres qui sont au sein du Gouvernement aujourd’hui. C’est une organisation de kamikaze qu’ils ont utilisée contre nous. Laissez-nous respecter les Statuts de notre parti. Je vous garantis que vous allez bientôt applaudir le Madep. Ce que je demande aux uns et aux autres, c’est que chacun fasse son travail sur le terrain. Le 12 mars dernier, Force Clé et G13 étaient représentés au Stade de l’Amitié, en tant qu’observateurs. Aujourd’hui, ils sont membres à part entière de tout ce que nous faisons actuellement.
Mesdames et Messieurs,
Je suis resté loin du pays pendant deux ans. Je n’ai pas grand-chose à ajouter. Tout ce que je vous demande, c’est que nous restions comme cela pour prendre part à la journée de réflexion du Gouvernement. Je ne veux pas y prendre part juste pour écouter le discours de quelqu’un et applaudir. Donc, la résolution qui est prise ici, il faut que chacun l’applique sur le terrain. Pour moi, en 2011, si vous êtes tels qu’on se trouve dans cette salle, vous avez déjà le pouvoir pour 25 ans.


Discours de clôture de Nicéphore Soglo


Madame et Messieurs les Membres du Présidium,
Messieurs les Présidents des partis politiques,
Honorables Députés à l’Assemblée Nationale,
Mesdames et Messieurs les Responsables à divers niveaux des partis et groupements de partis,
Messieurs les Maires,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs les participants au Séminaire,
Chers amis,

Rassurez-vous ; je n’abuserai pas de l’honneur qui m’est fait de présider nos travaux, encore moins du privilège qui m’est échu de prononcer le mot de fin pour vous imposer un long discours à cette heure tardive. Je sais que vous avez fourni beaucoup d’effort et que vous vous êtes livrés à des réflexions intenses. En un mot, vous avez très bien travaillé pour mériter repos et relaxation.
Chers amis,
Vous êtes, nous sommes en train d’écrire l’histoire, car le séminaire qui prendra fin dans quelques instants, a déjà pris le caractère d’un événement de grande portée qui marquera d’une pierre blanche la vie politique de notre pays.
La déclaration du 12 mars 2008 à laquelle toutes les formations politiques représentées ici ont adhéré, a été un véritable déclic pour un éveil de conscience au niveau du peuple béninois en général et de nos militants en particulier, dans la mesure où elle a constitué le premier pas d’une entreprise de mobilisation et d’organisation en commun de nos diverses formations politiques bien avisées des menaces qui planent sur la démocratie béninoise. Le grand mérite des assises d’Abomey-Bohicon est, comme viennent de souligner plusieurs intervenants, de comprendre que la manière la plus responsable et la plus efficace de s’opposer aux menaces sur le pluralisme politique, les libertés, l’unité et la cohésion sociale et de dire non à la misère, est de s’organiser dès maintenant, de mettre nos forces ensemble, de forger une union de roc, salutaire, afin de permettre un dialogue vrai pour une Nation forte, prospère et juste, une nation où toutes les citoyennes et tous les citoyens vivront en paix, et en toute fraternité.
Mesdames et Messieurs, Chers amis,
S’il faut passer par l’épreuve déjà expérimenter ailleurs pour y arriver, nous le ferons pour exorciser tous les démons d’inimitié, de déchirement fratricide, de haine et de méfiance qui ont si longtemps guidé nos relations : nous allons nous résoudre à créer et à faire fonctionner une « Commission Vérité et Réconciliation », comme il en existe déjà en Afrique du Sud et au Libéria.
Bohicon, 29 novembre 2008 est la suite logique et attendue de la Déclaration du 12 mars 2008 pour le renforcement de la dynamique unitaire à laquelle s’attellent résolument la Rb, le Psd, le Prd, le Madep, les formations politiques représentées par le G13 et Force Clé.
Oui, ce n’est qu’unis que nous pouvons réaliser de grandes choses, c’est-à-dire préserver et consolider la paix, assurer à notre pays un développement harmonieux et durable en luttant efficacement contre la pauvreté et en faisant de la justice sociale une réalité.
Oui, ce n’est qu’en rangs serrés que nous pouvons sauver notre commune patrie de toutes les dérives qui tendent aujourd’hui à l’éloigner dangereusement de l’esprit des nobles acquis de la Conférence des Forces Vives de la Nation de février 1990.
Oui, ce n’est qu’avec la parfaite conjugaison de nos efforts dans une union débarrassée des amertumes de nos luttes fratricides passées et de tout autre complexe que nous pouvons construire le Bénin, notre pays que nous empruntons aux générations futures. Nous serons comptables devant l’histoire et devant nos enfants, nos petits-enfants et nos arrière-petits-enfants de ce que nous faisons aujourd’hui de cette terre sacrée de nos ancêtres.
Que cette jarre trouée qui sert de frontispice à nos assises ne reste pas un simple et vain ornement à nos documents et banderoles, mais un symbole vivant et fécond, une source d’inspiration pour une union de tous afin d’accomplir un grand dessein : remettre le Bénin debout et fier.
Que dirais-je de plus ou de mieux que n’en disent l’excellent discours d’ouverture du Président Bruno AMOUSSOU et les éloquentes exhortations que nous venons d’entendre de la part des principaux responsables des diverse formations politiques, exhortations que je dois faire miennes ? Il n’y a rien à ajouter à ces mots engendrés par la raison et sortis des cœurs d’hommes de vision et de foi.
Je me permets tout simplement d’inviter toutes les militantes, tous les militants et sympathisants de nos différentes formations politiques à méditer ces paroles qui sont, à mon sens, des condensés de véritables professions de foi pouvant et devant nous paver la voie vers une union politique solide et opérationnelle.
Mesdames et Messieurs,
Je ne puis cacher ma satisfaction quant aux conclusions tirées de nos travaux, aux résolutions prises et aux recommandations faites.
Chacun de nous doit désormais œuvrer à développer autour de lui cet esprit d’union et de solidarité qui doit faire de cette nouvelle grande famille politique une réalité, une force incontournable sur l’échiquier politique béninois.
Chacune de nos formations est tenue responsable pour l’effort qu’elle fera à partir d’aujourd’hui en vue de la réalisation effective de cette « Union qui fait le Nation »béninoise.
Ensemble, nous devons réfléchir et agir pour assurer le succès de nos objectifs communs les plus chers et les plus urgents :
- Mettre en commun toutes nos énergies pour éviter que ce pays qui reste le nôtre n’aille au désespoir total et à la ruine.
- Faire que jamais de notre fait, ce que nous sommes en train de déplorer aujourd’hui ne se répète.
- Faire comprendre à tous les acteurs de la vie publique (Institutions de la République, partis et alliances de partis politiques, syndicats et autres organisations de la société civile, communautés religieuses, chefs traditionnels, etc.) que le respect du jeu démocratique et de la Constitution nationale est un principe sacro-saint qui ne saurait être transgressé.
- Comme l’a si bien dit le message de la Conférence Episcopale du Bénin, « veiller à la réelle séparation et à la juste autonomie des diverses institutions ainsi que de divers genres sans viser à un cloisonnement autarcique ».
- Veiller à la pratique de la bonne gouvernance qui est et doit rester l’objectif majeur de la gestion du pouvoir.
La démocratie est un système inclusif et ne doit donc en aucun cas exclure aucun citoyen, encore moins aucune frange de la société. Femmes, jeunes, travailleurs de toutes catégories, personnes du troisième âge doivent se sentir concernés. Ce que nous entreprenons ici a l’ambition d’avoir pour finalité l’amélioration de la situation actuelle.
Je vous engage donc à rapidement engager un travail de réflexion en vue de mettre en place une organisation qui aiderait à atteindre ces objectifs. Restons ouverts à toutes formations et personnalités politiques et à toutes autres forces vives pour bâtir ensemble notre pays.
Mesdames et Messieurs, Chers amis,
Je m’en voudrais très sincèrement de ne pas remercier et féliciter les divers acteurs de l’extraordinaire réussite de notre présente rentrée politique qui voit les G4, G13 et Force Clé, désormais, main dans la main pour le combat politique. Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître.
Que le Comité préparatoire piloté avec doigté et efficacité par le Président Antoine Kalowolé Idji reçoive nos plus vives félicitations. Je n’oublie pas les différents sous-comités et leurs responsables, les membres du Présidium, les présidents modérateurs des sessions du Séminaire, les rapporteurs, les communicateurs et les contributeurs qui ont abattu un travail de grande qualité.
Je voudrais remercier très fraternellement les Mires Blaise Ahanhanzo-Glèlè d’Abomey et Luc Attropo de Bohicon, ainsi que leurs collaborateurs, non seulement de la chaleureuse hospitalité que leurs villes nous ont réservée, mais de la fantastique mobilisation des militants et de leur participation très active dans le déroulement des travaux du Séminaire.
Chers amis,
Permettez-moi enfin de remercier, en votre nom, tous ceux qui ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à divers niveaux, au bon déroulement de nos assises : police nationale, gardes du corps, hôteliers, restaurateurs, hôtesses, secrétaires, techniciens, chauffeurs, et j’en passe certainement.
Madame et Messieurs les membres du Présidium, Messieurs les Présidents des partis politiques, Honorables Députés à l’Assemblée Nationale,
Mesdames et Messieurs les Responsables à divers niveaux des partis et groupements politiques,
Messieurs les Maires, Distingués invités,
Mesdames et Messieurs les participants au Séminaire,
Chers amis,
La Présidente de la Renaissance du Bénin, Madame Rosine Vieyra Soglo, n’a pu participer, pour des raisons connues de tous, aux présentes assises ; mais, elle est de cœur avec nous et, de son lieu de convalescence, m’a prié de vous transmettre ses salutations militantes et amicales. Elle s’associe pleinement à la réflexion collective qui conduit aujourd’hui nos formations politiques vers l’union et la cohésion.
Mesdames et Messieurs,
Il commence à se faire tard. Je vous souhaite bonne route et bon retour dans vos foyers et lieux de travail respectifs.
Je déclare clos les travaux du Séminaire « L’Union fait la Nation ».
Vive la démocratie béninoise !
Vive l’union de tous les fils du Bénin dans la paix !
Vive le Bénin !
Je vous remercie.



Les Résolutions du Séminaire


Réunis en séminaire de rentrée politique à Bohicon les 28 et 29 novembre 2008 à l’Hôtel DAKO, les membres de l’Alliance G13, G4 et Force Clé ont procédé à une analyse minutieuse de la gestion politique, économique et sociale de notre pays, le Bénin.
Face à la situation préoccupante que travers le pays en ce moment, les forces politiques en présence ont convenu de faire connaître leur réaction comme il suit :
- Considérant la crise généralisée que traverse notre pays et l’inadéquation de mesures mises en œuvre par le Gouvernement pour l’endiguer,
- Considérant l’ampleur jamais égalée du culte de la personnalité, de la violation constante et répétée de la Constitution, de la corruption, de la gabegie dans la gestion hasardeuse de l’économie et des finances publiques,
- Convaincus qu’ils ont une responsabilité historique dans la situation, non seulement pour avoir, pour la plupart, apporté leur soutien à la mise en place du pouvoir, mais aussi, parce qu’il s’agit d’une prescription constitutionnelle,
- Convaincus qu’avant tout, la crise actuelle est politique et donc liée au choix de la vision et du mode de gestion économique, sociale et politique du pays,
- Convaincus que seule l’union fait la Nation et que l’union n’est possible que dans le respect des différences et des identités des uns et des autres, ainsi que dans le dialogue sincère et l’engagement au service de la patrie,
- Décidés à prendre leur responsabilité face à l’histoire,

Les participants ont décidé :
- de demander aux dirigeants de G4, G13 et Force Clé de rompre avec les hésitations et les stratégies de défensive et prendre la responsabilité d’indiquer clairement le chemin et le rythme auquel nous devons restaurer la Nation et remettre notre peuple en confiance ;
- de travailler systématiquement à la préservation de l’unité nationale et de la paix, du respect de la Constitution et des acquis de la Conférence Nationale de février 1990 ;
- de constituer un front commun qui propose au peuple béninois les voies alternatives de gestion de notre pays le Bénin, y compris, au besoin, une alternance pour 2011 ;
- de lancer un appel à tous les démocrates et à tous les partis politiques du Bénin qui partagent cet idéal, désormais, de se joindre à eux pour ramener le pays sur la voie de la démocratie et de la réalisation effective des rêves de notre peuple et de ses aspirations à la paix et à la prospérité.
Fait à Bohicon le 29 novembre 2009

Le Séminaire









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