dimanche 30 novembre 2008

Edmond Agoua crie sa rage!

Débats contradictoires sur les véhicules d’occasion au Bénin

Edmond Agoua crie sa rage !
( "(…) la politique qui se mène aujourd’hui est une politique de mensonges !")


Les 28 et 29 novembre 2008 s’est tenu à Bohicon le Séminaire politique organisé par les alliances G4, G13 et Force Clé. En marge de la cérémonie d’ouverture de ces assises, le Journal Le Mutateur s’est rapproché du Député G13, Edmond Agoua, pour quelques clarifications sur la controverse des véhicules d’occasion. Nous avons trouvé un Honorable profondément indigné ....


Le Mutateur : Monsieur l’Honorable, les Députés du G13 sont accusés d’animer l’opposition politique du fait de l’impossibilité de certains d’entre eux de se voir accorder des agréments pour la fameuse escorte des véhicules d’occasion. Quel est votre point de vue ?

Edmond Agoua :
Vous me donnez l’opportunité de me prononcer par rapport au dossier des véhicules d’occasion. C’est vrai que, certains de mes collègues du G13, au cours d’une conférence de presse, s’étaient déjà prononcés sur la question mais, la personne la plus concernée, c’est moi. L’Honorable Domingo (Ndlr : Député du Parti Alliance pour le Renouveau et Membre du G13), au cours de la conférence de presse, avait lâché, comme quoi j’ai mis plus d’un milliard et quelque pour la construction, l’installation de cette activité du marché de vente de véhicules d’occasion au Bénin. Il n’a pas menti, parce qu’il en avait été témoin.
Alors, ce qui se passe au sommet de l’Etat par rapport aux affaires de véhicules d’occasion, aujourd’hui, est méchant. C’est méchant, parce que, on ne peut pas ruiner les fils du pays jusqu’à ce point, parce qu’ils ont leur point de vue à exprimer sur un certain nombre de choses qui dérangent dans le pays en ce moment. C’est vrai que je suis du secteur des véhicules d’occasion, que je suis l’un des acteurs principaux de ce secteur, que j’y ai mis une bonne partie de ma fortune mais, aujourd’hui, qu’est-ce qui se passe ? J’ai été privé des autorisations devant me permettre d’exercer mes activités parce que j’appartiens à un bord qui n’applaudit pas tout ce que le Chef de l’Etat fait.

Avez-vous des éléments probants pour appuyer vos déclarations ?

Si je le dis, c’est que c’est vrai, c’est parce que c’est vérifiable ! Le marché de véhicules d’occasion Mivvo, c’est moi qui l’ai créé, vous en avez les preuves palpables. Je l’ai créé à partir d’une autorisation d’exercice des activités de gestion de parcs de vente de véhicules d’occasion, des activités de gestion des parcs de regroupement, des activités de gestion des parcs d’escorte et l’activité d’escorte elle-même. Alors, à un moment donné, l’Etat béninois et, à raison, à raison, avait décidé de reprendre l’escorte dans le patrimoine de l’Etat ; nous l’avons applaudi en son temps. Mais, est-ce que cela veut dire qu’il faut enterrer les initiateurs de cette activité ? Cela ne devrait pas se faire de cette manière ! C’est de cela qu’il s’agit. Nous n’avons rien demandé à l’Etat béninois si ce n’est pas ce à quoi nous avons droit. Ceux qui ne sont pas du secteur ne peuvent pas comprendre aisément si on ne leur explique pas en profondeur de quoi il s’agit.
L’activité d’escorte est une activité douanière mais, l’Etat ne doit pas mener des activités à but lucratif, des activités commerciales ; la gestion d’un parc de regroupement ressort des prérogatives des privés que nous sommes. C’est pour cela que nous avons investi de l’argent pour ériger des parcs de regroupement que nous étions en train de gérer, en partenariat avec l’Etat, avant que le Gouvernement du Changement ne prenne le pays.
Mais, quelques mois, je dirai même, trois mois seulement après l’arrivée du Docteur Yayi Boni au pouvoir, ils ont modifié les arrêtés qui avaient sanctionné les barèmes tarifaires, par rapport aux frais d’enlèvement des véhicules d’occasion. Et, au cours de cette modification, ils ont profité pour supprimer tout ce qui est avantages et qui concernent ceux qui n’applaudissent pas le Gouvernement du Changement, tels que les avantages qui concernent les parcs Mivvo de Monsieur Agoua, les avantages qui concernent les parcs Domtraco de Monsieur Domingo Cyriaque, les avantages qui concernent les parcs Atb de Monsieur Issa Salifou, les avantages qui concernent les parcs Grams-World de Gbadamassi Rachidi, et autres.
Alors, depuis deux ans, nous crions à l’injustice parce que cette modification avait été faite sans aucune concertation préalable par rapport à nous qui sommes du secteur. Donc, nous avons crié à l’injustice et écrit au Chef de l’Etat ; on lui avait adressé des correspondances pour demander à ce que cette injustice créée soit réparée. Et, pour ne pas le faire dans la précipitation, - moi, je ne comprenais pas que c’était de la politique qu’il faisait en ce moment – il nous avait promis de réparer l’injustice qui avait été créée par ses cadres et, en son temps, avait décidé de mettre sur pieds un Comité interministériel chargé du suivi des activités portuaires. Un Comité auquel j’appartiens, un Comité auquel appartiennent les promoteurs de parcs de véhicules d’occasion, les syndicalistes opérant dans le secteur, le Ministre des Transports, le Ministre des Finances !
Mais, ce Comité a fait un travail qu’il a déposé, un travail sanctionné par un projet d’Arrêté, qui avait pris en compte tout ce qui avait été supprimé de façon injuste, notamment l’Arrêté qui avait été modifié dès la prise de service du Chef de l’Etat. Mais, à notre grande surprise, à la signature de l’Arrêté, nous avons constaté que tout ce qui avait été proposé, convenu, conclu au niveau du Comité de suivi avait été mis de côté et que c’est un Arrêté tout neuf, qui n’a pas du tout pris en compte les travaux qui avaient été abattus au sein du Comité; un nouvel Arrêté est sorti, à notre insu, sans que nos doléances aient été prises en compte. Alors, une nouvelle bataille a commencé.
Je veux vous dire quoi ? Que ce que nous réclamons au niveau du Gouvernement n’a rien à avoir avec notre position politique. Ce que nous réclamons au niveau du Gouvernement est légitime et n’a rien à avoir avec le G13. Est-ce que c’est parce que nous sommes des opérateurs économiques que nous ne devons plus mener nos activités commerciales à travers nos différentes sociétés suivies par des gérants que nous avons nommés depuis que nous sommes devenus Députés ? C’est à partir de ce que nous faisons que nous sommes devenus Députés ! Pourquoi nous empêcher d’exercer régulièrement nos activités ? C’est parce que nous avons notre propre point de vue ! C’est de cela qu’il s’agit !
Donc, la demande que nous avons adressée au Chef de l’Etat, au Comité de suivi, ne date pas d’aujourd’hui ! Cela ne date pas de la naissance du G13 ! Cette demande existait, même avant que nous ne soyons élus Députés ! Vous voyez, la politique qui se mène aujourd’hui est une politique de mensonges !

Certains laissent croire justement que, comme vos démarches pour faire rectifier les injustices n’ont pas porté, cela aurait cristallisé votre position et vous aurait poussé dans l’Opposition ...

Ecoutez, à part cela, rien ne pouvait-il nous pousser à garder notre position après la position que nous avons prise ? Je l’ai répété au Chef de l’Etat l’autre jour, le Ministre Porte-parole sème de la confusion dans la tête des Béninois ; les gens n’ont qu’à apprendre à dire la vérité au peuple ! Pourquoi il faut forcément avoir des agréments pour gérer des parcs avant de dire ce qu’on pense de ce qui se passe là ? Vous pensez avec nous que ce qui se passe est bien ? Et que, dans les foyers, un père ne peut plus saluer son fils et qu’un fils ne peut plus saluer son père, à cause de la politique qui se mène ? Le mensonge partout, la mentalité qui change ? Non, il y a beaucoup d’autres raisons ! La raison qui concerne les affaires de véhicules d’occasion ne fait même pas partie des raisons qui nous ont poussé à prendre la position que nous adoptons, que nous défendons aujourd’hui. La preuve, les pistes. Quand nous prenons le cas de la route, de la piste qui passe de Glazoué à Aklamkpa, elle ne fait que 32 kms, vous ne pouvez pas la pratiquer en ce moment. En même temps, on construit des passages surélevés à Cotonou. Il n’y a aucun programme qui s’exerce ! Nous pensons que ce n’est pas de cette manière qu’il faut gérer un pays. Et, nous avons, tout le temps, voulu reprocher ces manières de gérer le pays, qui ne correspondent pas à la réalité, au Chef de l’Etat mais, il n’a jamais voulu nous comprendre. C’est de cela qu’il s’agit, il ne s’agit pas de véhicules d’occasion !

Monsieur l’Honorable, certaines affirmations laissent croire actuellement que les Députés du G13 seraient en train de démarcher Abdoulaye Bio Tchané, Président de la Banque ouest-africaine de développement (Boad), pour incarner une candidature présidentielle en 2011, afin d’affronter avec succès l’actuel Chef de l’Etat …

Moi, je ne sais pas s’il y a des membres du G13 qui démarchent Monsieur Bio Tchané pour être Président en 2011. Non, moi, je ne crois pas que cette information soit vraie ; je n’en sais pratiquement rien et, je ne peux rien vous dire par rapport à cela.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo
(Journal Le Mutateur, paraissant à Cotonou au Bénin)

jeudi 27 novembre 2008

Séminaire politique des Alliances G4, G13 et Force Clé

Antoine Idji Kolawolé met les pendules à l’heure

A quelques heures de la tenue à Bohicon, les 28 et 29 novembre 2008, du Séminaire conjoint organisé par les Alliances G4, G13 et Force Clé, M. Antoine Idji Kolawolé, Président du Comité préparatoire de ces assises, a accepté d’accorder une interview au Journal Le Mutateur, pour se prononcer sur cette rencontre et sur quelques autres sujets brûlants de l’actualité politique nationale au Bénin.

Le Mutateur : M. Antoine Idji Kolawolé, vous êtes le Président du Comité préparatoire du Séminaire qu’organisent les trois alliances G4, G13 et Force Clé, pour les 28 et 29 novembre prochains à Bohicon. Qu’est-ce qui sous-tend une telle initiative ?

Antoine Idji Kolawolé : Je voudrais préciser simplement que le G4, le G13 et Force Clé ont décidé d’organiser les 28 et 29 novembre 2008 à Bohicon un Séminaire, ensemble, pour réfléchir à la situation actuelle de notre pays, dans cette Afrique en crise, dans ce monde en crise. Il est apparu nécessaire aux animateurs de ces forces politiques de se retrouver et d’échanger pour trouver des solutions aux problèmes du Bénin, pour faire en sorte que le Bénin vive en paix, que les Béninois vivent mieux et que le pays continue d’avancer. Voilà ce que nous voulons faire les 28 et 29 novembre à Bohicon.

Quels sont les problèmes spécifiques du Bénin aujourd’hui ?

Vous savez, les problèmes du Bénin sont très nombreux et, je n’ai pas besoin de vous faire un dessin pour que vous puissiez les voir. Nous sommes dans des crises multiples : nous avons une crise politique, nous avons des institutions qui pourraient mieux fonctionner mais qui ne fonctionnent pas autant que nous le souhaitons. A côté de la crise politique, nous avons une crise économique, nous avons la vie chère, comme vous le constatez chaque jour vous-même, nous avons une crise sociale, nous avons une grande défiance des travailleurs et de leurs syndicats à l’égard peut-être même de l’ensemble du personnel politique, certainement à l’égard du pouvoir ; nous avons toutes ces crises-là qui font que les responsables à tous les niveaux sont, aujourd’hui, je le crois profondément, inquiets, inquiets sur la situation du pays, sur sa stabilité et sur la paix.

Ce Séminaire risque de chevaucher avec une autre activité qu’a prévue le Président de la République, un dialogue politique avec tous les partis politiques. Est-ce que vous allez y participer ?

Vous me posez là une très belle question. Nous avons appris, depuis quelques jours, que le Chef de l’Etat souhaitait convoquer une Conférence, un Forum de dialogue national pour les 27 et 28 novembre. Nous, nous avons prévu, depuis près de deux mois maintenant, de tenir notre Séminaire pour les 28 et 29 novembre. Il y a donc un chevauchement extraordinaire, malencontreux mais, nous, nous avons pris toutes les dispositions matérielles et logistiques, depuis plusieurs semaines ; il ne nous est pas possible de revenir sur les dates que nous avons arrêtées. C’est vrai que nous avons demandé au Chef de l’Etat à lui parler, à dialoguer avec lui, nous sommes pour le dialogue. Mais, si nous avions été consultés, nous aurions certainement recommandé d’autres dates au Chef de l’Etat ; c’est d’ailleurs ce que nous sommes en train de faire parce que nous ne pouvons pas être là aux dates qu’il a indiquées. Nous souhaitons que, si nous devons rencontrer le Chef de l’Etat et, nous voulons le rencontrer, que nous puissions préparer cela mûrement et que nous puissions aborder toutes les questions qui nous intéressent, de façon concertée et de façon sérieuse, parce que nous ne voulons pas que cette rencontre avec le Chef de l’Etat soit un fiasco, nous voulons plus de résultats qu’au cours du Forum sur la vie chère, nous voulons plus de résultats qu’au cours du Forum sur la gouvernance concertée. Il y a eu ces fora mais, je ne sais pas si, aujourd’hui, on peut dire que la gouvernance est plus concertée, je ne sais pas si, aujourd’hui, on peut dire que la vie est moins chère au Bénin. Nous voulons donc que le dialogue que nous souhaitons réellement avec le Chef de l’Etat puisse apporter des solutions réelles, réelles.

Quels sont les rapports du Madep* aujourd’hui avec le Gouvernement ? Deux de ses membres ont été nommés au Gouvernement. Le Madep a réagi tout en dégageant toute responsabilité dans cette nomination. Est-ce que vos rapports avec le Gouvernement se sont améliorés depuis ?

Nous avons effectivement deux personnalités du Madep qui sont allées au Gouvernement. Vous avez suivi le Madep dans son évolution à l’intérieur du G4, dans son évolution dans les regroupements G13, G4 et de Force Clé, le Madep est signataire de la lettre qui a été adressée au Chef de l’Etat pour lui dire que les conditions n’étaient pas remplies pour faire partie du Gouvernement ; vous avez suivi cette lettre. Et, malgré cet avis, nos deux collègues sont allés dans le Gouvernement. Le Madep a diffusé, publié partout un communiqué pour dire que ces deux camarades qui sont allés dans le Gouvernement, contrairement à l’avis de leur parti, y sont allés de leur propre chef, qu’ils n’y représentent pas le parti et que le Madep reste fidèle à sa ligne, reste fidèle à la ligne définie au sein du G4, du G13 et de Force Clé. Voilà ce que je peux vous dire ; nos rapports sont ceux-là avec le Gouvernement, ce sont les mêmes rapports qu’avec les autres membres du G4, du G13 et de Force Clé.

Le Président de la République a signé, la semaine dernière, le Décret de mise en application de la loi portant statut de l’Opposition. Pour vous, est-ce une avancée ?

Oui, tout à fait, c’est une avancée. Vous savez que, dans certains pays, faire de l’opposition est assimilé à un crime. Notre pays a adopté, en 2002, la Loi portant Statut de l’Opposition, il n’y avait pas de Décret d’application jusque-là. Il y en a un aujourd’hui, je n’ai pas reçu encore ce texte de loi, j’espère pouvoir l’avoir dans les jours qui viennent, je pense donc pouvoir dire que c’est une avancée… Nous avons encore besoin de beaucoup d’autres avancées pour la démocratie dans notre pays ; il ne suffit pas qu’il y ait une loi portant Statut de l’Opposition et qu’il y ait un Décret d’application ; il faut encore que, par la pratique politique concrète et quotidienne, nous renforcions la démocratie dans notre pays. Et, la démocratie a besoin véritablement d’être consolidée et renforcée au Bénin ; vous voyez ce que sont les institutions aujourd’hui, comment elles fonctionnent ou comment elles ne fonctionnent pas. Je suis Député à l’Assemblée Nationale et, je peux vous dire que l’état de fonctionnement de l’Assemblée Nationale aujourd’hui n’est pas satisfaisant.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo.

* Madep : Mouvement Africain pour la Démocratie et le Progrès.